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Un service pour résoudre les problèmes de traite

L’assistance traite permet d’accompagner un éleveur pendant une traite pour identifier d’éventuels défauts de pratiques ou de matériels pouvant avoir des répercussions sur la santé mammaire et la qualité du lait.

Erick Veillon élève 240 chèvres à Chantecorps, dans les Deux-Sèvres. Il y a quelques mois, il a fait rajouter deux postes supplémentaires dans sa salle de traite. Il a remarqué par ailleurs que son taux de cellules est un peu élevé. Ce matin, il reçoit la visite d’un conseiller du contrôle laitier pour une assistance traite. Ce service peut être proposé en curatif pour résoudre un problème de qualité du lait ou améliorer la gestion et le déroulement de la traite. Mais il est également intéressant en préventif, en cas de changement de salle de traite ou de matériel par exemple.

« Surtout, faites comme si je n’étais pas là » indique Rémi Couvet, conseiller à Deux-Sèvres Conseil élevage. L’objectif est d’assister à une traite « normale » où l’éleveur fait comme à son habitude afin de repérer d’éventuels défauts ou problèmes. Pour cela, il est important que toutes les personnes participant à la traite de manière régulière soient présentes. Le conseiller devra rester pendant toute la durée de traite car les observations ne seront pas les mêmes sur les différents lots, notamment s’ils sont à différents stades de lactation.

Repérer les anneaux de compression

Équipé d’une grille, il va observer et noter tout au long de la traite un certain nombre de paramètres. Pour chaque lot, l’heure de début et fin de la traite, le type d’animaux présents et leur nombre sont enregistrés. Il passe ensuite en revue l’ensemble des mamelles pour repérer d’éventuels défauts et noter la proportion de mamelles à kystes, déséquilibrées ou présentant des maladies cutanées ou lésions. Les mamelles avec kyste peuvent résulter de surtraites à répétition et, comme elles empêchent de bien placer le manchon, le phénomène risque de s’amplifier de lui-même. « Je vérifie notamment si les trayons ne sont pas congestionnés et si les mamelles ne présentent pas d’anneaux de compression après la traite, ce qui pourrait révéler une surtraite ou un niveau de vide trop élevé », explique le conseiller.

Le conseiller observe justement le déroulement de la traite et l’occurrence d’éventuels incidents ainsi que les manipulations de l’éleveur. « Parfois, sur les salles de traites lignes hautes, on peut rencontrer des phénomènes d’engorgement du lait qui peuvent être à l’origine de contaminations entre les trayons. On pourra dans ce cas repérer que le trayon est humide. Dans les salles de traite sans décrochage, les éleveurs peuvent avoir tendance à tirer sur les trayons pour débrancher, ce qui n’est pas souhaitable. » Le conseiller vérifie aussi l’état des manchons en passant un doigt à l’intérieur.

Le comportement et la nervosité à l’origine d’incidents de traite

Enfin, l’organisation de la traite est observée ainsi que la circulation des animaux et leur montée en salle de traite. Ici, le travail est généralement fait à deux et pendant que l’un reste en salle de traite l’autre envoie et renferme les lots, ce qui permet d’éviter les pertes de temps. Seul un petit lot de chèvres vient d’un autre bâtiment et doit traverser la cour pour arriver en salle de traite. Cela contribue à rallonger le temps de traite et à salir la mamelle de ces animaux. Au total, la traite prend deux heures avec le nettoyage. Il faut aussi observer le comportement des animaux, leur état de nervosité, car cela peut être à l’origine d’incidents de traite, de même que la nervosité de l’éleveur.

Quelques numéros de chèvres à problèmes sont relevés afin de pouvoir regarder leurs résultats au contrôle laitier après la traite. Après vérification, la chèvre notée avec un abcès a effectivement énormément de cellules. « Il faut arrêter de la traire dès ce soir ! » Une autre présentant un kyste a par contre une bonne production laitière et pas de cellules. « Cela révèle probablement un problème passé dont elle garde juste une cicatrice. » Une dernière a été notée car elle était longue à traire. « Il pourrait être tentant de s’en débarrasser car elle rallonge la traite mais ce temps long est la conséquence d’un sphincter bien fermé qui la préserve des cellules. »

On peut facilement prendre de mauvaises habitudes

La phase d’observation terminée, suit un temps de discussion et de recommandations avec l’éleveur. Le bilan ici est plutôt positif. « La troupe a globalement des mamelles de bonne qualité, avec moins de 10 % de déséquilibres ou d’abcès et l’éleveur a peu de défauts de traite, type égouttage, repasse ou massage qui font perdre du temps pour rien et sont les premières causes de détériorations des barrières naturelles de la mamelle. Les réglages du niveau de vide et du nombre de pulsations de la machine à traire sont bons, ce qui fait que les trayons marquent peu. Enfin l’organisation du travail à deux est bonne et permet d’envoyer les lots très rapidement. »

Le principal défaut ici serait un peu de surtraite. « Il faudra donc être particulièrement vigilant en fin de lactation. La tendance est plus marquée chez les multipares dont les mamelles et la production sont plus hétérogènes et qui demanderont un peu plus de temps à brancher et débrancher ». On observe aussi des entrées d’air et chutes de faisceaux. Le risque est que ces entrées d’air occasionnent des remontées de lait avec contaminations et entraînent des fluctuations du niveau de vide. « Ce problème est en partie dû au matériel et pourrait être résolu par l’ajout de ficelles pour soutenir les griffes qui sont portées entièrement par la mamelle pour le moment ». La troisième recommandation formulée serait de changer tous les manchons en même temps afin d’avoir sur tous les postes les mêmes manchons au même niveau d’usure. « Les chèvres n’aiment pas le changement, l’idéal est qu’elles aient le même matériel quel que soit le poste où elles vont se faire traire. Les faisceaux doivent être changés régulièrement, environ tous les ans pour le caoutchouc et tous les deux ans pour le silicone, car l’utilisation, les lavages, l’eau très chaude les usent et occasionnent des coupures ». Dernier conseil formulé concernant l’organisation : réformer une dizaine de bêtes afin de pouvoir rassembler dans le même bâtiment le lot de chèvres qui se trouve éloigné.

« C’est toujours intéressant de se remettre en question, commente l’éleveur. Je trais depuis mes 16 ans - j’en ai aujourd’hui 49 - et j’ai trait lorsque j’étais salarié jusqu’à 1 200 chèvres. Mais l’expérience n’empêche pas de toujours pouvoir apprendre de nouvelles techniques et d'éviter des gestes inappropriés. C’est comme pour la conduite automobile, on peut facilement prendre de mauvaises habitudes. »

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