« Se poser la question d’être cédant ou vendeur »
Julien Chartier, éleveur de chèvres des Deux-Sèvres, responsable du plan Capr’1 au Brilac
Julien Chartier, éleveur de chèvres des Deux-Sèvres, responsable du plan Capr’1 au Brilac
Y a-t-il assez d’installations d’éleveurs de chèvres ?
En 2017, il n’y a eu que sept installations caprines en Deux-Sèvres. Ce n’est pas assez pour renouveler les générations. C’est à nous de vendre la filière caprine, de dire que c’est un métier diversifié et on peut s’installer de différentes façons, comme laitier ou fromager, en bio ou conventionnel. Maintenant, on vit bien de l’élevage caprin et on a des perspectives d’avenir plus sûr que celle qu’on avait en 2012. Autant hier, on trouvait des candidats à l’installation, autant maintenant, on en manque. Depuis un an, avec le Brilac, nous essayons de redorer le blason de la filière caprine en allant dans les établissements scolaires. Nous voulons toucher les élèves en formation mais aussi les chercheurs d’emplois. Quand nous avions créé le plan capr’1 en 2007, nous voulions recenser les jeunes et les cédants potentiels pour les faire se rencontrer. Nous travaillons en symbiose avec les acteurs de terrains tels que les contrôles laitiers ou les laiteries qui nous font remonter les cédants potentiels.
Quels conseils donnerez-vous aux cédants ?
Pour les cédants, il faut déterminer s’ils veulent céder avec une estimation raisonnable ou s’ils veulent vendre à un voisin. Bien sûr, on a toujours envie de réaliser le capital mais il faut aussi se poser la question de savoir si l’on veut voir son exploitation perdurer. Par la pédagogie, l’échange, la communication, on peut influencer ceux qui ont envie d’arrêter pour que leur exploitation continue de vivre plutôt que ça aille agrandir les voisins. La transmission, c’est un état d’esprit et nous cherchons à les faire passer du statut de vendeur à celui de cédant. Pour celui qui choisit d’installer quelqu’un à sa suite, c’est une satisfaction de voir la continuité de ce qu’on a construit tout au long de sa vie. Demain, nous serons de moins en moins d’agriculteurs. Ceux qui partent doivent garder un peu d’esprit filière. Maintenant, à 50 ans, on a encore envie de s’investir. Le bon âge pour se poser la question est autour de 55 ans.
Quels conseils donnerez-vous aux repreneurs ?
Déjà, il faut reprendre une exploitation qui soit économiquement viable et humainement vivable. Normalement, les banques suivent si le projet est viable avec de la rentabilité. Nous avons mis en place un réseau de tuteur qui est très utile pour se faire accompagner par des éleveurs aînés. Je conseille surtout à ceux qui s’installent de ne pas s’isoler, de garder des ouvertures sur ce qui se passe à côté. Il faut se garder du temps pour se former et s’informer, surtout les cinq ou dix premières années où l’on acquiert de l’expérience de soi et des autres. Les suivis proposés par le conseil de gestion, le contrôle laitier ou la chambre d’agriculture sont très précieux pour un jeune.