La luzerne déshydratée augmente le rendement fromager
L’Inrae a observé près de 10 % de fromages présure frais en plus avec le lait issu de chèvres qui consomment de la luzerne déshydratée par rapport à celle recevant de la fétuque déshydratée.
L’Inrae a observé près de 10 % de fromages présure frais en plus avec le lait issu de chèvres qui consomment de la luzerne déshydratée par rapport à celle recevant de la fétuque déshydratée.
La ferme expérimentale de Méjusseaume en Ille-et-Vilaine a testé l’apport de luzerne déshydratée aux chèvres laitières sur l’aptitude fromagère des laits *. Trente-six chèvres alpines multipares en lactation ont été réparties en trois lots homogènes de douze chèvres. Un premier lot recevait de la fétuque déshydratée pendant six semaines, un deuxième de la luzerne déshydratée et le troisième un aliment intermédiaire incorporant fétuque et luzerne à parts égales.
Amélioration des taux butyreux et protéique
L’ingestion était plus élevée chez les chèvres recevant davantage de luzerne (3,06 kg MS/j pour la fétuque et 3,58 kg MS/j pour la luzerne). La production laitière est restée similaire entre les lots, mais les taux butyreux et protéique ont augmenté linéairement avec l’apport de luzerne. Le lait des lots recevant de la luzerne était plus riche en caséines et en protéines mais aussi en urée. La luzerne a aussi des conséquences sur le profil d’acides gras, avec une réponse linéaire dans la plupart des cas.
Rendement en frais amélioré pour les présures
En laboratoire, le rendement des fromages en frais de type présure a été significativement plus élevé avec les laits issus de luzerne et de mélange. Cette augmentation du rendement en frais, de l’ordre de 10 % est associée à un taux de matières utiles plus élevé. Le rendement fromager pour les types lactiques n’a pas été modifié, de même que les rendements en matière sèche qui sont restés les mêmes en présure ou lactique.
Moitié moins de gaz à effet de serre émis en 10 ans pour déshydrater la luzerne
En une décennie, les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication de luzerne déshydratée ont été divisées par 2,3 pour atteindre moins de 500 g de CO2 par kilo de matière sèche. En étudiant le bilan carbone de la production de luzerne déshydratée, l’Inrae et l’université de Reims Champagne-Ardenne ont comparé les données de 12 usines de déshydratation de 2006 à 2009 à celle de 2016 à 2019. Très énergivore, ce séchage complet de la plante a grandement évolué en dix ans pour réduire la consommation énergétique d’origine fossile. En 2006-2007, la plupart des fours utilisés pour déshydrater la luzerne étaient chauffés à 750 °C et utilisaient principalement du lignite et du charbon comme source d’énergie. Au fil des années, les équipements ont été remplacés par des fours fonctionnant à basse température (250 °C). Les usines ont également équipé ces fours d’injecteurs de biomasse pour utiliser des sources d’énergies renouvelables comme le bois, du miscanthus et d’autres coproduits d’origines agricole et forestière. En dix ans, l’utilisation de lignite ou de charbon est passée de 352 à 100 kg par tonne de luzerne déshydratée. L’autre facteur contribuant à la baisse de l’empreinte environnementale de la luzerne déshydratée a été un allongement du temps de préséchage de la luzerne au champ avant la récolte, passant de 2 à 3 heures à 48 heures.