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En Vendée
Un bâtiment robotisé et bien ventilé

Au Gaec Retailleau, l’augmentation du cheptel a amené les éleveurs à investir dans un robot d’alimentation Lely Vector et une ventilation dynamique VetSmartTubes.

Après avoir élevé des vaches laitières, Didier Retailleau et son fils et Romaric se sont spécialisés en chèvre en 2010 avec 540 chèvres. L’arrivée de la femme de Didier, Chrytel, en 2015 puis de leur fils, Édouard, en 2017, a entraîné l’augmentation du troupeau. En 2015, puis 2017, deux nefs sont venues s’ajouter à la nef d’origine pour accueillir 1 500 chèvres. Puis la décision a été prise d’investir dans un robot d’alimentation. « Avec 1 500 chèvres, 1 800 d’ici un an, 160 ha de SAU et 50 vaches allaitantes, nous nous sommes dit que si nous voulions rester à quatre, il fallait automatiser l’alimentation, explique Didier Retailleau. Notre choix s’est porté sur le Lely Vector qui nous a paru simple d’utilisation. » Un hangar a été construit près de la chèvrerie pour accueillir la « cuisine ». Les fourrages et minéraux y sont stockés puis chargés et mélangés dans le robot avant chaque distribution. Entre la cuisine et la chèvrerie, une aire bétonnée équipée de bandes métalliques qui guident le robot a été créée. « C’est nous qui l’avons réalisée, indique Édouard. Il fallait que la pente soit inférieure à 5 %. C’est aussi plus propre désormais. »

Trois heures de gagnées et moins de refus

À l’intérieur, le robot, qui peut charger 600 kg de mélange, se guide grâce à des capteurs ultrasons qui évaluent la distance aux cornadis. Le choix a été fait de distribuer trois repas par jour d’un mélange maïs ensilage (2,2 kg/j/ch), Rumiplus (300 g), enrubannage de luzerne (700 g), chèvres laitières (700 g), correcteur azoté (380 g) et blé aplati (200 g), avec de la paille à volonté. Entre deux distributions, le robot repasse, mesure la hauteur d’aliment restant grâce à un laser et décide s’il doit ou non en redistribuer. La cuisine est remplie deux fois par semaine, ce qui nécessite 1 h 30 de travail à chaque remplissage. « Nous avons gagné trois heures et demie par semaine, soulignent les éleveurs. Il a fallu un peu de temps pour caler les rations, mais les chèvres se sont vite habituées. » La production, de 1 080 l/chèvre, n’a pas évolué depuis l’arrivée du robot en mars 2018 mais les refus ont été fortement réduits. Alors qu’avec une distribution à la mélangeuse, il y avait 10 à 12 % de refus, donnés aux vaches allaitantes, les éleveurs ne retirent plus désormais que 100 kg de refus tous les trois jours, pour 6,5 tonnes distribuées chaque jour. « La qualité du mélange, le fait qu’il y ait toujours une ration fraîche et la multiplication du nombre de repas font qu’il y a moins de refus et que les performances sont meilleures » assure Thierry Jouanic, responsable marché du Lely Vector. S’y ajoute une économie d’énergie de 2 700 euros par an pour la préparation et la distribution de l’alimentation.

Les gaines de ventilation apportent de l’air frais

Une autre innovation a été l’installation d’une ventilation dynamique. « Avec l’accroissement de cheptel, nous avons élargi le bâtiment qui mesure désormais 45 m de large sur 90 m de long, précise Didier Retailleau. C’est trop large pour une ventilation naturelle. Il y avait des problèmes d’ammoniac et de litière humide. Notre technicien bâtiment nous a conseillé le système de ventilation VetSmartTubes, qui s’avérait aussi moins cher qu’un système à extraction. » Mis au point par des vétérinaires autrichiens du bureau d’études VetSmartTubes et fabriqué par Huesker, le système repose sur un ventilateur incorporé au mur extérieur qui aspire l’air frais et le pulse dans une gaine textile percée de trous. La puissance du ventilateur, le diamètre de la gaine, la taille et le nombre de trous sont déterminés par VetSmartTubes selon la taille du bâtiment et les besoins des animaux, de manière à assurer un apport suffisant d’air frais sans courant d’air. Le bâtiment mesurant 90 m de long, deux gaines par nefs ont été installées, chacune reliée à un ventilateur situé sur un pignon. L’air ressort au faîtage ou par les côtés équipés de volets mécaniques qui s’ouvrent plus ou moins selon la météo. Les six ventilateurs sont régulés par deux boîtiers de régulation liés à deux sondes de température (une sonde et un boîtier par pignon). « Nous avons fixé la consigne à 15-16 °C, explique Didier Retailleau. S’il fait moins de 10 °C, les ventilateurs tournent à 40 % de leur puissance. Au-dessus de 10 °C, la ventilation augmente progressivement jusqu’à atteindre 95 % à 25 °C. » L’installation pour le bâtiment de 1 600 places a coûté 28 000 euros, avec une garantie constructeur de 10 ans. « Depuis que nous avons ce système, on ne sent plus l’ammoniac dans le bâtiment, assure l’éleveur. Et même quand les ventilateurs fonctionnent à pleine puissance, on ne sent pas l’air et il n’y a pas de courant d’air sur les chèvres. »

