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Le dynamisme caprin en Limousin
Le choix de la qualité

Volonté et solidarité collective marquent la vie de la Coopérative Berry Sud-Nord Limousin de collecte qui s´est orientée vers la production de laits certifiés et tracés.


«C e qui sera important, pour demain, c´est de produire du lait correspondant à une qualité spécifique pour certains types de produits destinés à des consommateurs ciblés. Les producteurs ont donc un rôle essentiel dans une démarche qui doit être volontaire. Au-delà de remplir le tank à lait sans se préoccuper du devenir du lait, les producteurs doivent se sentir concernés par ce qui se passe après. Nous sommes des producteurs de lait mais, au-delà du revenu, nous revendiquons notre responsabilité dans la filière »
C´est en ces termes que Gilles Barrat, président de la coopérative Berry Sud-Nord Limousin, définit l´esprit qui anime l´équipe des responsables de l´entreprise. Entre un lait standard non identifié et à bas prix et les laits très particuliers destinés, par exemple, aux filières des fromages AOC, il considère qu´il y a place pour des laits plus spécifiques, répondant à des règles de qualité plus contraignantes et donc susceptibles d´être mieux valorisés. Cette troisième voie est celle visée par la coopérative qui s´est dotée de cahiers des charges adaptés à cette politique de qualité.
« Je crois sincèrement qu´il y a là une voie originale à développer dans laquelle les producteurs doivent être partie prenante, précise-il. Si diriger une coopérative c´est être réaliste, en tenant compte du contexte et des difficultés, c´est aussi avoir une vision d´avenir »
©DR

