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Accélérer sur l’autonomie protéique en élevage caprin

Atteindre 75 % d’autonomie protéique en moyenne dans les élevages caprins est possible, mais doit être réfléchi globalement pour envisager tous les coûts et le temps de travail induits.

En faisant un bilan partiel, l'éleveur peut estimer les coûts et gains engendrés par l'introduction d'une nouvelle pratique, telle que l'affouragement en vert pour améliorer son autonomie protéique.
En faisant un bilan partiel, l'éleveur peut estimer les coûts et gains engendrés par l'introduction d'une nouvelle pratique, telle que l'affouragement en vert pour améliorer son autonomie protéique.
© V. Hervé-Quartier

Si sa consommation totale est faible comparée à d’autres filières, l’élevage caprin est parmi les moins autonomes, avec 54 % d’autonomie alimentaire totale et 47 % d’autonomie protéique à l’échelle des exploitations. Le plan de relance protéine a fixé un objectif ambitieux avec un doublement des surfaces en oléoprotéagineux et légumineuses fourragères en dix ans, qui devront représenter 8 % de la SAU, soit 2 millions d’hectares en France. Plusieurs axes sont travaillés, dont le développement de l’autonomie protéique des élevages de ruminants à travers le projet Cap Protéines.

« Ces chiffres cachent une forte diversité de systèmes alimentaires et de niveaux d’autonomie, a présenté Nicole Bossis, responsable de projets à l’Institut de l’élevage, lors d’un webinaire consacré à l’autonomie protéique en élevage caprin. Les systèmes pâturant et pastoraux sont les plus autonomes, à presque 70 %. À l’inverse, les systèmes en ration sèche ne sont qu’à 20 % d’autonomie protéique. Plus surprenant, les systèmes foin se situent autour de 30 à 50 % d’autonomie protéique. »

47 % d’autonomie protéique

Il existe une grande variabilité intrasystème et, dans presque tous, il est possible d’aller au-delà de 70 % d’autonomie alimentaire. Les spécificités régionales expliquent aussi une partie des disparités, en lien avec l’historique des pratiques alimentaires et des potentiels plus ou moins favorables. Les élevages de l’Ouest, par exemple, disposent de plus de foncier et ont une autonomie alimentaire plus élevée que la moyenne, mais une autonomie protéique faible, avec des troupeaux qui ont une forte consommation de concentrés, dont une partie est achetée.

Dans le Centre, sous l’impulsion des AOP, les éleveurs produisent leurs fourrages et une grande partie de leurs concentrés. Dans le Sud-Est et en Auvergne-Rhône-Alpes, l’accès au foncier est plus difficile et, donc, l’autonomie alimentaire moins facile à atteindre. En revanche, leur autonomie protéique est meilleure, notamment parce qu’ils sont moins utilisateurs de concentrés.

Robustesse et stabilité

S’il faut rester raisonnable, un objectif de 75 % d’autonomie alimentaire semble atteignable. Il ne faut pas viser l’autonomie à tout prix sur son exploitation et raisonner à l’échelle locale, régionale. Entre main-d’œuvre disponible, foncier, matériel… l’autonomie alimentaire et protéique se réfléchit globalement. La méthode des bilans partiels permet d’estimer gains et coûts d’une nouvelle culture ou pratique avant de la mettre en place (par exemple : remplacer 500 g de chèvre laitière 18 % par 500 g de pois produit sur l’exploitation). Il n’y a pas de relation entre autonomie alimentaire et revenu, mais elle apporte de la stabilité et de la robustesse aux exploitations. Avec moins de charges opérationnelles, la rémunération aux 1 000 litres est souvent supérieure dans les élevages les plus autonomes.

Côté web

Rendez-vous sur cap-proteines-elevage.fr pour accéder aux témoignages, fiches élevages et conseils pour améliorer l’autonomie protéique des élevages caprins.

Estimer son autonomie avec Devautop

Mis en forme dans le cadre du projet Cap Protéines, à partir d’un outil développé dans les régions de l’ouest de la France, le logiciel Devautop estime rapidement le niveau d’autonomie protéique à partir d’une trentaine de données. L’outil calcule les besoins en matière azotée totale (MAT) des animaux, selon des caractéristiques comme la productivité laitière, l’âge, la race ou le format. L’utilisateur renseigne les quantités d’aliments consommés sur une campagne. Pour chaque aliment saisi, une part de MAT est attribuée, ainsi qu’une provenance, déclinée en trois indicateurs (tracteur, camion, bateau) et une occupation au sol. Cet outil sera utilisé dans le cadre de la MAEC autonomie protéique. Facile à prendre en main, il s’adapte à un conseil individuel ou collectif. Les informations sont faciles à retrouver par l’éleveur et/ou le conseiller, pour un résultat obtenu en 30 minutes.

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