La productivité des chèvres en lactations longues est maintenue
Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
Lors d’une conférence Capri’Tech à l’occasion du salon virtuel Capr’Inov, Rémi Couvet, conseiller et responsable caprin au Saperfel, et Bernard Poupin, responsable technique caprin à Seenovia, sont revenus sur l’intérêt des lactations longues et les précautions à prendre. « Mettre en place des lactations longues permet de répondre à certaines problématiques tels que le temps de travail, les problèmes sanitaires autour des mises bas, la trésorerie régulière ou la vente de chevreaux de boucherie, explique Bernard Poupin en introduction. Par contre, la mise en place de cette pratique doit être réfléchie ».
Aujourd’hui, les éleveurs qui utilisent cette technique sont autant des laitiers que des fromagers, avec des petits ou des grands troupeaux. « En fait, c’est plutôt comme un ajustement de la conduite de l’élevage. Certaines chèvres partent en lactation longue dès la première mise bas, d’autres auront cette lactation longue après leur seconde mise bas ou ensuite. D’autres chèvres enfin ont une lactation longue entre deux lactations normales. »
Une chèvre sur cinq en lactations longues dans les Deux-Sèvres
Les techniciens caprins différencient deux grands types de lactations longues : les subies et les choisies. Celles qui sont subies correspondent à des échecs de reproduction liés à une infécondité, une stérilité, une mortalité embryonnaire ou des avortements. Les lactations longues choisies correspondent, elles, à des animaux non remis à la reproduction. Ça peut être pour recaler les mises bas des primipares qui ont eu des mises bas tardives et éviter les lactations écourtées. Ça peut être aussi une solution pour ajuster la production laitière pour les fromagers qui veulent lisser les volumes ou pour les laitiers qui veulent lisser leurs livraisons.
« Dans les Deux-Sèvres, il y avait 18 % des chèvres en lactations longues sur la campagne 2019-2020, calcule Rémi Couvet. Une chèvre sur cinq, ça commence à être important. D’autant qu’il n’y en avait que 5 à 6 % il y a une dizaine d’années. » Sur les 193 troupeaux au contrôle laitier en Deux-Sèvres, une quarantaine a plus de 30 % de leurs chèvres en lactation longue. « On estime alors que c’est un choix délibéré de l’élevage ». On y retrouve les plus gros troupeaux (effectif moyen de 384 chèvres) qui trouvent dans les lactations longues une solution à leurs soucis de travail et d’organisation.
Pas de tarissement pour assainir les mamelles
Avec un pourcentage de jours improductifs plus bas, la production laitière est un peu plus élevée. Il y a aussi plus de taux avec un point d’écart en TB et 1,4 en TP. « Cela fait quand même sept kilos de matière utile par an et par chèvre en plus ou un bonus de 15 euros les mille litres, montre Rémi Couvet. C’est significatif ». Cette hausse des taux s’explique car les chèvres en lactation longues n’ont pas d’énergie à dépenser dans la gestation.
Par contre, la qualité du lait en pâtit puisqu’il y a davantage de chèvres avec plus de trois comptages à deux millions de cellules ou plus. « Cela s’explique car il n’y a pas le tarissement qui permet de guérir les mammites ou assainir les mamelles. Un animal sur quatre gravement infecté, c’est trop important. Surtout qu’il n’y a pas que le côté pénalité, il y a aussi la perte de production… »
Se faire accompagner par son contrôle laitier
Du côté des Pays de la Loire et de la Charente-Maritime, les résultats sont très similaires. Seenovia confirme que les lactations longues se sont démocratisées depuis une vingtaine d’années. Comme dans les Deux-Sèvres, le taux de renouvellement est plus faible (28 %) dans les élevages avec beaucoup de lactations longues par rapport aux troupeaux moyens (30 %). « 28 % de renouvellement, c’est encore beaucoup au vu du prix d’élevage d’une chevrette, commente Bernard Poupin. Il faudrait viser 25 %. »
« Si les lactations ont un intérêt zootechnique, d’organisation ou économique, il y a des choses à faire attention, conclut Rémi Couvet. Il n’est pas nécessaire d’aller dans les extrêmes et il peut être utile de se faire accompagner par son contrôle laitier ».