Le chèvre fait bonne figure au salon de l'agriculture
Pendant neuf jours, la filière caprine fait découvrir la chèvre et ses fromages aux visiteurs du salon.
Pendant neuf jours, la filière caprine fait découvrir la chèvre et ses fromages aux visiteurs du salon.
Rendez-vous incontournable des filières agricoles, la 54e édition du salon international de l'agriculture a tenu sa place de point de rencontres et de dialogues avec les producteurs et les entreprises, les décideurs, les élus et les consommateurs. La fi lière caprine a pu aussi promouvoir l'élevage et ses produits auprès d'un public un peu moins nombreux que les années précédentes, pour cause de période scolaire des Franciliens. À la chèvrerie, le stand des fromages de chèvre a fait sa promotion neuf jours durant en présentant élevage, fromages, recettes et fromagerie. En plus des chevrettes qui se pliaient plus ou moins aux caresses du public, la chèvrerie a laissé la place à des témoignages d'éleveurs de chèvres sur leur métier. Joël de l'Aveyron, Angélique des Hautes-Pyrénées, Jean-Marc de la Vienne, Bertin de Seine-et-Marne, Alix du Rhône ou Jacques de Corse ont pu expliquer de façon simple et vivante leur quotidien et leur passion.
Un peu plus loin, un pôle fabrication de fromages montrait les diff érentes étapes de fabrication d'un fromage de chèvre. Les visiteurs étaient aussi invités à goûter les différents fromages. « Pendant un petit quart d'heure, nous faisons goûter trois fromages de chèvre à une dizaine de personnes, explique Lætitia Gaborit, une des meilleurs ouvriers de France qui coanimait le stand. On met des mots sur ce qu'il déguste et on montre que l'on peut associer le fromage à de la confiture ou des fruits secs. Souvent, les consommateurs ne connaissent qu'un seul type de chèvre. On leur en fait découvrir d'autres avec des textures et des goûts différents. » Une mini-cuisine invitait aussi le grand public à réaliser des galettes de pommes de terre au charolais ou des pancakes à la rigotte de Condrieu.
Mêmes recettes un peu plus loin chez Soignon avec un large stand proposant dégustations de yaourt, mini-cours de cuisine, animations pour les enfants, selfies, caresses aux chevrettes et témoignages d'éleveurs. « Soignon est bien connue pour sa bûchette, observe Florence Allais, responsable du marketing opérationnelle chez Eurial. En étant au salon, nous voulons montrer la largeur de notre gamme et faire découvrir la douceur de nos yaourts ». Les éleveurs coopérateurs,
vêtus d'un tee-shirt rouge, étaient aussi bien mis en avant par la coopérative.
Lieu de rencontres avec le grand public, le salon de l'agriculture est aussi le moment des rendez-vous professionnels. Les responsables de la Fnec et de l'Anicap ont ainsi pu rencontrer les responsables de la grande distribution et les nombreux politiques venus à la chèvrerie. « En cette année électorale et dans un contexte agricole difficile, nous avons pu expliquer aux décideurs politiques actuels et futurs comment nous avons pu sortir de la crise il y a trois ans, explique Franck Moreau, vice-président de la Fnec. L'équilibre économique retrouvé s'est construit sur la nécessité de prendre en compte les coûts de production et la maîtrise des volumes. La Fnec s'est fortement engagée pour convaincre les transformateurs et la grande distribution de mettre plus de valeur sur les produits, allant vers une augmentation du prix consommateur. Ça a fonctionné ! Les ventes ont augmenté, les consommateurs ont répondu positivement et la valeur s'est répartie sur tous les maillons, du producteur à la grande distribution. L'investissement des laiteries et des enseignes doit se poursuivre pour donner encore plus de perspectives aux producteurs. » « Les grandes surfaces sont très attachées à l'approvisionnement en lait français », confirme Jacky Salingardes, le président de la Fnec. Le logo origine France pesant énormément et la filière manquant de lait de chèvre, les laiteries sont prêtes à augmenter le prix du lait. Lactalis prévoit par exemple une hausse de 7 euros des mille litres sur 2017 alors qu'Eurial a remis 10 euros au prix de base avec une revalorisation du gramme de matière grasse.
Si l'ambiance caprine était plutôt satisfaisante. Les stands des régions faisaient plutôt grise mine sur les ventes de fromages de chèvre. « C'est très calme », disaient en choeur les stands de Nouvelle-Aquitaine, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône- Alpes. « Il nous manque les familles franciliennes », analyse Julien Soleau de la Route du chabichou et des fromages de chèvre. « Nous sommes venus avec 39 000 rocamadours mais nous risquons de n'en vendre que 35 000, pronostiquait Marilyne Gaudru, animatrice de l'appellation, après quatre jours de salon. Cette opération reste néanmoins intéressante pour la notoriété du produit et pour fédérer les producteurs qui viennent sur le salon vendre les fromages ». « Ceux qui viennent nous connaissent déjà et c'est dur de toucher un nouveau public », regrettait-on au stand des appellations de la région Centre-Val de Loire, venu avec 2 500 fromages. Pour attirer de nouveaux consommateurs, ils avaient demandé au lycée hôtelier de Blois de proposer des recettes très simples qui ne dénaturent pas le fromage.