« Nous conjuguons productivité et autonomie sur notre élevage caprin bio »
Dans l’Indre-et-Loire, l’EARL La Rabinière cultive autonomie alimentaire et performances technico-économiques depuis de nombreuses années.
Dans l’Indre-et-Loire, l’EARL La Rabinière cultive autonomie alimentaire et performances technico-économiques depuis de nombreuses années.
Les trois jeunes associés de l’EARL La Rabinière à Betz-le-Château (Indre-et-Loire) ont reçu un trèfle d’or remis dans le cadre du projet Cap Protéines. Il récompense les élevages les plus engagés dans une démarche d’autonomie protéique. Marion Joubert, Anne-Cécile Tricoche et Sylvain Yon cherchent au quotidien à allier production laitière et autonomie en agriculture biologique. Leurs prédécesseurs, Catherine et Pascal Joubert, avaient développé l’autonomie fourragère et protéique avec l’introduction de lupin dans l’assolement, puis l’utilisation de tourteau de colza gras.
« Nous avons la chance de disposer de 95 hectares de SAU, dont 23 de SFP, soulignent les trois éleveurs. Nous avons un assolement qui permet une grande surface fourragère et adapté au pâturage. En parallèle, nous pilotons finement l’alimentation. » Et le résultat est là, les 107 alpines élevées sur l’exploitation produisent 103 000 litres de lait entièrement transformés à la ferme. La production par chèvre est de 1 021 litres, avec un TB à 39,6 g/l et un TP à 34,6 g/l.
Trituration de colza
L’assolement reflète les besoins alimentaires des chèvres : 65 ha de céréales, composés de 8,5 ha de lupin d’hiver, 5 ha de colza, 5,5 ha d’un mélange orge-lupin, 6 ha de blé-féverole, 6,5 ha de lupin de printemps, 14,5 ha de maïs grain, séché au crible, 6 ha d’orge-pois et 13 ha de blé vendu. Côté fourrages, ils disposent de 8 ha de luzerne, 10 ha de trèfle violet, 5 ha de prairies permanentes.
À part le blé qui est vendu, tout ce qui est produit comme « graines » est en priorité utilisé pour nourrir les chèvres. Le surplus est utilisé pour les semis de l’année suivante et pour un stock de sécurité supplémentaire. Le colza est trituré sur l’exploitation : l’huile est entièrement vendue en huile alimentaire, et tout le tourteau est valorisé par les chèvres.
Ration sur mesure
Tout est stocké sur l’exploitation en cellule. « Cela demande un important travail de tri puisque nous stockons chaque type de graines séparément afin de pouvoir composer une ration adaptée aux besoins des chèvres. Chaque cellule est équipée d’une vis amenant à une trémie peseuse. L’entretien des silos est aussi important pour conserver dans de bonnes conditions, notamment vis-à-vis du risque charançon. »
Les chèvres reçoivent quatre distributions de concentrés et six de fourrages par jour. « En fractionnant les repas et en distribuant à chaque fois un aliment différent, y compris sur les fourrages en variant les coupes et les qualités, nous faisons revenir les chèvres à l’auge. » La ration est composée de 2 kg de foin de trèfle violet, 800 g de foin de luzerne, 400 g d’orge aplatie, 150 g de tourteau de colza, 350 g de maïs, 90 g de lupin de printemps, 250 g de lupin d’hiver et 60 g de féverole. Le troupeau pâture au fil avant pendant quatre à cinq mois au printemps dans des prairies composées de luzerne, trèfle et sainfoin, permettant de supprimer un repas de concentré et un repas de foin à cette période.
« En 2022, année de sécheresse, nous avons été un peu courts sur l’assolement en prairies. Sur une parcelle de 6 hectares de trèfle, la première coupe a permis de récolter 64 bottes, mais seulement 20 bottes sur les deux coupes suivantes. Nous allons devoir intégrer ce risque pour les années à venir. » Enfin, si le lupin de printemps est plus facile à réussir, selon eux, que le lupin d’hiver, avec les printemps secs des dernières années, cela n’est plus forcément vrai.