Suffisamment de boucs pour assurer des résultats de reproduction satisfaisants sur chevrettes
Des suivis d’éleveurs caprins montrent de meilleurs résultats de fertilité sur chevrettes en séparant les mâles et avec un nombre suffisant de boucs par chevrettes.
Des suivis d’éleveurs caprins montrent de meilleurs résultats de fertilité sur chevrettes en séparant les mâles et avec un nombre suffisant de boucs par chevrettes.
L’optimisation de la conduite des jeunes et leur intégration dans le troupeau adulte sont un enjeu majeur pour les exploitations. Pour cela, la maîtrise de la première mise à la reproduction des chevrettes apparaît essentielle. Une action conduite sur les chevrettes par Inrae, Innoval, Saperfel-Eilyps Group, Institut de l’élevage et Capgènes* avait pour objectif de proposer des solutions pour assurer le renouvellement en valorisant mieux les chevrettes comme support de reproduction. Une enquête sur les pratiques de reproduction, les causes d’insatisfaction et les attentes a été diffusée en ligne au niveau national. 140 réponses ont permis de mieux comprendre les différentes stratégies des éleveurs.
La conduite des chevrettes est réalisée majoritairement en plusieurs lots (59 %), et la quasi-totalité des éleveurs répondants réallotent selon la croissance de leurs animaux. Un suivi de la croissance, par des pesées ou plus rarement par le tour de poitrine, n’est cependant pratiqué que dans la moitié des élevages. Cette faible proportion est expliquée par le fait que pour près d’un éleveur sur deux, la contention des chevrettes constitue une problématique.
Satisfactions différentes en fonction des saisons de reproduction
La quasi-totalité des chevrettes est mise à la reproduction en saillie naturelle. Dans l’enquête, un tiers des éleveurs indiquent n’avoir aucune préparation particulière pour la reproduction des chevrettes. Pour les élevages où les chevrettes sont désaisonnées, la moitié pratique un programme lumineux et 20 % ont recours à un programme hormonal.
Les éleveurs saisonnés se disent satisfaits de la fertilité. Les éleveurs ayant recours au désaisonnement se disent plus satisfaits de l’étalement que de la fertilité. L’étalement des mises bas des chevrettes varie entre moins d’un mois et plus de trois mois (74 % des exploitants indiquant que les mises bas s’étalent sur moins de 1,5 mois). Les éleveurs pour lesquels les mises bas s’étalent sur moins d’un mois sont pleinement satisfaits. Le pourcentage d’éleveurs insatisfaits croit avec l’augmentation de l’étalement de leurs mises bas.
Des leviers pour agir sur la fertilité et l’étalement des mises bas
Afin de mieux analyser les principales causes d’insatisfaction (la fertilité et l’étalement des mises bas), vingt élevages ont été suivis, soit plus de 2 800 chevrettes mises à la reproduction. La fertilité moyenne de ces lots était de 84,5 % (avec un minimum à 55 % et un maximum à 100 %) et l’étalement moyen de 58 jours (avec un minimum de 8 jours et un maximum de 149 jours). Pour mieux décrire les résultats, la fertilité sur mise bas a été présentée sur quatre cycles d’environ 20 jours (C1, C2, C3, C4), permettant de mieux visualiser l’étalement et à quel moment les chevrettes ont été fécondées après l’introduction du bouc.
Parmi les chevrettes n’ayant pas mis bas dans les 250 jours après l’introduction des boucs, on distingue celles dont la reproduction a été reportée sur la saison suivante (Décal) et celles restées vides au-delà de 400 jours (vides). La fertilité globale (cumulée sur les quatre cycles) est peu influencée par la saison de reproduction : 84 % sur les lots saisonnés contre 86 % sur les lots désaisonnés. L’étalement est différent selon la saison avec une meilleure réussite au premier cycle sur les lots désaisonnés (71 %) que chez les saisonnés (53 %).
Davantage de boucs en désaisonnement
Tous les éleveurs qui séparent les petits boucs dans un bâtiment différent des chevrettes le font plus de deux mois avant la reproduction. Chez les éleveurs qui appliquent une séparation, la fertilité du premier cycle est 18 points au-dessus des éleveurs qui ne séparent pas ou pour lesquels l’information n’est pas renseignée (68 % contre 50 %). Douze éleveurs sur dix-sept respectent le ratio recommandé de vingt chevrettes ou moins par bouc. Dans ces lots, la fertilité sur le premier cycle est supérieure de 19 points (71 % contre 52 %). Le respect du ratio permet de réduire l’étalement et le taux de chevrettes vides en fin de saison de reproduction.
En désaisonnement, cinq éleveurs sur douze appliquent un ratio amélioré d’un bouc pour moins de quinze chevrettes. Dans ces lots, la fertilité au premier cycle est encore supérieure aux autres lots (81 % contre 76 % entre seize et vingt chevrettes par bouc et 66 % pour plus de vingt chevrettes par bouc).
Lisa Johnson (Innoval), Alice Fatet (Inrae) et Fabrice Bidan (Idele)
« Séparer les mâles et pas plus de vingt chevrettes par bouc »
La maîtrise de la fertilité passe par une bonne séparation des mâles et des femelles, un bon ratio de boucs et une bonne application du programme lumineux. Explication de Lisa Johnson, conseillère développement caprin à Innoval.
« Cette étude montre que la réponse aux insatisfactions exprimées par les éleveurs est une meilleure maîtrise de la fertilité dès le premier cycle, car cela permet non seulement de réduire l’étalement, mais aussi d’améliorer la fertilité globale. Il faut bien séparer les chevrettes des boucs deux mois avant la mise à la reproduction. Il ne faut pas plus de vingt chevrettes par bouc. En élevage désaisonné, la bonne application du programme lumineux a été confirmée. En particulier, il faut être vigilant à la durée totale du programme qui doit être de 150 jours, dont 60 jours courts. Un effet de l’âge des chevrettes au moment de l’introduction des boucs a été observé. Il faudrait mettre les chevrettes au bouc à un âge de six mois et demi à sept mois et demi pour optimiser la fertilité au premier cycle. Plus tôt ou plus tard, la fertilité s’en trouve affectée. Quelle que soit la race, nous avons constaté que la fertilité est meilleure chez les éleveurs qui pratiquent des pesées et qui portent donc probablement une attention particulière à la croissance et à l’allotement. »