Manifestation
Les grandes surfaces accusées de bloquer les hausses
La situation des éleveurs de chèvre s’aggrave et le seul espoir vient du prix du lait. Mais certaines enseignes de la grande distribution tardent à accepter des hausses des prix des fromages. Des manifestations ont débuté en Poitou-Charentes.
La Fnec rappelle que les producteurs subissent depuis presque trois ans « la pire situation jamais connue » dans le secteur caprin. D’abord, le déséquilibre entre l’offre et la demande a engendré des surstocks avec en conséquence une baisse du prix du lait (jusqu’à 10 %) ainsi qu’une baisse des volumes à produire (jusqu’à 10 %). Ensuite, la sécheresse de 2011 a fortement pesé sur les élevages surtout qu’il y a eu très peu ou pas d’aide publique pour les caprins en compensation. Enfin, la mauvaise qualité des fourrages en 2012 et une hausse sans précédent des coûts de production depuis deux ans n’a pas permis de maintenir la production laitière.
Le résultat est une baisse de production de 8 % fin 2012 et un début d’année 2013 à -14 % de collecte. La Fnec tire la sonnette d’alarme : « nous allons perdre plus de 10 % de nos éleveurs avec des situations économiques catastrophiques et des situations humaines qui le sont encore plus. L’attitude de ces enseignes de la grande distribution est inacceptable : ils connaissent cette situation, nous leur avons expliqué depuis maintenant huit mois. On ne sait combien de rencontres ont eu lieu dans leurs magasins, de réunions qui se sont tenues pour leur expliquer notre situation. Ils ne peuvent l’ignorer ».
Faisant suite à leur ultimatum, les éleveurs du Grand Ouest ont débuté leurs manifestations samedi 16 février en vidant symboliquement le rayon des fromages à bas prix du Carrefour de Niort. Cette action menée par tous les syndicats (Fresyca, Collectif des éleveurs de chèvres, JA 16, 17 et 79, FNSEA 16 et 17, Confédération paysanne, Coordination rurale, Union caprine 49, producteurs de Riblaire) devrait se renouveler, notamment vendredi 22 au Leclerc de Niort.
Les éleveurs du Grand Ouest rappellent que la filière du lait de chèvre est génératrice de 10 000 emplois dans la région 15 000 au niveau national. « Doit-on attendre que les usines ferment pour réagir ? » s ‘interrogent les éleveurs en rappelant leur demande de revalorisation de 120 euros les mille litres. « Les pratiques de la grande distribution doivent évoluer pour apporter une meilleure répartition des marges et permettre aux producteurs de vivre de leur travail » rappelait ces éleveurs dans une lettre ouverte adressé à la grande distribution et aux pouvoirs publics.