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Des plaquettes de bois en litière

Au Gaec du Claux, dans l’Aveyron, les plaquettes de bois procurent une litière très saine et à un prix raisonnable même en les achetant. Et qui simplifie le travail.

Remplacer la paille par de la plaquette de bois. Lucie et Nicolas Raynal ont hésité un certain temps avant de s’y risquer. Un premier frein : l’épandage dans les cases de la chèvrerie. Mais, depuis 2016, le bâtiment de 370 chèvres est équipé d’une pailleuse suspendue. Restait une seconde réticence de l’aveu même de l’éleveur : « la crainte que les plaquettes de bois acidifient les sols ». Mais, en 2018, face à un marché de la paille qui s’emballait et rassuré sur ce sujet par un article de la chambre d’agriculture, le couple a franchi le pas du paillage avec de la plaquette de bois. Elle est achetée sèche à une entreprise locale au prix de 15 € le MAP (mètres cubes apparents) soit 60 € la tonne. Sachant que la plaquette absorbe à poids égal autant que la paille, le prix est très compétitif. La plaquette de bois n’a rien à voir avec la sciure ou des copeaux de bois. Elle est issue du déchiquetage de branchages et de troncs d’arbres par coupe nette au rotor. Les morceaux mesurent de 1 à 3 cm de long et de 2 à 3 mm d’épaisseur. Les plaquettes doivent être bien sèches (maximum 35 % d’humidité) pour assurer leur pouvoir absorbant.

Des plaquettes en millefeuille avec de la paille

Il y a plusieurs façons d’utiliser la plaquette de bois pour la litière. Nicolas Raynal reconnaît être encore en phase de rodage. Tous les animaux sont sur litière de bois mais avec des modalités différentes. Pour les chèvres, elle est utilisée en millefeuille avec de la paille. Les sols étant en terre battue, l’éleveur met d’abord de la paille pendant les 10 premiers jours pour faciliter le curage jusqu’à avoir une couche de 5 à 10 cm. Puis, les apports sont calés sur un rythme hebdomadaire. Le lundi, il épand 2 à 3 cm de plaquettes. Plus rien le mardi et le mercredi. Puis, un apport d’une demi-dose de paille le jeudi et le vendredi et, enfin, un paillage normal avec de la paille le samedi et le dimanche. « Je fais des petits passages fréquents pour éviter que les crottes ne forment une croûte en surface, explique l’éleveur. Avec les plaquettes, je cure tous les trois mois et demi au lieu de deux mois et demi avec la paille seule. » Les chevreaux et chevrettes sont élevés sur une litière de plaquettes de bois, hormis la sous-couche de paille sur le sol en terre battue. L’éleveur épand une couche de plaquettes de 10 cm qui tient trois semaines à un mois sans rien mettre de plus. Elles forment un matelas absorbant qui ne se tasse pas. Ensuite, il rajoute 4 à 5 cm de plaquettes toutes les trois semaines.

« Les chèvres sont plus propres »

« Je ne vois que des avantages à utiliser la plaquette de bois pour la litière », assure Bernard Miquel, conseiller forêt, à la chambre d’agriculture de l’Aveyron. Le bois a un effet assainissant, il réduit les fermentations dans le bâtiment. En revanche, au champ, la litière de bois imprégnée de matières fécales riches en azote fermente et se décompose beaucoup plus vite que du fumier. » La litière est plus sèche, plus portante et plus confortable, aussi bien pour l’éleveur que pour les animaux. Lucie et Nicolas Raynal soulignent notamment la qualité de la litière des chevreaux nourris avec une louve, qui les fait beaucoup uriner. « Avec la paille, on courrait après la montée des eaux alors qu’avec les plaquettes de bois, la litière est toujours sèche », disent-ils. Un gain de temps également : « Avec la paille seule, il fallait pailler tous les jours voire deux fois par jour. » Pendant la période où ils utilisent des plaquettes de bois, ils ont quasiment divisé par quatre les besoins en paille. Durant l’été, ils n’en mettent pas car le temps est plus sec et les chèvres n’ont plus d’ensilage. En 2018, ils ont acheté 250 MAP (62 t) de plaquettes. « Quand on dispose de plaquettes de bois en quantités limitées, il faut privilégier l’élevage des animaux jeunes, pour leur effet assainissant, et les endroits de passage, conseille Bernard Miquel. Le seul inconvénient des plaquettes de bois en petits ruminants, c’est l’épandage. Une pailleuse suspendue, c’est l’idéal. »

Avis d’expert : Bernard Miquel, conseiller forêt à la chambre d’agriculture de l’Aveyron

« Valoriser le bois d’élagage par la plaquette litière »

« Pour une utilisation en litière, il n’est pas nécessaire d’avoir des plaquettes de qualité énergétique. La plaquette issue du bocage ou de bois blanc convient très bien. Sèche, elle est vendue entre 60 et 100 € la tonne. Un prix à comparer avec celui d’une tonne de paille. Si on dispose d’une ressource bocagère suffisante, il est intéressant de produire ses propres plaquettes, mais le prix de revient est assez difficile à évaluer. Le coût de préparation du bois (élagage, abattage, débardage, regroupement sur le chantier de broyage) n’est pas un coût supplémentaire car l’entretien des parcelles devrait être fait que le bois soit valorisé ou pas. Il est très variable selon les conditions de chantier et le type de bois (branchages ou arbres entiers). La mécanisation des différentes étapes a fortement évolué. Ces équipements spécifiques ne sont envisageables qu’en Cuma ou en prestation de service. Des élagueurs coupeurs montés sur pelle mécanique permettent de préparer le bois pour un coût de 100 € de l’heure. Le coût de broyage se situe entre 300 et 400 € de l’heure de rotor. Mais, le débit peut varier de 20 à 80 MAP par heure de broyage selon l’organisation du chantier et le calibre du bois. Le coût du broyage peut donc aller de 20 à 80 € par tonne de plaquettes. Il faut enfin prévoir un stockage spécifique pour les faire sécher pendant 3 à 4 mois, idéalement un toit et un mur d’appui du tas. S’il doit être créé, cela génère un coût supplémentaire. »

Un fumier comme les autres

Le fumier de plaquettes pur ou mélangé avec la paille ne pose aucune difficulté d’utilisation. Il est aussi riche en azote qu’un fumier pailleux et a un rapport carbone/azote très favorable à la fermentation. Son pH est compris entre 8 et 9. Il n’y a donc aucun risque d’acidification des sols. D’un point de vue agronomique, il se comporte comme du fumier pailleux. Il est préférable de le laisser mûrir avant épandage afin que les plaquettes aient le temps de se décomposer. Les fumiers issus d’essences riches en tanins (châtaignier, chêne) ou terpènes (résineux) doivent être compostés.

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