Code mutuel et Charte bovine font progresser les éleveurs
Pour accompagner techniquement les éleveurs, la Charte bovine et le Code mutuel caprin sont devenus incontournables Regards croisés sur ces démarches métiers.
Le Code mutuel caprin comme la Charte des bonnes pratiques d’élevage en bovin ont pour objectif de faire progresser les éleveurs dans leurs pratiques. « Ces démarches métiers ont été mises en place dans un contexte de changement de culture pour le monde agricole, expliquait Delphine Neumeister de l’Institut de l’Élevage lors des dernières journées 3R. Après des décennies pendant lesquelles il s’agissait uniquement de produire des biens alimentaires, la société a voulu savoir comment les éleveurs les produisaient. Et cette exigence, aussi légitime soit-elle, a nécessité la mise en place de systèmes de traçabilité, avec ce que cela suppose d’enregistrements organisés, centralisés, valorisés. »
130 techniciens pour 3 000 élevages caprins
Aujourd’hui, 3 000 élevages caprins adhèrent au Code mutuel, soit la quasi-totalité des élevages livrant leur lait à une laiterie. Le taux de pénétration est plus élevé chez les éleveurs jeunes et dans les exploitations avec des troupeaux de dimension moyenne à importante. Par contre, les éleveurs fromagers sont peu impliqués, car davantage concernés par le Guide des bonnes pratiques d’hygiène fermier.
130 techniciens agréés accompagnent les éleveurs caprins dans cette démarche volontaire pour les aider à progresser dans leurs pratiques. Ils sont issus à 40 % des laiteries, à 38 % de chambres d’agriculture et à 18 % du contrôle laitier. Par comparaison, plus de 1 500 techniciens interviennent dans les élevages bovins où 95 % des élevages laitiers et 67 % des élevages allaitants sont adhérents.
Une réponse face aux attaques de l’élevage
Ce socle commun des bonnes pratiques d’élevage peut aussi servir de réponse face aux attaques auxquelles le secteur de l’élevage est régulièrement confronté. Par exemple, suite à un article polémique paru en Angleterre sur l’élevage caprin, des distributeurs anglais avaient demandé des garanties sur les pratiques d’élevage à leurs fournisseurs français. La réponse a été collective, via l’Interprofession nationale, et basée sur le Code mutuel.
Pour intégrer les évolutions réglementaires et les nouvelles attentes des filières et de la société, la Charte et le Code évoluent régulièrement. La Charte bovine a donc connu quatre versions depuis sa création en 2000, tandis que le Code mutuel a mis sur le terrain en avril 2015 sa troisième version, après celles de 2004 et 2008.
Toujours plus d’efforts demandés
Toutefois, à chaque nouvelle version, de nouvelles exigences sont ajoutées et les éleveurs peuvent avoir le sentiment qu’on leur demande toujours plus, alors même que certains ne satisfont pas encore l’intégralité des exigences de la version précédente. « Il y a un risque de démotivation puisqu’on demande des efforts supplémentaires, sans reconnaissance réelle de ceux déjà réalisés » remarque Delphine Neumeister. Mais on peut aussi le voir comme un facteur dynamisant pour la filière dans un monde en perpétuel mouvement.
Autre problématique, ces démarches, au démarrage volontaire, ont assez vite eu un caractère quasi-obligatoire puisque l’adhésion donnait droit à certains avantages tels que l’accès à des droits supplémentaires de production, l’accès à des primes ou des bonus… « Il peut y avoir un risque pour la fiabilité des démarches, avec d’éventuelles adhésions de complaisance, s’interroge Delphine Neumeister. Mais cela peut aussi être vu comme un niveau minimum de pratiques professionnelles requis pour livrer des produits à l’aval. »