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La productivité des chèvres en lactations longues est maintenue

Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.

Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats de production laitière restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. © D. Hardy
Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats de production laitière restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire.
© D. Hardy

 

 
Bernard Poupin, Seenovia, et Rémi Couvet, Saperfel. « Le choix des chèvres à mettre en lactations longues se fait sur des critères zootechniques mais il est indispensable de choisir d’abord celles que l’on met au renouvellement. C’est compliqué de faire ce choix sans les outils du contrôle laitier… » © D. Hardy
Bernard Poupin, Seenovia, et Rémi Couvet, Saperfel. « Le choix des chèvres à mettre en lactations longues se fait sur des critères zootechniques mais il est indispensable de choisir d’abord celles que l’on met au renouvellement. C’est compliqué de faire ce choix sans les outils du contrôle laitier… » © D. Hardy

 

Lors d’une conférence Capri’Tech à l’occasion du salon virtuel Capr’Inov, Rémi Couvet, conseiller et responsable caprin au Saperfel, et Bernard Poupin, responsable technique caprin à Seenovia, sont revenus sur l’intérêt des lactations longues et les précautions à prendre. « Mettre en place des lactations longues permet de répondre à certaines problématiques tels que le temps de travail, les problèmes sanitaires autour des mises bas, la trésorerie régulière ou la vente de chevreaux de boucherie, explique Bernard Poupin en introduction. Par contre, la mise en place de cette pratique doit être réfléchie ».

Aujourd’hui, les éleveurs qui utilisent cette technique sont autant des laitiers que des fromagers, avec des petits ou des grands troupeaux. « En fait, c’est plutôt comme un ajustement de la conduite de l’élevage. Certaines chèvres partent en lactation longue dès la première mise bas, d’autres auront cette lactation longue après leur seconde mise bas ou ensuite. D’autres chèvres enfin ont une lactation longue entre deux lactations normales. »

Une chèvre sur cinq en lactations longues dans les Deux-Sèvres

Les techniciens caprins différencient deux grands types de lactations longues : les subies et les choisies. Celles qui sont subies correspondent à des échecs de reproduction liés à une infécondité, une stérilité, une mortalité embryonnaire ou des avortements. Les lactations longues choisies correspondent, elles, à des animaux non remis à la reproduction. Ça peut être pour recaler les mises bas des primipares qui ont eu des mises bas tardives et éviter les lactations écourtées. Ça peut être aussi une solution pour ajuster la production laitière pour les fromagers qui veulent lisser les volumes ou pour les laitiers qui veulent lisser leurs livraisons.

 

 
Les lactations longues des zones Saperfel et Seenovia © Saperfel et Seenovia
Les lactations longues des zones Saperfel et Seenovia © Saperfel et Seenovia

 

« Dans les Deux-Sèvres, il y avait 18 % des chèvres en lactations longues sur la campagne 2019-2020, calcule Rémi Couvet. Une chèvre sur cinq, ça commence à être important. D’autant qu’il n’y en avait que 5 à 6 % il y a une dizaine d’années. » Sur les 193 troupeaux au contrôle laitier en Deux-Sèvres, une quarantaine a plus de 30 % de leurs chèvres en lactation longue. « On estime alors que c’est un choix délibéré de l’élevage ». On y retrouve les plus gros troupeaux (effectif moyen de 384 chèvres) qui trouvent dans les lactations longues une solution à leurs soucis de travail et d’organisation.

Pas de tarissement pour assainir les mamelles

Avec un pourcentage de jours improductifs plus bas, la production laitière est un peu plus élevée. Il y a aussi plus de taux avec un point d’écart en TB et 1,4 en TP. « Cela fait quand même sept kilos de matière utile par an et par chèvre en plus ou un bonus de 15 euros les mille litres, montre Rémi Couvet. C’est significatif ». Cette hausse des taux s’explique car les chèvres en lactation longues n’ont pas d’énergie à dépenser dans la gestation.

Par contre, la qualité du lait en pâtit puisqu’il y a davantage de chèvres avec plus de trois comptages à deux millions de cellules ou plus. « Cela s’explique car il n’y a pas le tarissement qui permet de guérir les mammites ou assainir les mamelles. Un animal sur quatre gravement infecté, c’est trop important. Surtout qu’il n’y a pas que le côté pénalité, il y a aussi la perte de production… »

Se faire accompagner par son contrôle laitier

Du côté des Pays de la Loire et de la Charente-Maritime, les résultats sont très similaires. Seenovia confirme que les lactations longues se sont démocratisées depuis une vingtaine d’années. Comme dans les Deux-Sèvres, le taux de renouvellement est plus faible (28 %) dans les élevages avec beaucoup de lactations longues par rapport aux troupeaux moyens (30 %). « 28 % de renouvellement, c’est encore beaucoup au vu du prix d’élevage d’une chevrette, commente Bernard Poupin. Il faudrait viser 25 %. »

« Si les lactations ont un intérêt zootechnique, d’organisation ou économique, il y a des choses à faire attention, conclut Rémi Couvet. Il n’est pas nécessaire d’aller dans les extrêmes et il peut être utile de se faire accompagner par son contrôle laitier ».

Sept raisons d’être en lactation longue (et ses limites)

 
Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats de production laitière restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. © D. Hardy
Les lactations longues ont de plus en plus d’adeptes pour des raisons zootechniques, d’organisation ou économiques. Les résultats de production laitière restent bons comme en Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire. © D. Hardy
Conserver les plus fortes productrices : Les chèvres plus productives ont souvent plus de mal à se reproduire. Mais attention à ne pas trop pénaliser le potentiel génétique.
Une dernière trajectoire pour les animaux en fin de carrière : on laisse produire les chèvres jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus. Attention à la surcharge des bâtiments.
Donner du temps de croissance aux primipares : Les chevrettes qui mettent bas à 18 mois ont déjà un bon gabarit. Attention à ne pas masquer un problème de croissance dans l’élevage des chevrettes.
Gérer les échecs de reproduction : L’échographie et le diagnostic de gestation sont alors bien pratiques pour planifier et organiser le travail.
Simplifier la conduite du troupeau : Les périodes de mises bas sont souvent très chargées. Avec moins de mises bas, on a moins de chevreaux et moins de travail. Attention cependant à garder des animaux pour la reproduction, sauf à acheter le renouvellement à l’extérieur, ce qui peut s’avérer coûteux et risquer sanitairement.
Limiter la mortalité autour des mises bas : Le moment des mises bas est souvent associé à des pertes dans le troupeau. Il ne faut cependant pas que lactations longues masquent des problèmes de longévité ou de manque de main-d’œuvre pour assurer les soins lors des naissances.
Pour diminuer le nombre de mises bas et livrer du lait toute l’année : Dans les grands troupeaux, il est compliqué de gérer en même temps un grand nombre de naissances, le démarrage de la lactation, l’alimentation ou le soin des jeunes. Là aussi, attention à garder un taux de renouvellement de 20 à 25 %.

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