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Dans l’Ouest, les éleveurs caprins trouvent des solutions face aux changements climatiques

Le REDCap et les éleveurs de chèvres de Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire ont débuté en 2020 une réflexion sur l’adaptation de leurs systèmes face au changement climatique.

Afin de réfléchir et anticiper les changements climatiques, dix zones caprines sont étudiées par le REDCap : le Bocage et le Mellois (79), le nord de la Charente (16), la Creuse (23), la Sarthe (72), les Mauges et le Segréen (49), le sud Vendée (85) et la région de Périgueux (24). D’ici 2022, ces groupes travailleront sur l’adaptation de leurs systèmes fourragers et culturaux, ainsi que sur la conduite du troupeau, pour proposer des systèmes caprins résilients face au changement climatique. Les systèmes construits seront évalués d’un point de vue économique, environnemental, social et organisation du travail, avant leur diffusion. Les systèmes étudiés représentent la diversité des élevages caprins de notre bassin : des systèmes laitiers et fromagers, de 80 à 600 chèvres, avec une ressource fourragère valorisée (luzerne, prairies multiespèces, maïs, prairies naturelles) et des modes de récolte variés (enrubannage, foin, séchage en grange, ensilage) selon les groupes.

Ces groupes de réflexion ont ciblé différentes solutions techniques pour adapter le système fourrager. La conduite des prairies (choix des espèces et variétés, technique de semis, stratégie de fertilisation) ainsi que le chargement ont été identifiés comme premiers leviers d’adaptation au changement climatique. Il sera également d’autant plus important de sécuriser son stock fourrager avec du report de stock. Le premier temps fort de l’année fourragère arrive avec la première coupe. Les éleveurs envisagent pour certains de passer à l’ensilage ou l’enrubannage d’herbe ou encore le séchage en grange afin de récolter plus précocement la première coupe. Celle-ci peut aussi être valorisée par le pâturage ou l’affouragement en vert.

La mobilisation sur les travaux des champs au printemps sera donc plus forte avec une demande accrue de matériel diversifié. Les éleveurs ont pointé la nécessité d’achat de machines en propre, en Cuma ou autre. Enfin, les participants aux groupes de réflexion ont souligné l’importance du choix des variétés implantées. La luzerne comme le sorgho ont la capacité de pousser en été, tandis qu’un méteil ou les semis sous couvert de tournesol ou d’avoine par exemple, permettent de sécuriser les prairies. D’une manière générale, l’éleveur devra miser sur une diversité fourragère en s’adaptant d’une année sur l’autre. La ration des chèvres devra alors être suivie de près.

Ce projet est piloté par le Brilac et bénéficie du soutien financier des régions Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire, ainsi que de l’Europe. Pour suivre l’avancée du projet : http://redcap.terredeschevres.fr/

Panacher les luzernes pour plus de sécurité !

Dans le nord de la Charente, à Villefagnan, un groupe de cinq éleveurs participe au projet régional sur l’adaptation des systèmes caprins au changement climatique. La luzerne est le pivot de leur système fourrager et demande une maîtrise technique aussi importante que la conduite du troupeau ou des cultures annuelles.

Remplir les trous avec les différents trèfles

Une solution déjà mise en œuvre se résume en un mot : diversité. La luzerne n’est plus conduite en culture seule, mais avec d’autres légumineuses : trèfle violet, incarnat, blanc, lotier. Cela permet de remplir les trous dans des parcelles hétérogènes, limiter le salissement et la pression de la cuscute, tout en confortant la première coupe après l’implantation. La dose en pur de semences de luzernes inoculées avec un peu de trèfles suffit ! Les éleveurs mélangent aussi différentes variétés de luzerne dans leur semoir, entre deux à six variétés flamandes et parfois méditerranéennes. L’intérêt de ces mélanges est confirmé par des travaux d’Inrae à Lusignan : la diversité variétale permet une meilleure stabilité du rendement entre années et une meilleure production de biomasse sous stress hydrique.

