Etude
Les chèvres peuvent s'adapter à la chaleur
Une chèvre qui a chaud boit deux fois plus, mange moins et maigrit légèrement par rapport à une chèvre restée à température ambiante. La production laitière est similaire mais le lait est moins riche en taux protéique.
Les fortes chaleurs ne semblent pas trop pénaliser la production laitière. Gerado Caja de l’université autonome de Barcelone en Espagne a étudié l’adaptation des chèvres au stress thermique en plaçant des chèvres de race murciano-granadina dans des chambres climatiques. « Les Murciano-Granadina sont des chèvres qui ont déjà des adaptations pour les fortes chaleurs avec notamment des oreilles plus grandes que les alpines ou les saanen, permettant une meilleure régulation de la température corporelle » prévenait le chercheur lors de la présentation de ses résultats à la journée nutrition des chèvres laitières de l’Aftaa (Association française des techniciens de l’alimentation et des productions animales) à Tours en janvier dernier.
Deux groupes de huit chèvres en lactation ont été placés alternativement dans de fortes conditions de chaleur (37 °C le jour et 30,5 °C la nuit) pendant cinq semaines et dans des conditions de neutralité thermique entre 15 et 20 °C pendant cinq semaines et toujours à 40 % d’humidité. Placées dans les fortes chaleurs, les chèvres mettent rapidement en place un mécanisme de régulation. Au début, leur température corporelle augmente à près de 40 °C alors que celles restées au frais ne dépassent pas les 39 °C. Leur rythme respiratoire augmente jusqu’à 120 inspirations par minute alors que les chèvres en neutralité thermique se ventilent à un rythme de 40. Leur ingestion diminue de 21 % mais remonte après une semaine. A cause de cette baisse d’ingestion, il est préférable de rationner plus les concentrés pour limiter le risque d’acidose en gardant la même proportion de fourrage par rapport aux concentrés.
La production laitière est restée la même dans les deux groupes mais le poids des chèvres stressées par la chaleur a diminué par rapport à celui des chèvres en milieu tempéré. Elles ont donc vraisemblablement mobilisé leurs réserves corporelles la première semaine pour maintenir la production laitière. De même, le taux protéique du lait était en moyenne 12 % plus faible dans le groupe placé à températures élevées. La consommation d’eau a presque doublé par rapport à celles restées au frais. Et le temps d’abreuvement a augmenté car les chèvres aiment jouer avec l’eau, au risque de se bloquer l’accès aux points d’eau. « En cas de fortes chaleurs, on privilégiera le repas du soir quand la fraîcheur revient afin de maintenir le niveau d’ingestion » complétait Yves Lefrileux de l’Institut de l’élevage. Il existe des systèmes de ventilation ou de micro pulvérisation pour rafraîchir l’ambiance.