Les consommateurs veulent garder l’authenticité du chèvre
Interrogés dans des groupes de discussions, les Français apprécient l’originalité du goût caprin mais rejettent les pratiques d’élevages trop industrielles.
Pour connaître les avis des consommateurs européens sur les produits laitiers ovins ou caprins, des réunions collectives ont été organisées dans les sept pays du projet iSage selon les mêmes modalités. Si les résultats n’ont pas de valeur statistique, les deux réunions françaises (24 personnes au total) ont permis de recueillir la diversité des avis, d’identifier les points d’accords ou de désaccords et de dégager des tendances.
Les produits laitiers cités spontanément sont très variés avec une grande part donnée aux produits frais (yaourts, lait, fromages blancs). En brebis, des noms de produits sont nommés (Roquefort, Ossau-Iraty, Manchego), sans être reliés à une notion de signe officiel de qualité, uniquement comme nom de produit générique. En caprin, sont cités quelques noms de marque ou plus souvent des formes (bûchettes, pyramides…). Les consommateurs distinguent également les fromages à consommer « au couteau » pour le plaisir et ceux destinés à un usage culinaire.
Découvertes de nouveaux produits et rejet du lait de vache
Le choix des produits est en partie lié au rejet des produits à base de lait de vache. Le lait de vache, accusé d’être source de problèmes de santé porte également une image de production industrielle. « Quand on voit la quantité de produits laitiers de vache, c’est forcément industriel ! » cite un consommateur.
Les consommateurs se reportent alors principalement vers les produits frais ovins ou caprins. L’envie de découvrir de nouveaux goûts est un autre moteur du choix de ces produits. Pour les amateurs de fromages secs notamment, c’est la diversité des goûts qui fait le plaisir et la richesse d’un plateau. Produits sains, écologiques, artisanaux, l’image est globalement positive même si certains considèrent qu’il faut une éducation et une culture du fromage pour « oser » ces produits en raison de leurs caractéristiques (odeur, forme, couleur). Enfin, le prix est considéré de manière unanime comme un frein à la consommation. La baisse du prix assorti de campagne de publicité, surtout sur les produits frais, permettrait aux dires des consommateurs de développer la consommation.
Garder l’authenticité de la production
Concernant les pratiques d’élevage, les consommateurs rejettent massivement les innovations qui assimilent à l’industrialisation de la production (robot de traite, insémination). « Le robot, c’est une production de masse, on perd l’authenticité de la production ovine ou caprine ». De même, l’utilisation de vaccin est décriée : « la grippe aviaire a bien montré que les vaccins ne sont pas la solution ! On leur donne déjà assez de produits comme ça ! ». A contrario, ils plébiscitent celles permettant d’améliorer l’alimentation des troupeaux, notamment le pâturage ou l’usage d’alternatives aux antibiotiques.
Ces réunions de consommateurs rappellent que les produits laitiers ovins et caprins bénéficient en France d’une image positive, artisanale, authentique et naturelle, qui s’observe également dans les autres pays de l’étude. Le rejet du lait de vache, considéré comme moins naturel plus industriels, est un élément de réflexion à prendre en compte par les filières, entre transparence sur les pratiques et explications nécessaires. Point positif, l’image des éleveurs est à l’égale de celle des produits : « ce sont des professionnels, ils savent ce qu’ils font ! »
iSage, un projet européen pour l’avenir des secteurs ovins et caprins
iSage est un projet européen qui associe les acteurs de la recherche et du terrain de sept pays (France, Grèce, Espagne, Finlande, Grande-Bretagne, Italie, Turquie) pendant quatre ans. Il vise à améliorer la durabilité globale et la capacité d’innovation des secteurs ovins et caprins. Son originalité réside dans la prise en compte des différents niveaux des filières : les populations animales (les races), les élevages, les éleveurs, l’aval et la distribution, les consommateurs, les pouvoirs publics.
Cinq axes de travail structurent le projet : la durabilité des systèmes d’élevage, les attentes des consommateurs et les innovations dans les filières, l’impact du changement climatique, les innovations en élevage et les innovations génétiques.