Avec le GPS, on gagne du temps sur la garde
Dans l’Aude, Claudine et Stéphane Poissy ont équipé leurs chèvres de balises GPS pour gagner sur le temps de garde. Les chèvres peuvent explorer le parcours en toute tranquillité.
Après avoir élevé des bovins dans les montagnes ariégeoises, Claudine et Stéphane Poissy ont finalement posé leurs valises dans la garrigue audoise, sur la commune de Mayronnes, au sud-est de Carcassonne. Là, ils ont découvert un paysage moins évident pour l’élevage, avec une végétation dense voire impénétrable. Investis dans la sauvegarde de la race chèvre des Pyrénées, ils ont su argumenter et démontrer ses aptitudes à valoriser les milieux embroussaillés auprès du maire du village. Celui-ci a été convaincu de l’intérêt des caprins et il a loué, pour un euro symbolique, 40 hectares de terrains communaux aux deux éleveurs. C’était une première pierre à l’édifice qu’ont patiemment construit Claudine et Stéphane Poissy. Ils disposent aujourd’hui d’une centaine d’hectares pour faire paître leur cinquantaine de chèvres. L’ensemble des terrains sont utilisés en parcours et, dans les premiers temps de leur installation, Claudine gardait quotidiennement les chèvres. Malgré l’intérêt qu’elle trouvait dans ce contact privilégié avec ses animaux, le temps passé à guider les animaux ou à les retrouver était contraignant et épuisant.
Plus de liberté de déplacement pour les chèvres
Les deux éleveurs ont donc fait le choix d’équiper leur troupeau d’une balise GPS (modèle Tracker G400 de EGcomm). Fixée sur un collier, la balise émet toute la journée et son emplacement en temps réel est visualisable sur un site web, avec un fond de carte Google Maps. En plus du positionnement à un instant T, le circuit de pâturage quotidien de la chèvre porteuse du collier est enregistré. « C’est intéressant de voir là où elles vont spontanément ! Finalement c’est un gain de liberté pour les animaux : elles vont là où ça leur va bien », s’amusent le couple chevriers. Dans le troupeau, composé de 40 à 45 adultes et sept chevrettes, une seule chèvre porte la balise. Le choix de l’animal doit être bien réfléchi : il faut éviter les meneuses, qui vont avoir une tendance à l’exploration qui ne sera pas très représentative des mouvements du troupeau. Il faut également éviter les traînardes et les peureuses, dont les déplacements seront biaisés par l’environnement. Claudine et Stéphane ont fait le choix d’équiper une chèvre forte et tranquille. Une dominante peut aussi être équipée car le seul fait de se démarquer du reste du troupeau en ayant un contact quotidien avec l’éleveur qui lui pose et lui retire la balise assoit sa supériorité et évite qu’elle ne s’impose à coups de cornes. Néanmoins, la limite à ne mettre en place qu’une seule balise est que, si le troupeau se fractionne, aussi bien le positionnement que le suivi GPS quotidien n’auront plus vraiment d’intérêt car les données ne seront plus représentatives du troupeau.
Davantage de sérénité et un gain de temps
Pour Claudine et Stéphane Poissy, le gain de temps et d’effort est très intéressant. « Je passais un temps fou pour voir où elles étaient parce que j’avais peur qu’elles descendent dans le village voisin, se rappelle l’éleveuse. Je devais aussi les chercher pour les faire entrer à la chèvrerie. Aujourd’hui, on vérifie simplement où elles se trouvent et, si besoin, on intervient pour les faire revenir. » La balise est mise en charge la nuit et, comme les chèvres dorment dans le bâtiment pour être sur place pour la traite du matin, il n’est pas long pour les éleveurs de récupérer puis de replacer la balise. L’utilisation de la balise a permis aux éleveurs de se dégager davantage de temps pour transformer les produits. Grâce aux aptitudes allaitantes de la chèvre des Pyrénées, ils proposent des caissettes de chevreaux élevés sous la mère en vente directe ou en circuit court. Ils ont été également surpris par les bons résultats laitiers de cette race rustique et ont donc fait le choix de valoriser également le lait via la fabrication de yaourts. Le passage en bio s’est fait facilement, puisque le système d’élevage s’y prêtait bien avec principalement du parcours et cela leur a permis de valoriser leurs produits dans le réseau de Biocoop local.