Des investissements pour faciliter le travail et améliorer les performances

Panneaux photovoltaïques

1 950 m² de panneaux photovoltaïques ont été installés en 2016 sur l’exploitation par Solewa et SAS Vincent. Les deux sociétés ont cofinancé la construction d’un hangar à fourrages, nécessaire au développement de l’élevage, qui a accueilli 1 300 m² de panneaux. 650 m² de panneaux ont par ailleurs été installés sur la chèvrerie. Un droit d’entrée, payé en une fois, a été accordé au Gaec.

Alexandre Taillard, Huesker France

« Une solution pour les chèvres et les nurseries »

« Avec l’augmentation de taille des cheptels et les agrandissements de bâtiments, la ventilation naturelle n’est souvent plus suffisante. VetSmartTubes fonctionne en surpression et injecte quatre fois le volume d’air du bâtiment par heure. Il évacue ainsi l’ammoniac et l’humidité sans choc thermique. Si possible, nous installons le ventilateur au nord, pour aspirer de l’air frais. Une ouverture de 15 à 20 cm de large au faîtage est nécessaire pour l’évacuation, mais il est aussi possible d’installer une gaine d’extraction. Au départ, le système, conçu pour les bovins, ne prévoyait pas de régulation. Mais en chèvre, une régulation est nécessaire et toutes les gaines sont désormais vendues avec un régulateur. Le système est également très intéressant pour ventiler et chauffer les nurseries. En plus du dimensionnement de la gaine et du ventilateur, une étude est alors nécessaire pour dimensionner le caisson de chauffage et synchroniser la régulation du canon de chauffage et celle de la ventilation. »

Une nurserie ventilée et chauffée par la gaine de ventilation

Le Gaec la Louise-Anne a été le premier élevage à installer une ventilation VetSmartTubes pour ventiler et chauffer sa nurserie.

Spécialisé en chèvre depuis 2009 après avoir élevé des vaches laitières, le Gaec la Louise-Anne en Vendée gère aujourd’hui 900 chèvres. Jusqu’en 2016, les chevrettes étaient élevées dans une partie de l’ancienne stabulation des vaches. « Le bâtiment était divisé en deux salles, l’une chauffée et l’autre non, les chevrettes pouvant passer de l’une à l’autre, explique Philippe Praud, un des associés du Gaec. Mais nous n’arrivions pas à gérer l’hygrométrie dans la partie chauffée et le contraste entre la partie chaude et humide et la partie plus fraîche et sèche entraînait des problèmes pulmonaires. Nous avons décidé de rénover le bâtiment qui offrait de la place et du volume. Notre objectif était de ventiler et chauffer en même temps. La société Morisset nous a alors parlé du système VetSmartTubes, que nous avons installé en 2017. » Pour limiter les pertes de chaleur, le pignon nord a été isolé en panneaux sandwich, les autres côtés et le toit l’étant déjà. « L’objectif était que le bâtiment soit hermétique pour garder la chaleur et éviter les entrées d’air parasites qui pourraient perturber la ventilation » précise l’éleveur. Une gaine percée de trous conçue sur mesure a été installée au milieu du bâtiment. Elle est reliée à un ventilateur fixé au pignon nord, autour duquel les éleveurs ont créé un caisson en panneaux sandwich. Un canon à gaz y est installé pour chauffer l’air avant qu’il soit pulsé dans la nurserie.

Chauffer et assécher l’air

« Au départ, comme en bovin, le ventilateur tournait à pleine puissance. Et le canon fonctionnait à plein pour atteindre la consigne de 15-18 °C puis s’arrêtait. L’air était chauffé rapidement mais pas déshumidifié. Nous ventilions trop, avec un air parfois humide. En 2017, les chevrettes se sont enrhumées. En 2018, avec le conseiller de Huesker, nous avons donc revu le système. » Le ventilateur ne tourne plus désormais qu’entre 15 et 50 % de sa puissance. Le canon chauffe également moins fort mais plus longtemps, ce qui permet d’assécher l’air. Enfin, un volet a été installé sous le lanterneau pour limiter les courants d’air. « En 2018, l’ambiance a été bien meilleure, avec moins de variations. Les fumigènes d’huiles essentielles montrent que l’air se répartit de façon uniforme dans le bâtiment. Nous avons divisé notre consommation de gaz par deux. Et les chevrettes sont en meilleur état sanitaire et plus homogènes. » L’investissement pour la ventilation s’est élevé à 5 000 euros pour une nurserie de 18 m X 17 m.

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