antibiorésistance
Moins 26 % d'antibiotiques dans les élevages l'an dernier
Après une décennie de diminution des ventes d'antibiotiques vétérinaire, l'année 2022 a marqué un tournant avec l'entrée en vigueur le 28 janvier de la nouvelle réglementation européenne sur les médicaments vétérinaire.
Après une décennie de diminution des ventes d'antibiotiques vétérinaire, l'année 2022 a marqué un tournant avec l'entrée en vigueur le 28 janvier de la nouvelle réglementation européenne sur les médicaments vétérinaire.
D'après le bilan 2023 sur l'antibiorésistance de l'Anses, la quantité d'antibiotiques vétérinaires vendus a enregistré une baisse significative de 26 % en un an. Cette diminution est principalement attribuable à la réduction des ventes d'aliments médicamenteux, avec une chute spectaculaire de 82 % des prémélanges médicamenteux entre 2021 et 2022. Depuis 2019, l'utilisation préventive de ces traitements est interdite. Cette réduction d'exposition est d’autant plus importante qu’elle évite la sélection de résistances chez les bactéries pathogènes ciblées, mais également chez les bactéries présentes dans le système digestif des animaux. L'exposition des animaux aux antibiotiques a ainsi diminué de 9 % en un an. Franck Fourès, directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), souligne les efforts des vétérinaires et des agriculteurs : « Les éleveurs ont considérablement amélioré les conditions d'hygiène et l'ambiance des bâtiments. Il y a de moins en moins de traitements préventifs et de prescription systématique. La vaccination, le respect des quarantaines et les médecines alternatives sont également de bons leviers pour limiter le besoin en antibiotique ».
En 2022, un peu plus de 1 % du tonnage total d'antibiotiques administrés via des aliments médicamenteux était destiné aux caprins, soit 0,2 tonne. Bien que la quantité d'antibiotiques pour cette espèce soit relativement faible, la biomasse potentiellement consommatrice d'aliments médicamenteux est également réduite. On constate une diminution de 42 % de la biomasse caprine traitée par des antibiotiques via les aliments médicamenteux entre 2021 et 2022, représentant ainsi 13 % de la biomasse totale.
Les tendances majeures de la résistance bactérienne chez les animaux se confirment.
Lire aussi : La campagne 2022 « Les antibios, comme il faut, quand il faut » est lancée
Le Réseau d'épidémiosurveillance de l'antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), dirigé par l'Anses, surveille l'évolution des résistances aux antibiotiques chez les bactéries responsables d'infections animales. Les taux de bactéries résistantes continuent globalement de diminuer, reflétant les efforts constants pour réduire l'utilisation d'antibiotiques en médecine vétérinaire. Les taux de résistance aux céphalosporines de dernières générations et aux fluoroquinolones, considérés comme des antibiotiques critiques, restent faibles (inférieurs à 5 à 7 % des souches) depuis cinq ans chez toutes les espèces animales, sauf les chevaux. En revanche, en élevage caprin, des niveaux de résistance significatifs sont observés pour les tétracyclines (58 %), l'amoxicilline (68 %) et la streptomycine (58 %).
Vers un meilleur suivi de l’utilisation des antibiotiques et des résistances
Lire aussi : Résistance aux antibiotiques : pourquoi les Français ont plus à craindre de leur chien ou chat que de leur assiette
La réglementation européenne a élargi la collecte des données d'usage à tous les antimicrobiens, incluant désormais les antifongiques, les antiprotozoaires et les antiviraux. Ces données devraient permettre de mieux cibler les actions pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens. En France, la collecte des données d'utilisation des antimicrobiens pour toutes les espèces animales a été lancée en avril 2023 via l'application en ligne Calypso. Depuis 2018, l'Anses coordonne une initiative visant à développer un réseau européen de surveillance de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes animales, appelé EARS-Vet. L'analyse de ces données a mis en évidence la nécessité d'harmoniser les tests de résistance aux antibiotiques utilisés à travers l'Europe et les critères d'interprétation.
« La résistance aux antibiotiques est prise en charge depuis longtemps mais ce n’est pas le cas de toutes les résistances » alerte Charlotte Dunoyer, directrice scientifique de l’axe transversal santé & bien-être des animaux à l’Anses. « Il est pourtant primordial pour la santé animale et environnementale de lutter contre les résistances aux antiparasitaires et aux produits phytosanitaires. Des équipes de l'Anses sont actuellement en train de suivre ces problématiques » conclut-elle.
Retrouvez le rapport complet de 2023 sur l'antibiorésistance en santé animale sur le site de l'anses : www.anses.fr