Les chèvres reconnaissent les émotions dans la voix
Attention à s’adresser aux chèvres correctement ! Certaines amies caprines semblent pouvoir distinguer les émotions humaines transmises par la voix.


Une étude menée par des chercheurs des universités de Roehampton (Londres) et de Hong Kong révèle que les chèvres seraient capables de distinguer la colère de la joie dans la voix d’un individu qui leur parle. Pour cela, huit personnes ont été enregistrées en amont, répétant la phrase : « Hey, regarde par ici » d’une voix enjouée ou d’une voix énervée. Respectant la parité, quatre expérimentateurs étaient familiers des chèvres ; les quatre autres leur étaient inconnus. Les chèvres étaient uniquement exposées à leur voix sortant d’une enceinte.
Un protocole en trois étapes
Les 27 chèvres de races diverses ont expérimenté un protocole en trois phases : habituation, déshabituation et réhabituation. La première phase consiste à leur faire écouter par exemple une personne en colère pendant un temps, puis une voix enjouée lors de la deuxième phase, avant de revenir à une voix énervée à nouveau en troisième phase. Pendant la phase d’habituation, la réaction des chèvres diminue, montrant qu’elles se sont habituées. Lorsque le ton de la voix change, les chèvres sont donc moins susceptibles de répondre, car elles sont désintéressées.
Des réactions au changement de ton
Mais certaines montrent une attention particulière en regardant longuement vers l’origine du son, ce qui suggère qu’elles ont perçu le changement de ton utilisé. Parmi celles qui regardent, la moitié ont regardé plus de 5,7 secondes contre 3,4 secondes avant le changement de ton. Bien que les chèvres ne montrent pas toutes une réaction, suggérant des capacités cognitives hétérogènes, les résultats montrent que l’espèce est capable de discerner les émotions dites positives (la joie) de celles dites négatives (la colère) transmises par la voix humaine. Elles semblent mieux les identifier lorsque la voix leur est familière, mais leur comportement est affecté de façon complexe et difficile à interpréter.
Si aucun changement physiologique, comme le rythme cardiaque, n’a cependant été identifié, les chercheurs font remarquer que d’autres effets non mesurables par les outils actuels peuvent avoir eu lieu.
Mieux connaître les chèvres
Cette étude vient compléter la recherche sur le comportement des chèvres. Il a ainsi déjà été montré qu’elles peuvent identifier l’âge, la taille, le sexe, l’environnement social, l’identité individuelle et, surtout, l’état émotionnel de la chèvre appelante à travers leurs bêlements. Plus récemment, des études ont même révélé leur capacité à utiliser nos repères gestuels pour résoudre des tâches (pointage/tapotement) ou encore à distinguer les émotions du visage humain.
Les chercheurs soulignent en conclusion que « la sensibilité observée des chèvres aux signaux émotionnels humains peut en partie résulter du contexte de domestication. Cependant, la différence entre les réponses des chèvres pourrait montrer un rôle de l’apprentissage et de l’expérience dans la reconnaissance des émotions. »