Un niveau cellulaire maintenu à bas niveau
Des éleveurs Rhônalpins ont maintenu leur niveau moyen de cellules en soignant le tarissement, la réforme et l’hygiène générale du troupeau.
Dix-huit éleveurs d’Auvergne-Rhône-Alpes ont maintenu leurs résultats moyens à 1,2 million de cellules depuis 2011. Quand on les interroge sur les cellules, ces éleveurs ne font pas l’inventaire de toutes les mesures qu’ils ont mises en place pour éviter les infections mammaires. Ils évoquent plutôt une attention permanente portée à la santé de leur troupeau. « Pour moi les cellules, c’est un tout », affirme Christine, éleveuse dans la Drôme. Comme les 17 autres éleveurs enquêtés dans le cadre de travaux conduits depuis 2018, Christine aborde la thématique des cellules avec le sourire. Entre 2011 et 2016, elle a amélioré ses résultats de 500 000 cellules ! Son secret ? Intégrer la gestion des cellules dans la conduite globale de son élevage.
Ambiance du bâtiment et conditions d’élevage
Pour les producteurs enquêtés, surveillance, hygiène et confort sont les trois mots d’ordre pour maintenir un troupeau en pleine santé. Grâce à ces principes, Jean a réussi à se maintenir en moyenne à un million de cellules depuis 2011. Il revient sur l’importance de respecter le confort de ses chèvres : « une bonne ambiance du bâtiment, je pense que ça joue sur la santé des animaux et, indirectement ou directement, sur les cellules. S’il n’y a pas de bonnes conditions d’élevage, c’est plus dur et cela concerne aussi le bien-être de nos chèvres. »
Nathalie, une autre productrice drômoise, a tout naturellement intégré la gestion des cellules dans ses pratiques quotidiennes. « Notre gestion des cellules est naturelle. C’est la base de notre métier de produire du lait de qualité. Si on arrive à faire en sorte que l’animal aille bien, le reste suivra. »
D’abord redémarrer la lactation avec un troupeau sain
« Le tarissement est super important, explique Nadine qui en a fait une étape clé dans la maîtrise des concentrations cellulaires. C’est là que l’on prépare la lactation suivante. Le déroulement et la méthode de tarissement jouent beaucoup ». Elle permet d’assainir la mamelle naturellement, et ainsi, de faire régresser les cellules, à condition de respecter les 60 jours de tarissement. Pour préparer le troupeau au tarissement, les éleveurs pratiquent une transition alimentaire. Ils diminuent les apports azotés et aident ainsi les chèvres à s’adapter à l’arrêt de la traite.
Les producteurs profitent également de cette période pour réformer les animaux les plus infectés qui n’assurent plus une production convenable. Ils choisissent ensuite leurs reproducteurs en fonction de leur état corporel et de la conformation de la mamelle. L’introduction d’un lot de chevrettes saines dans le troupeau va permettre de diminuer la moyenne cellulaire. Enfin, pour ne pas déstabiliser le microbisme de leur troupeau, les éleveurs limitent les entrées d’animaux et privilégient l’insémination artificielle. « Aucun animal n’est jamais rentré sur mon exploitation », déclare ainsi Pierre.
Ils ont amélioré leurs résultats cellulaires !
Un recul de 850 000 cellules en 5 ans ! Concernée par la problématique « cellules », Nadine, éleveuse enquêtée, travaille depuis quelques années à améliorer ses résultats. Après avoir suivi une formation proposée par sa laiterie, elle a décidé de mettre en place des lots de traite dans son élevage en fonction de l’âge et du statut infectieux de ses chèvres. « J’ai fait un stage sur les cellules. Suite à cela, j’ai refait mon allotement en mettant les jeunes ensemble, puis les secondes lactations avec les chèvres saines et tout le reste dans un troisième lot ». Grâce à la mise en place de cette pratique, associée à une bonne conduite générale de son troupeau, Nadine a vu ses résultats s’améliorer de 850 000 cellules. « C’est vrai que d’avoir pu discuter avec d’autres producteurs de cette pratique, ça m’a rassuré parce que je ne pensais pas en être capable. Mais finalement c’est très facile une fois qu’on l’a fait et ça m’aide beaucoup dans mon quotidien aujourd’hui. »
Des mesures de maîtrise diverses
Comme Nadine, sept autres éleveurs ont vu leurs résultats cellulaires s’améliorer depuis 2011. Pas de recette unique, chacun d’entre eux a mis en place des pratiques spécifiques et adaptées au contexte de son élevage. C’est le cas d’un éleveur de la Drôme qui, suite aux échanges avec son technicien, a mis en place la désinfection des manchons au peroxyde associé au post-trempage dans son élevage. Il a ainsi amélioré ses résultats cellulaires de 500 000 cellules. « En 2015, j’ai lancé les trempages. Avant je ne le faisais pas et j’avais plus de problèmes de mammites. Avec les trempages, j’ai trouvé une façon de faire qui me va. Je l’ai adaptée à mes pratiques quotidiennes et aujourd’hui ça ne me dérange plus. » Parmi les autres pratiques utilisées pour limiter les infections mammaires, le travail sur les allotements et les ordres de traite sont les plus prisés. Ils permettent notamment d’éviter les contaminations et de préserver durablement la santé des chèvres saines.
L’appui technique, une aide précieuse
Depuis quelques années, des outils sont à la disposition des éleveurs pour les guider vers des solutions efficaces dans la maîtrise des cellules. Les huit éleveurs interrogés ont chacun mis à profit l’appui technique dont ils disposaient pour mettre en place une nouvelle méthode efficace. « Il faut savoir écouter les conseils sans se braquer. Il faut aussi s’approprier chaque nouvelle idée et y associer une notion de rentabilité. Après, bien sûr, il faut se lancer pour voir si la méthode nous convient », conclut Vincent.
Une situation qui se dégrade (sauf chez 50 éleveurs…)
Dans un contexte de dégradation générale des concentrations cellulaires dans le lait de chèvre, les travaux initiés depuis 2018 par le Criel Alpes Massif Central ont permis d’identifier une cinquantaine d’élevages caprins rhônalpins dont les profils d’évolution des résultats cellulaires ont paru particulièrement intéressants. 18 d’entre eux ont été enquêtés. Parmi eux, dix éleveurs ont réussi à maintenir une moyenne de 1,2 million de cellules depuis 2011, huit autres ont amélioré leurs résultats sur la période.
L’avis de Benjamin Deltour, directeur du GDS de la Drôme
" Veiller à la santé des chèvres "
" La prévention des problèmes sanitaires en élevage passe avant tout par le soin apporté à l’état de santé et au bien-être des animaux. La gestion des infections mammaires en élevage caprin, qui sont à l’origine de concentrations cellulaires élevées dans le lait, n’échappe pas à cette règle. Un plan de maîtrise des infections mammaires doit s’appuyer sur une alimentation équilibrée ainsi que sur des bases de confort et d’hygiène dans le logement des animaux (densité, ambiance du bâtiment, entretien de la litière…). En complément, une vigilance particulière doit être apportée à l’équilibre du microbisme de l’exploitation. Les achats d’animaux peuvent ainsi entraîner l’introduction de nouvelles maladies dont certaines d’entre elles favoriseront l’apparition d’infections mammaires (ex : ecthyma contagieux, maladie des abcès…). Si jamais ces aspects sont mal maîtrisés, les pratiques spécifiques de gestion des infections mammaires (ordre de traite, nettoyage et/désinfection des mamelles, réforme des animaux infectés…) risquent de ne pas donner tous les résultats attendus. "