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Le projet de règlement européen sur le transport s’adapte mal aux caprins

La Commission européenne propose une nouvelle réglementation sur le transport des animaux qui ne tient pas compte des spécificités de la filière caprine et, notamment, de la faible densité d’abattoirs spécialisés.

Transport d'animaux vivants. camion bétaillère. ovins. chargement. éleveur et chauffeur de camion. discussion. agriculteur et chien. cour de ferme.
En limitant les temps de transport et en obligeant à la présence d’un vétérinaire, le projet de règlement européen sur le transport des animaux semble très déconnecté de la réalité des élevages caprins et des pratiques actuelles.
© L. Geffroy

La Commission européenne affiche la volonté de revoir totalement le paquet législatif sur le bien-être animal ; le projet de règlement européen sur le transport des animaux vivants inquiète les éleveurs caprins. La Commission veut notamment « réduire les problèmes de bien-être liés aux longs trajets […], garantir que les animaux disposent de plus d’espace […], améliorer les conditions de transport des animaux vulnérables, éviter d’exposer les animaux à des températures extrêmes ».

Concrètement, le projet prévoit une durée maximale de transport de 9 heures vers un abattoir et de 8 heures pour les animaux non sevrés. Argumentant ses réserves pendant la période de consultation, la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (Fnec) alerte sur ces temps « impossibles à respecter au vu du maillage d’abattoirs de chevreaux et de chèvres de réforme sur le territoire français ». « Un tiers des élevages dans la moitié sud de la France ne pourrait plus transporter leurs animaux », calcule le syndicat qui demande des dispositions particulières.

Déconnexion des propositions européennes

Autre problème, le projet préconise une réduction de la densité d’animaux dans les camions basée sur une formule mathématique. En caprin, cela entraînerait une réduction de moitié du nombre d’animaux transportables et, donc, un doublement des véhicules de transport. La Fnec dénonce l’absence de base scientifique en caprin et craint que, au-delà des conséquences économiques et écologiques, « l’augmentation de l’espace dans les camions accroisse le risque de chute et de blessures des animaux ».

Autre aberration dénoncée par la Fnec, le règlement prévoit que le chargement et déchargement des animaux dans les fermes soient supervisés par un vétérinaire ! « Cette mesure est complètement inenvisageable et montre la déconnexion des propositions de cette réglementation par rapport à la réalité », dénonce la Fnec dans son argumentaire.

Tenir compte de la spécificité caprine

Le projet de règlement envisage d’interdire le transport des chevreaux de moins de trois semaines, sauf dans un rayon de 100 km. Là encore, pour la Fnec, « cette disposition est inapplicable en l’état et nécessite des adaptations particulières afin de prendre en compte l’organisation de notre filière, la localisation des outils d’engraissement et la localisation des outils d’abattage ». Enfin, la Fnec dénonce les restrictions de transport en périodes de fortes chaleurs alors que la filière caprine en Europe est localisée principalement dans les pays du sud de l’Europe.

Présentant ce projet de règlement lors des Journées techniques caprines de Dienné (Vienne), Sophie Espinosa montrait aussi le travail d’argumentation en cours dans les syndicats, les interprofessions et au niveau gouvernemental et européen. « Il y a pas mal d’incertitudes sur le calendrier avec la réélection du Parlement, mais cette question du bien-être animal reste une question importante pour les citoyens européens ».

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