Récolter tôt une première coupe riche en protéines

Le consensus se fait aussi sur des semis de la luzerne au printemps, de plus en plus sous couvert d’une céréale, comme l’avoine ou de tournesol (si la réserve utile est suffisante). Cela permet une bonne implantation de la luzerne et assurera un rendement dès la première année. Aujourd’hui, et demain encore plus, l’enjeu sera aussi de récolter une première coupe précoce et riche en protéines… pour nourrir le troupeau et permettre de bonnes repousses de la prairie avant l’été. Enrubannage et foin séché en grange (en botte ou en vrac) sont donc deux réflexions fortes dans ce groupe, à court ou moyen terme.

Les éleveurs caprins du Maine-et-Loire diversifient leurs surfaces fourragères

Dans le nord-ouest du Maine-et-Loire, près de Segré, le potentiel fourrager est intéressant, mais les terrains sont souvent séchants l’été. La stratégie des éleveurs repose donc sur deux principes : diversifier les ressources fourragères dans l’assolement pour sécuriser le système et être opportuniste pour s’adapter une année sur l’autre. Dans ces systèmes, la sole fourragère est très diversifiée. On y retrouve prairies naturelles, prairies en luzerne, prairies multiespèces et maïs. Ces surfaces sont valorisées en foin, en enrubannage et/ou en ensilage, selon la saison de récolte. Optimiser la qualité est un objectif fort.

Lisser la ration malgré des fourrages diversifiés

L’utilisation d’une ration mélangée permet une distribution mécanisée et simplifiée de cette diversité de fourrages. Ce choix permet aussi d’adapter la ration une année sur l’autre, en fonction de la récolte (stock et qualité de chaque fourrage). L’objectif est d’avoir une ration lissée sur l’année pour éviter les stress alimentaires. Dans ce système, les éleveurs mettent en avant l’importance de la maîtrise technique de la chaîne de récolte et de répartir les coûts entre investissement, coût de fonctionnement et coût des prestations : la récolte peut être faite soi-même ou via une entreprise… L’essentiel est de récolter le meilleur fourrage possible ! Une alternative proposée, pour les éleveurs souhaitant du vert dans la ration : compléter une ration mélangée avec de l’ensilage de maïs et du foin avec de l’herbe verte pâturée ou affouragée pendant la période de pleine pousse de l’herbe. Cela permet une meilleure valorisation de la pousse de printemps.

Olivier Subileau, technicien polyculture-élevage au GAB 72

« Un essai paysan de méteil d’été en Sarthe »

« Le groupe GIEE de la Sarthe travaille sur la possibilité de faire pâturer les chèvres en période estivale. L’enjeu pour ces systèmes fromagers fermiers est de poursuivre le pâturage durant l’été, dans un contexte de sol sableux à faible potentiel (et moins de 5 cm de sol). Un essai paysan a été mis en place en 2020 dans un élevage caprin de 40 chèvres, avec une approche globale qui lie le sol, la plante et l’animal. Le 15 avril, la première coupe d’une vieille prairie a été incorporée au sol, comme un engrais vert. En complément, des micro-organismes ont été incorporés avec un mulchage au roto-labour.

Un pâturage précoce contrôler la pousse des graminées

Le 26 mai, un mélange millet-moha-trèfle d’Alexandrie a été semé dans la parcelle. Le pâturage au fil de la parcelle a commencé le 6 juillet pour durer jusqu’au 15 août. Entre deux et trois tonnes de matière sèche ont été pâturées par les chèvres. Cet essai a permis au producteur d’assurer sa production de lait estivale, sans baisse de production contrairement aux années précédentes, tout en économisant du foin. Cet essai est reconduit cette année, avec un nouveau mélange sans moha et avec plus de trèfle d’Alexandrie, pour limiter l’apport de concentrés cet été. Le pâturage sera réalisé à priori plus tôt, afin d’éviter de se faire dépasser par le stade des graminées : avec deux semaines d’avance environ, donc dès fin juin. L’utilisation du fil avant et arrière permettra d’éviter le piétinement des repousses. »

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