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La chèvre des Savoie, une nouvelle race ancienne

Les éleveurs de chèvres des Savoie n’ont pas attendu sa reconnaissance officielle pour travailler à sa promotion et à la professionnalisation de la race.

Adaptée à la montagne, la chèvre des Savoie est productive

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la chèvre des Savoie est en passe d’être reconnue officiellement comme une race caprine à petits effectifs. Le dossier, validé par la commission d’experts, a été déposé au ministère et est en attente de validation et de publication au journal officiel. C’est un travail de longue haleine enclenché par les éleveurs savoyards et haut-savoyards depuis 20 ans pour faire mettre en lumière la spécificité de la chèvre des Savoie. Trop longtemps jugée comme une cousine proche de la chèvre alpine, la chèvre des Savoie a obtenu ses lettres de noblesse grâce à l’outil génomique. « Les résultats prouvent que nous avons affaire à une race bien distincte de celles que nous connaissons déjà », souligne Pierre Martin, de Capgènes. Pour les éleveurs mobilisés dans la sauvegarde de la race, sa reconnaissance officielle marque le début d’une nouvelle ère. « Il y aura beaucoup de travail, mais un champ de possibilités s’ouvre à nouveau », s’enthousiasme Lionel Beaudet, le président de l’association. Une fois la race reconnue, l’association aura donc une place au salon de l’agriculture à Paris, évènement important pour la promotion des races à petits effectifs auprès du grand public, des concours pourront être organisés, des reproducteurs pourront intégrer la station de Capgènes et les éleveurs pourront être éligibles aux aides PAC. Ce dernier point pourrait être un argument pour motiver l’installation de nouveaux chevriers, qui bénéficieront également de tout ce que l’association a déjà mis en place pour faciliter la conduite de troupeau chèvres des Savoie. Depuis 2011, l’association a mis en place une pépinière de chevrettes et de jeunes boucs au centre de formation de Poisy (Haute-Savoie). Face à la demande croissante des éleveurs des départements limitrophes, que ce soit pour le renouvellement de leur cheptel ou pour une création de troupeau, l’association s’est mobilisée pour regrouper les animaux ayant un potentiel génétique intéressant. Les animaux qui sont en pension sont garants d’une parfaite traçabilité génétique ainsi que d’un bon état sanitaire.

Amélioration continue pour les chèvres des Savoie

Cathy Berthet n’a pas attendu la reconnaissance officielle de la race pour l’adopter. À l’origine de la création de l’association pour la sauvegarde de la chèvre des Savoie, l’éleveuse à découvert cette race lors de son arrivée en Haute-Savoie, où elle a rejoint le gaec de son conjoint en 1995. Sur une exploitation uniquement tournée vers la production de lait de vache, fortement plébiscitée dans la région du fait des nombreuses AOP fromagères qui couvrent la zone, Cathy a réussi à mettre en place un atelier caprin uniquement constitué de chèvres des Savoie. Celui-ci compte aujourd’hui 60 chèvres et la totalité de la production est transformée sur place en yaourts et en fromage pour une vente sur les marchés et en magasin de producteurs. Les chèvres des Savoie sont robustes et ne craignent pas le froid et l’humidité montagnarde et leur présence sur la ferme se révèle être un véritable atout. En effet, la complémentarité entre vaches et chèvres est bien réelle au niveau du pâturage. « Mes chèvres sont dehors du début du printemps à la fin d’automne. Les parcelles de pâturage tournent entre bovin et caprin pour éliminer les refus et faire baisser la pression parasitaire », développe Cathy Berthet. Les refus en chèvrerie sont également valorisés grâce aux génisses. La chevrière est attachée à sauvegarder la race mais n’oublie pas pour autant que ses chèvres sont son outil de travail. Avec une production moyenne de 700 kg de lait par lactation, les chèvres des Savoie n’ont pas à rougir de leurs performances. Cependant, pour Cathy Berthet, la composition du lait de son troupeau pourrait encore être améliorée. En plus de son auto renouvellement, elle va donc à la recherche de boucs issus d’élevages inscrits au contrôle laitier et achète quelques chevrettes pour améliorer ses taux. Elle vend aussi ses propres reproducteurs à la pépinière de l’association.

La chèvre des Savoie, une image de marque

Fraîchement installés depuis un an, Christelle et Samuel Souchet ont commencé progressivement leur exploitation caprine. Christelle, après avoir été assistante maternelle, s’est reconvertie dans l’élevage caprin après s’être formée à la ferme du Pradel (Ardèche). Elle a débuté avec 19 chèvres des Savoie qu’elle a traites à la main la première année. Samuel, son compagnon, vient de quitter à son tour son travail en métallurgie pour se consacrer à temps plein à l’élevage. Lui s’occupe de l’élevage, elle de la transformation et de la commercialisation. L’exploitation est située dans la zone de l’AOP chevrotin, les éleveurs dépensent 600 euros par an pour pouvoir apposer sur leurs fromages la petite étiquette jaune et rouge mais ils bénéficient en contrepartie d’un suivi technique de leur élevage et d’analyses régulières du lait de leurs 34 chèvres. Le couple souhaite atteindre un cheptel de 60 chèvres des Savoie. Le choix de la race s’est fait tout naturellement pour eux qui sont de la région et qui veulent valoriser l’authenticité du terroir. D’ailleurs « l’atelier caprin sera notre activité principale, mais nous allons nous diversifier avec du maraîchage, des arbres fruitiers, des poules pondeuses, etc., explique Christelle Souchet. Notre réflexion est plus globale que simplement centrée sur l’élevage caprin. » D’autant que la race commence à être bien connue du grand public et pour les consommateurs, c’est une preuve de qualité de savoir que le fromage est fait à partir du lait de la race locale. Le couple de jeunes chevriers envisage d’adhérer le plus tôt possible au contrôle laitier et de commencer à repérer les meilleures laitières en quantité et composition pour pouvoir sélection plus tard. Ils achètent leurs chevrettes à la pépinière de l’association des chèvres des Savoie et ont acheté leur premier bouc chez Cathy Berthet.

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