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Parasitisme
Une valise en test pour compter les parasites des chèvres

En région Centre-Val de Loire, le projet Mapacap cherche à réduire les traitements antiparasitaires en ciblant les chèvres les plus touchées. De nouvelles méthodes de comptage des œufs sont testées en laboratoire comme en ferme.

Une valise à la main, Vincent Lictevout de Touraine conseil élevage vient sur le terrain tester le kit FecPak de numération des œufs de parasites. Dans le cadre du projet Mapacap cofinancé par l’Europe et la région Centre Val de Loire, il cherche à déterminer des méthodes alternatives de gestion du parasitisme dans les élevages caprins pâturant. Dans la valise, des pipettes, des éprouvettes et une sorte d’appareil qui photographie une lame de microscope. Une crotte est prélevée directement sur la chèvre, diluée, puis après une petite demi-heure de manipulation minutieuse et d’attente de décantation, l’appareil prend la photo qui est envoyée par internet à un laboratoire au Pays de Galle. « Le temps de nettoyer et ranger les éprouvettes, on a déjà les résultats du nombre d’œufs par gramme », apprécie le conseiller caprin qui précise que les résultats arrivent en moins d’une heure, même le week-end.

Des résultats rapides pour une intervention ciblée

La coûteuse valise (900 € + environ 4 € par analyse) est actuellement testée par des éleveurs de la région Centre Val de Loire qui évaluent la praticité et la faisabilité de la manipulation. Pour Thibaut Gourinel, éleveur pâturant de 130 chèvres alpines en Indre-et-Loire, c’est un vrai gain de temps et de précision. « Nous passions beaucoup de temps à suivre le troupeau, traiter, envoyer les échantillons et attendre les résultats qui arrivaient souvent un peu tard. Nous faisions les coprologies sur des périodes bien précises, avec peu de souplesse d’organisation. Le projet Mapacap, auquel j’adhère depuis un an, a réuni beaucoup de monde autour de cette problématique, il y a beaucoup de résultats, de données, on sent qu’on progresse plus vite. Avec cet outil, on gagne en précision au niveau de l’animal et du cycle parasitaire ». Par contre, l’éleveur est plus sceptique sur l’utilisation de l’outil par l’éleveur. « En pratique, c’est vraiment compliqué. J’ai déjà essayé mais il faut être très précis sur les dilutions et les techniciens sont plus performants pour faire la manipulation. »

Automatisation de la coprologie

Les traitements anthelminthiques individuels deviennent une nécessité avec des produits qui imposent un délai d’attente du lait de plus d’une semaine. « Un fromager fermier obligé de jeter trois litres de lait valorisés à deux euros pendant neuf jours gagne à faire des coprologies individuelles à une dizaine d’euros pour ne traiter que les chèvres réellement infectées », calcule Vincent Lictevout en caressant sa longue barbe.

Mais pour cela, il faut que le laboratoire d’analyse suive la cadence. Dans le cadre de Mapacap, les recherches se concentrent aussi au Laboratoire de Touraine/Inovalys qui a acquis de nouveaux matériels pour automatiser la coprologie et gagner du temps. Un bon technicien ne peut actuellement ne faire que six coprologies par heure. « L’étape la plus chronophage est de compter un par un tous les œufs et reconnaître les espèces de parasites, explique Jérôme Breton-Cazaux, le chef du service santé animale. En accélérant les manipulations ou en automatisant certaines étapes de la coprologie, nous espérons pouvoir faire des séries plus importantes et à des coûts moindres ».

Pas de relation observée avec le lait ou l’état corporel

En parallèle, le projet Mapacap étudie avec l’école vétérinaire de Nantes (Oniris), la possibilité de simuler informatiquement la croissance des strongles gastro-intestinaux dans les pâtures. En croisant la conduite de pâturage et les données météorologiques, il serait possible d’avoir une idée des moments où le risque d’infestation est le plus élevé. Ce dispositif existe déjà en bovin avec l’outil de simulation Parasit’Sim. « En attendant son développement en caprin, nous profitons des coprologies régulièrement réalisées chez une dizaine d’éleveurs sentinelles de la région pour alerter nos adhérents sur les risques parasitaires du moment », commente Vincent Lictevout.

Touraine conseil élevage a aussi cherché, hélas sans succès, à repérer les animaux à traiter en analysant finement le lait avec la spectrométrie au moyen infrarouge. « Dans les élevages, nous avons essayé de lier les résultats de coprologie individuelle des chèvres avec d’autres signes extérieurs », décrit Vincent Lictevout. Là non plus, aucun lien significatif n’a été démontré entre l’excrétion d’œufs et l’état corporel, la saleté de l’arrière-train, la consistance des crottes, la couleur des yeux (test Famacha) ou les résultats de contrôles laitiers.

Essai de traitements alternatifs

L’autre volet du projet Mapacap visait à tester l’efficacité des produits à base de plante contre les parasites. « Le fait de pouvoir multiplier les tests et d’être plus souple sur les coprologies permet de faire des essais de traitements alternatifs à l’Eprinex, explique Thibaut Gourinel. J’ai par exemple fait des cures d’ail, j’ai fait des essais avec le sainfoin pour les tanins. Et Mapacap a aussi un intérêt pour les laboratoires qui peuvent tester leurs antiparasitaires sur nos élevages avec des retours d’expérience rapides ». L’Inrae de Nouzilly a d’abord évalué in vitro l’action de produits à base de plantes (ail, tanaisie, sainfoin…) sur la mobilité des strongles, leur capacité à pondre et le développement larvaire. Si certains produits ont montré des résultats en laboratoire, ils n’ont, pour l’instant, rien donné de concluants sur les chèvres de l’unité expérimentale Inrae de Bourges ni sur celles des fermes partenaires.

 

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