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Climat : les stratégies envisageables dans les Combrailles

Dans les Combrailles, au Nord-Ouest du Puy-de-Dôme, il est possible de jouer sur le tryptique herbe, maïs et céréales à paille pour faire face aux évolutions du climat. Diversifier ressources et dates de récolte est une nécessité pour ne pas mettre « tous ses œufs dans le même panier ».

« Sur le terrain, les éleveurs sont très, très demandeurs d’informations sur les conséquences liées aux évolutions du climat pour leur système fourrager. Ils veulent des données locales pour bien appréhender ce qui les attend », explique Stéphane Violleau, conseiller fourrages à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Et de préciser que d’un élevage à l’autre, même s’ils sont géographiquement proches, les possibilités d’adaptation ne sont pas identiques. Une analyse des grandes évolutions à l’horizon 2050 a été réalisée pour le secteur de Saint-Gervais d’Auvergne, une zone herbagère de demi-montagne (environ 700 mètres d’altitude) située dans le Nord-Ouest de ce département aux confins de la Creuse et de l’Allier. Une petite région agricole où l’élevage de bovins allaitants est la production dominante. « Pour la gestion du pâturage, on s’oriente très clairement vers une plus grande précocité de dates de mise à l’herbe », indique Stéphane Violleau. Cette évolution découle de la plus grande précocité de départ en végétation. Et de souligner que sur ce secteur géographique le nombre de jours de gel passerait d’environ 70 à une cinquantaine. Pour autant, l’éventualité de gels tardifs fin avril ne pourra être exclue avec des gelées dont l’impact pourrait être d’autant plus lourd de conséquences que le redémarrage de la végétation a été précoce. De même, canicules et sécheresses pourront être plus ou moins intenses et surtout, ce qui est vrai une année ne le sera pas forcément la suivante.

Cas de l’herbe

Mais pour l’herbe, la période clé sera encore et toujours le printemps. Optimiser à cette saison la gestion du pâturage de façon à ne pas faire de gaspillage sur pied en cherchant au contraire à conforter les stocks doit demeurer une priorité. Qu’il s’agisse d’ensilage ou de foin, les dates de fauche seront-elles aussi plus précoces. Pour les prairies temporaires certaines espèces (fétuques, dactyles, luzernes…) seront, selon la nature du sol, plus performantes que d’autres pour faire face à des périodes de sécheresse et de canicule plus longues et plus fréquentes. Au sein d’une même espèce, certaines variétés peuvent aussi faire la différence. Attention toutefois à l’évolution des conditions d’implantation pour ces prairies avec des printemps annoncés plus secs et des automnes plus humides. Pour le semis, certaines pratiques (semis sous couvert de méteil ou de céréales) pourraient être amenées à prendre de l’importance. Pour les prairies permanentes, majoritaires sur cette zone, Stéphane Violleau souligne l’importance de redéfinir si besoin, l’ordre de passage des lots compte tenu de leur plus ou moins grande précocité liée à leur exposition, à la réserve utile du sol ou à l’existence de prairies de fond mieux à même de résister au manque de précipitations.

La clémence annoncée des automnes pourrait ensuite conduire à prolonger la saison de pâturage. Le fait d’avoir en fin de saison des lots assez peu exigeants pour la qualité des fourrages pâturés de par leur stade physiologique (vaches en fin de gestation plutôt que vaches suitées en début de lactation) facilitera cette utilisation dans la mesure où cette herbe pâturée tardivement n’aura pas la même valeur alimentaire que celle poussant au cœur du printemps.

L’allongement de la période de végétation tant au début du printemps qu’à la fin de l’automne pourra également se traduire par des dates de récolte de l’herbe à la fois plus précoces au printemps ou au contraire plus tardives à l’automne avec alors des fenêtres d’intervention limitées dans le temps, pour lesquelles l’enrubannage sera une pratique incontournable. « Les besoins seront peut-être moins importants en hiver compte tenu de l’allongement de la saison de pâturage, mais devront être compensés par la constitution de stocks aisés à distribuer en pâture », ajoute Stéphane Violleau.

