Vers une résistance génétique au parasitisme avec le projet Tepacap
Face à l’émergence de la multirésistance des strongles gastro-intestinaux aux anthelminthiques, l’organisme de sélection Capgènes explore la possibilité d’exploiter la génétique.
Le parasitisme gastro-intestinal est responsable de pertes économiques importantes, et peut susciter des réticences à sortir ses chèvres à l’extérieur. Le projet Tepacap (travaux exploratoires sur le parasitisme en caprins), financé par Apis-Gene et porté par l’organisme de sélection Capgenes, a émergé en 2020 avec pour objectif d’étudier la résistance des boucs d’IA [insémination animale] au parasitisme. Ce travail est bien avancé en races ovines laitières des Pyrénées-Atlantiques, où les béliers résistants sont déjà utilisés dans le schéma de sélection. Le projet Tepacap s’en inspire pour mettre en place un protocole de test des boucs. « Celui-ci consiste en deux infestations successives, permettant de révéler l’immunité innée et acquise des animaux. 28 jours après chacune des infestations, le taux d’excrétion d’œufs dans les fèces et le taux d’hémoglobine sont mesurés, témoignant respectivement de la résistance et de la résilience des animaux au parasitisme », explique Virginie Clément de l’Institut de l’élevage. En trois ans, cette expérimentation a permis de tester 156 boucs saanens et alpins répartis en dix lots.
La résistance aux parasites gastro-intestinaux varie en fonction des chèvres
« La résistance présente une grande variabilité entre les animaux testés, particulièrement lors de la seconde infestation. C’est une bonne nouvelle pour la sélection car cela signifie que le potentiel d’amélioration génétique est grand ! » se réjouit Virginie Clément. Les résultats révèlent une sensibilité accrue des boucs alpins par rapport aux saanens et les adultes seraient plus résistants que les jeunes malgré une meilleure récupération de ces derniers. Ils suggèrent également une immunité acquise.
Les filles héritent en partie de la résistance de leur père
Les filles des boucs d’IA ont, elles aussi, été testées. Leur infestation, contrairement à celle de leur père en milieu contrôlé, est naturelle. Virginie Clément modère la portée des résultats : « Seules les données de 80 chèvres ont pu être exploitées, ce qui est un effectif modeste. » L’analyse de leur résistance permet d’évaluer le taux d’héritabilité de ce caractère. Celui-ci, compris entre 0,2 et 0,5, est relativement faible mais sans doute suffisant à la sélection car similaire à celui observé en ovin. « Ces résultats encourageants nécessitent d’être confirmés par de nouvelles données sur des effectifs plus importants. » En attendant la poursuite des recherches françaises, des études à l’étranger, telles que celle menée en Nouvelle-Zélande par AgResearch depuis six ans, confirme un faible taux d’héritabilité. Elle révèle également une corrélation génétique négative entre la résistance et la production laitière, ce qui constitue une perspective moins favorable.