Comment limiter les diarrhées chez la chèvre ?
Entre les pratiques d’élevage et le comportement des chèvres elles-mêmes, il existe de nombreux facteurs de risque de diarrhée chez la chèvre adulte, que l’on peut plus ou moins limiter.
Entre les pratiques d’élevage et le comportement des chèvres elles-mêmes, il existe de nombreux facteurs de risque de diarrhée chez la chèvre adulte, que l’on peut plus ou moins limiter.
« Une chèvre sur quinze atteinte de diarrhée en meurt. » C’est le constat que fait Olivier Buscatto lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires, les 15 et 16 mai derniers à Tours (Indre-et-Loire).
Reprenant une étude de 2023 menée dans 42 élevages en Aveyron représentant 14 000 chèvres, le vétérinaire rappelle qu’en moyenne une chèvre soignée sur cinq l’est pour un problème digestif, et que la mortalité due aux diarrhées représente 11 % de la mortalité totale.
En se limitant aux systèmes non pâturant excluant les cas de parasitisme, l’étude montre que certaines pratiques augmentent le risque de diarrhées d’origine alimentaire chez les chèvres adultes.
Des risques liés à la conduite
Une quantité trop importante de concentrés dans la ration notamment, augmente le risque d’acidose ruminale et d’indigestion avec parfois pour conséquence une entérotoxémie.
Côté reproduction, la « pierre angulaire de la mise en place du rationnement » peut être à l’origine de diarrhées chez les chèvres. Pour faciliter le plan de montée de ration après la mise bas, où le concentré va en moyenne doubler sur cinq semaines, il est nécessaire que les mises bas soient le plus groupées possible ou que l’alimentation soient distribuées de manière individuelle ou en lot.
Ainsi, pour des mises bas espacées dans le temps où l’éleveur n’a pas la possibilité de trier, certaines chèvres tardives ont une ration trop riche en fin de gestation. Cela entraîne un engraissement excessif ainsi qu’une transition de concentré brutale après la mise bas, avec un risque accru d’entérotoxémie.
Des facteurs physiologiques
D’autres facteurs, moins modulables car liés à la physiologie de la chèvre, sont eux aussi susceptibles d’entraîner des diarrhées alimentaires.
Le gras en fait partie. « La chèvre stocke son gras essentiellement dans le ventre ! explique le vétérinaire aveyronnais. Ce gras peut représenter le volume du rumen et par compression diminuer leurs capacités ruminales. » Les chercheurs de l’Idele et de l’Inrae ont défini la note d’état sternale, qui complète la note d’état corporel et permet de mieux apprécier la quantité totale de gras.
Enfin, un poids de chevreaux total important, dû à des chevreaux lourds ou nombreux, augmente le risque de toxémie chez la mère. « Une chèvre peut avoir plus de 15 kg de chevreaux dans le ventre, ce qui limite aussi les capacités ruminales », complète Olivier Buscatto.
Des chèvres trop gourmandes
Le comportement alimentaire des chèvres peut également être à l’origine de diarrhées. Par exemple, une chèvre gloutonne qui mange plus de concentrés que les autres est soumise à un risque d’acidose accru, en plus du risque d’étouffement. De plus, selon Sylvie Giger-Reverdin de l’Inrae, ce trait comportemental semble se transmettre à la descendance.
Les éleveurs peuvent également faire face à un comportement trieur. « Entre la valeur du foin distribué et celle réellement ingérée, il peut y avoir plus de 20 % de valeur alimentaire en plus ! » explique le vétérinaire. Il faudrait accepter au moins 15 % de refus pour optimiser la production selon les préconisations de l’Institut de l’élevage.
« Il est important de connaître la valeur des fourrages »
« Il est important de faire analyser les fourrages, de les peser et d’évaluer leur taux de matière sèche, rappelle le vétérinaire. Avec un simple déshydrateur à légumes ou une friteuse à air chaud, on peut avoir facilement une idée du taux de matière sèche, qui peut varier d’une botte à l’autre, ou dans l’avancement du silo. C’est un point important dans le rationnement. »
Ainsi, une luzerne peut avoir des valeurs alimentaires qui vont du simple au double. Les fourrages de graminées, présentant parfois un taux de sucres de 20 à 25 %, peuvent entraîner des acidoses lactiques se traduisant par des diarrhées fulgurantes qui peuvent entraîner la mort.
Enfin, selon l’UMT STAR, la génétique joue un rôle dans la prédisposition aux diarrhées. « Entre des chèvres peu efficientes et des chèvres efficientes, il peut y avoir une différence d’ingestion d’environ 500 grammes pour une même production ! » illustre Olivier Buscatto. En sachant qu’une plus grande ingestion augmente le risque d’acidose ruminale, une meilleure efficacité alimentaire limite le risque d’entérotoxémie.
Côté web
Des indicateurs pour piloter l’alimentation
L’Institut de l’élevage a édité 11 fiches présentant les indicateurs aidant au pilotage de l’alimentation des caprins (NEC, urée, lait, refus, rumination, fèces…). Le guide Syscare est à télécharger gratuitement sur idele.fr/groupe-alimentation-caprine/ressources/pilotage.