La coopérative collecte six millions de litres de lait
de chèvre avec ses propres camions auprès de quarante-cinq éleveurs.
Aujourd´hui la coopérative collecte six millions de litres de lait de chèvre qui sont livrés à l´entreprise Triballat, à Rians dans le Cher. Les quarante-cinq producteurs adhérents sont situés géographiquement dans le sud de l´Indre et le nord de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Vienne. Les quatre départements appartenant à trois régions différentes, Limousin, Centre et Poitou-Charente, il y a là une source de complexité administrative. Très récemment, la coopérative a emménagé dans de nouveaux bureaux et locaux techniques situés sur la petite commune de Mouhet, localisée à l´extrême sud de l´Indre au carrefour des trois régions.
Directement gérée par les producteurs depuis sa création la coopérative vient, pour la première fois, de recruter un animateur technico-administratif Antony Chartier. L´entreprise possède trois camions de collecte (16 000 l) avec une remorque de 14 000 l. Outre son animateur, l´entreprise emploie cinq chauffeurs. Le lait collecté toutes les 48 heures sur trois circuits est acheminé, de nuit, au site des Laiteries Hubert Triballat à Rians, avec lesquelles la coopérative a signé un contrat de livraison depuis 1989.
Une histoire plutôt mouvementée
C´est en 1979 qu´est née la coopérative suite à l´arrêt brutal de la collecte du lait par la Coopérative d´Anjouin.
A l´époque, quarante producteurs livrant 400 000 l de lait se sont retrouvés brutalement sans acheteur de lait. « L´atmosphère était très tendue, explique Gilles Barrat, car le lait n´était plus payé aux producteurs depuis trois mois. Les éleveurs ont donc décidé de se retirer de la coopérative d´Anjouin en échange du paiement des trois mois de livraison et, simultanément, la décision a été prise de créer une association et d´acheter un camion de 3,5 tonnes avec une cuve de 2 000 l pour commencer la collecte ». Dans le même temps des appels ont été lancés à plusieurs acheteurs potentiels. C´est ainsi que, pendant plusieurs années, différents acheteurs notamment du Poitou-Charente se sont succédé, la coopérative acheminant elle-même le lait sur le site de transformation.
En 1983, la coopérative d´Anjouin, étant revenue avec de nouvelles propositions jugées intéressantes, un accord avec participation au capital d´Anjouin a été conclu. De 1983 à 1989, les livraisons annuelles se sont progressivement accrues jusqu´à 1,2 million de litres. Mais de nouvelles difficultés survenues avec Anjouin ont conduit les dirigeants de Berry Sud-Nord Limousin à rechercher un nouvel acheteur.
« Nous avons rencontré les responsables des laiteries Hubert Triballat avec lesquels, dès le départ, une vraie qualité de relations s´est établie, précise Gilles. Un contrat de livraison sur plusieurs années a donc été conclu et la coopérative s´est chargée de répartir le volume contractuel global en volumes de livraison pour chacun de ses adhérents. C´est sur ces bases que nous fonctionnons depuis avec satisfaction ».
Cahier des charges et lait certifié
Une partie du lait collecté étant destiné à des fabrications fromagères au lait cru, un référentiel spécifique de production a été créé à partir de 1998, référentiel de qualité ayant obtenu son agrément comme CCP (Certification de Conformité Produit) en juillet 2003.
Aujourd´hui, onze producteurs avec 2,3 millions de litres sont en CCP et trente-quatre producteurs représentant 3,7 millions de litres sont en livraison hors CCP ;
L´idée de produire un lait certifié a été proposé par la coopérative afin de disposer d´un lait identifié et tracé, répondant à des normes précises. C´est ainsi que la traçabilité est assurée de la parcelle au tank à lait, tous les fourrages doivent provenir de l´exploitation et doivent couvrir au moins 60 % des apports alimentaires quotidiens du troupeau. Une démarche de type HACCP est appliquée pour les procédures de traite, de nettoyage et de conservation du lait. D´autres facteurs sont également pris en compte, confort des animaux, environnement, etc.
Au total, le référentiel pour la certification comporte plus de 80 points de contrôle soumis à la vérification par un organisme de contrôle extérieur sélectionné par la coopérative, à l´issue d´un appel d´offre.
Le lait certifié bénéficie d´une plus value significative de 45,73 euros aux 1 000 litres ce qui signifie que le lait standard a été payé 530 euros pour 1 000 litres en 2003 alors que le lait certifié était payé 575 euros pour 1 000 litres. Le lait non certifié est également soumis à une charte de qualité interne conçue pour permettre aux producteurs d´accéder ultérieurement à la certification.
« Pour le paiement du lait, on applique les grilles interprofessionnelles du Criel de la région Centre, dans la mesure où il n´existe pas d´interprofession laitière caprine dans la région Limousin, précise Gilles. Tout ce système qualitatif a été mis en place avec le volontariat des producteurs, même si l´application se fait parfois avec lenteur ».
Depuis 2002, la coopérative s´est également dotée d´un outil d´appui technique « programme qualité » pour ses adhérents, grâce à un cofinancement de l´Onilait. Cette action concerne tous les producteurs, certifiés ou non, avec un programme spécifique pour le contrôle des pathogènes dans le lait. La majorité des adhérents ont des troupeaux de 150 à 300 chèvres avec une moyenne de livraison de 133 000 l de lait par an, la plupart possède également des vaches allaitantes. Avec la professionnalisation et la spécialisation, les systèmes d´élevage pratiqués tendent à se regrouper sur un modèle commun : stabulation permanente, désaisonnement et alimentation à base de foin, d´enrubannage et de concentré.

Accéder au foncier devient très cher
« Depuis quelques années, les créations d´élevages sont plutôt en monoproduction caprine avec des unités de 300 têtes en moyenne, observe Gilles. Pour la coopérative, il est important d´installer, ainsi, ce sont trois nouveaux élevages qui se sont créés et qui entreront en production l´année prochaine. Ces nouveaux éleveurs sont en général des jeunes ayant une formation BTS en production caprine, et la principale difficulté pour eux est l´accès au foncier qui devient très cher. Pourtant l´optique de la coopérative n´est pas d´installer des ateliers hors sol mais au contraire des élevages produisant l´alimentation des troupeaux. Pour nous l´installation de nouveaux producteurs a toujours été une nécessité et nous les aidons avec nos moyens ».

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