Cas du maïs ensilage

Même si dans les Combrailles le maïs ensilage n’est pas systématiquement présent dans toutes les exploitations, beaucoup d’éleveurs s’interrogent sur le devenir de ce fourrage. Faut-il arrêter ? Faut-il continuer ? Ou troisième possibilité faut-il accroître les superficies qui lui sont consacrées ? « Sur cette zone de demi-montagne, on assiste à une forte progression des sommes de températures », souligne Stéphane Violleau. Cela s’est traduit pour des variétés de précocité équivalente par un avancement des dates de récolte. « Des éleveurs me disent régulièrement que lors des premières éditions du Sommet de l’élevage, il y a 25 ans, ce salon qui avait déjà lieu la première semaine d’octobre marquait le début de la période des chantiers d’ensilage. Désormais la semaine du Sommet est synonyme de la fin des chantiers. » L’évolution des sommes de température laisse percevoir de nouvelles possibilités pour le choix des indices de précocité. Dans ces zones de semi-montagne où les chances d’avoir des pluies orageuses en été sont globalement plus fréquentes qu’en plaine, faut-il miser sur des variétés plus tardives de façon à gagner sur le rendement ? Faut-il miser sur le maïs grain ou l’ensilage de maïs épis pour une partie de la récolte en obtenant un produit plus concentré en énergie qui pourrait être associé à de la luzerne avec à la clé une ration de finition qui irait dans le sens d’une plus grande autonomie protéique ? Le choix peut aussi être de continuer à donner priorité à des variétés précoces en misant sur une date de récolte de l’ensilage plante entière elle aussi plus précoce offrant derrière davantage de souplesse pour implanter la culture suivante (prairie, céréale, méteil…). Pour limiter les risques, la solution est peut-être de panacher à la fois le nombre parcelles et les gammes de précocité. « Deux ou trois parcelles semées avec des variétés de précocité différentes offrent peut-être davantage de sécurité pour parer aux aléas du climat qu’une seule parcelle semée le même jour avec la même variété. »

Céréales à paille

« Pour les céréales à paille, la problématique la plus à craindre concernera l’échaudage en fin de printemps », avertit Stéphane Violleau. Elle interroge sur le choix des espèces utilisées et la possibilité d’utiliser -un peu comme pour le maïs- des gammes de précocité différentes. « On peut envisager le recours à des variétés plus tardives en zone de montagne pour limiter les risques liés au gel tardif de printemps et des variétés plus précoces en zones basses ou très séchantes, pour limiter les risques liés à l’échaudage. »

Déjà de plus en plus utilisés, les méteils devraient conforter leur présence de par leurs multiples possibilités d’utilisation (ensilage, enrubannage, grain) dans la mesure où l’essentiel de la croissance active de leur végétation se déroule à une période où la disponibilité en eau ne serait globalement pas un facteur limitant. « Comme me le répètent souvent les éleveurs, souligne Stéphane Violleau, le pire, c’est de ne pas s’adapter ! » et le dicton bien connu qui veut que l’on gagne « à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » sera plus que jamais une nécessité !

François d’Alteroche

Zoom sur Marcenat dans le nord Cantal

Situé sur le Cézallier aux confins du Cantal et du Puy-de-Dôme, Marcenat est à un peu plus de 1 000 mètres d’altitude. C’est actuellement une zone quasi exclusivement consacrée aux herbages avec des prairies permanentes réservées à la fauche dans les zones basses et de vastes estives sur les hauteurs. Les projections météorologiques ne font pas état d’évolutions sensibles pour le niveau global des précipitations. Elles resteraient proches de 1 150 mm avec davantage de pluie à l’automne, moins au printemps et davantage d’évapotranspiration à la belle saison, conséquence d’un été nettement plus chaud. Comparativement à 2000, il y aurait près de 40 jours de gel en moins en 2050, sans exclure les gels tardifs au printemps. Le redémarrage printanier de la végétation sera là aussi plus précoce — en moyenne 13 jours — avec un prolongement possible du pâturage d’arrière-saison. Et la culture du maïs ne deviendrait plus forcément une utopie, même à 1 000 mètres d’altitude !

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