Pour sentir les boucs, les chèvres ont le nez fin
Le retour en chaleur chez les petits ruminants occasionne des changements physiologiques chez les femelles, notamment au niveau des récepteurs de l’odorat.
Une récente étude de l’Inrae a montré que les sécrétions nasales des femelles de petits ruminants évoluaient en fonction de l’activité sexuelle. Les chèvres comme les brebis alternent en effet des périodes d’anœstrus saisonnier ou repos sexuel et les périodes de chaleurs ou activité sexuelle. Les chercheurs ont noté d’importantes modifications de la composition des sécrétions nasales (ou sécrétome olfactif) de la chèvre lors de l’entrée en activité sexuelle. Le profil des OBP (pour odorant binding protein, des molécules réceptrices de l’odorat) change fortement selon si la chèvre est en saison sexuelle ou en anœstrus. Seulement, avec les caprins et contrairement aux brebis qui présentent toutes les mêmes molécules, les chercheurs sont tombés sur un casse-tête. En effet, les chèvres ont chacune leur propre signature moléculaire, multipliant ainsi les types de protéines à identifier. Les chèvres sécrètent également ces fameuses OBP en plus grand nombre. Les chercheurs ont néanmoins émis l’hypothèse que cette modification de la composition du mucus nasal est dédiée à la détection des mâles et donc à l’activation de la réceptivité à l’effet bouc.
Vers des kits de récupération du mucus nasal
« La fabrication de ces protéines se fait sous contrôle hormonal, donc avec le retour des chaleurs, mais nous avons remarqué que lorsque les chèvres sont en présence d’un mâle sexuellement actif, la production des OBP spécifiques se mettait également en place très rapidement », appuie Patricia Nagnan Le Meillour, en charge de l’étude à l’Inrae.
Les scientifiques ont mis en lumière une différence importante entre chèvres et brebis, qui ont pourtant un comportement de reproduction saisonnier similaire. En effet, les brebis ne produisent ces protéines particulières que pendant les chaleurs tandis que les chèvres en sécrètent toute l’année. Les sécrétions nasales des femelles de petits ruminants sont donc le reflet de leur activité sexuelle et sont révélatrices de leur réceptivité à l’effet mâle. L’Inrae se penche dès à présent sur l’élaboration de tests simples utilisables par les éleveurs, par exemple à un kit de récupération du mucus nasal, qui permettraient de mieux connaître l’état sexuel de leurs femelles et ainsi améliorer l’efficacité de l’effet mâle.