L’arbre fourrager, une solution pour nourrir les chèvres face aux changements climatiques
Des expérimentations ont débuté au Pradel pour évaluer l’intérêt du pâturage des arbres par les chèvres. Les premiers résultats sont encourageants.
Des expérimentations ont débuté au Pradel pour évaluer l’intérêt du pâturage des arbres par les chèvres. Les premiers résultats sont encourageants.
Dans de nombreuses régions, l’herbe peut manquer dans les prairies avec le réchauffement climatique et les étés de plus en plus secs. C’est pourquoi la ferme du Pradel, en Ardèche, a décidé d’expérimenter le pâturage d’arbres fourragers sur une parcelle de deux hectares de mûriers blancs. Anciennement utilisés pour l’élevage des vers à soie, ils ont été plantés il y a plus de 20 ans. L’objectif est de proposer aux éleveurs des techniques pour bien utiliser des arbres comme ressource fourragère.
Les chèvres sont des cueilleuses nées et peuvent donc manger les feuilles d’arbres. Parmi les espèces d’arbres, le mûrier blanc et le frêne ont été identifiés comme ayant des bonnes valeurs nutritionnelles.
Deux hectares de mûriers blancs au pâturage
Les mûriers blancs présents sur le site du Pradel, taillés en têtard et en haut-jet, pourraient de fait être une source d’alimentation alternative pour les chèvres. En plein été, les feuilles restent bien vertes malgré les fortes chaleurs. Les feuilles de mûriers du Pradel offrent une ressource fourragère entre 15 et 16 % de MAT (matière azotée totale) et 85 % de digestibilité, d’après les analyses réalisées par l’Inrae de Lusignan dans la Vienne.
Pour l’entretien des mûriers, le Pradel a demandé conseil à Frédéric Cochet, pépiniériste en Ardèche : « Au moment de la taille, il faut veiller à laisser trois ou quatre branches, qui, en sortie d’hiver seront plus hautes que les autres et donc inatteignables pour les chèvres ». Cela permet au mûrier de refaire ses réserves car, au Pradel, certains mûriers ont été bien entamés.
Un « fromage de mûrier » de très bonne qualité
Cet été, un lot de 36 chèvres a pâturé pendant neuf jours sur cette parcelle, de 9 à 16 heures. L’expérimentation du Pradel avait pour but de répondre aux questions que peut se poser un éleveur avant de faire pâturer des arbres : les chèvres mangent-elles suffisamment ? La production de lait est-elle impactée ? Les arbres ne sont-ils pas abîmés et comment les entretenir en hiver ? Quid de la plantation des arbres et des espèces à choisir ?
Suite à ce premier pâturage, les chèvres ont produit autant de lait avec une ration à base de mûriers qu’en bâtiment (foin de luzerne). La qualité du lait, quant à elle, semble différer avec la ration de mûriers. Car si le taux protéique est stable, on observe une tendance à l’augmentation du taux butyreux avec le lait de mûrier. L’expérimentation a été conduite de la fourche à la fourchette puisque le lait issu des chèvres ayant pâturé les mûriers a été transformé en picodon AOP. Une dégustation officieuse a montré que le picodon de mûrier est aussi bon que le standard. L’expérimentation autour du pâturage des arbres se poursuivra sur la ferme du Pradel en 2021 avec le programme Apache (arbres pâturés par les chèvres).