Quelles évolutions observez-vous dans les relations entre l’homme et l’animal ?

« Avec la disparition dans les villes des animaux sauvages et des bêtes au travail, l’homme urbain ne connaît plus que deux types d’animaux. Il y a d’abord l’animal domestique qui occupe la meilleure place sur le canapé familial. Cet animal aristocrate s’oppose à l’animal prolétaire, celui qui est dénoncé par les vidéos pirates des abattoirs mises en ligne par l’association L214. L’animal d’élevage y est alors forcément vu avec le prisme affectif de l’animal de compagnie. Avec les animaux de compagnie, nous échangeons notre affection contre la leur. Aux animaux domestiques, que nous élevons depuis 11 000 ans pour qu’ils nous donnent leur viande ou leur lait, nous devons offrir protection, nourriture et conditions de vie adaptées à leur espèce.
Dans l’ère du droit des animaux
Pour moi, il n’est pas question de leur donner un quelconque droit de « citoyenneté » de notre République. Car, après l’étape de la protection des animaux, celle de la bientraitance, celle du bien-être animal, nous sommes maintenant dans celle du droit des animaux. Avec la création d’un parti animaliste, certains veulent nous diriger vers un sentiment animalitaire qui vise la libération des animaux. Ces nouveaux utopistes, qui assimilent l’homme à un bourreau et l’animal à un esclave, prennent de plus en plus de place dans le débat public.
Pourtant, ces mouvements animalistes, qui défendent une extension de notre morale humaniste à d’autres êtres souffrants, nous placent dans un dilemme où on ne peut pas choisir entre l’agneau, le loup ou le berger, tous trois êtres vivants sensibles souffrant de la faim… Dans le droit français, l’animal n’est ni un objet, ni une personne, il a une place bien à lui et le Code rural impose d’ailleurs une réglementation de plus en plus exigeante sur l’élevage des animaux domestiques. L’idée saugrenue de vouloir libérer les animaux de l’homme ne doit cependant pas nous empêcher de chercher à améliorer leur condition de vie. J’observe aussi qu’en étendant notre compassion aux animaux, nous avons peut-être tendance à être moins sensibles aux souffrances humaines. Par exemple, avant de réclamer un secrétariat d’État à la condition animale, je commencerais par exemple par réclamer un secrétariat d’État à la condition des étrangers… »