Chassez le loup, il revient au galop
Alors qu’il avait éradiqué du sol français à la fin des années 30, le loup gris est revenu en France. En 1992, un couple de Canis lupus, ou loup gris, a franchi la frontière avec l’Italie et a été aperçu pour la première fois depuis près de 50 ans dans le parc national du Mercantour.
Alors qu’il avait éradiqué du sol français à la fin des années 30, le loup gris est revenu en France. En 1992, un couple de Canis lupus, ou loup gris, a franchi la frontière avec l’Italie et a été aperçu pour la première fois depuis près de 50 ans dans le parc national du Mercantour.
Historiquement présent sur tout le territoire métropolitain, le dernier loup a été éradiqué en 1937. Les motivations de l’époque étaient déjà liées aux dégâts que le grand prédateur causait sur les troupeaux domestiques. Une cinquantaine d’années plus tard, il fait son grand retour en France. Passant par les Alpes italiennes, il est aperçu dans le parc national du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes. Il bénéficie alors du statut d’espèce strictement protégée au niveau européen, selon la Convention de Berne, signée en 1979. Les obligations de chaque État membre de l’Union européenne sont définies par la Directive « Habitats », qui reprend chaque espèce inscrite à la Convention de Berne et stipule les mesures de protection à instaurer.
Une colonisation dans tous les milieux
S’il est revenu en France via les Alpes, le loup n’est pour autant pas endémique des reliefs montagneux et s’adapte à tous types de milieux. Ce qui explique la colonisation de l’espèce sur l’ensemble du territoire français, n’épargnant quasiment aucun territoire (si ce n’est les zones très peuplées).
Le suivi des loups en France est effectué par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) via le réseau Loup-Lynx*. Depuis janvier 2022, les agents de l’OFB peuvent être secondés dans la collecte d’indices de présence du loup par toutes les personnes volontaires, y compris les éleveurs. Il faut néanmoins respecter les critères qualité formulés par le réseau Loup-Lynx pour que les indices soient bien pris en compte. Ces indices recueillis sur le terrain viennent conforter les analyses génétiques combinées aux méthodes statistiques qui permettent à l’OFB d’estimer la population de loups présents sur le territoire français.
118 % d'augmentation de la population en cinq ans
La population de loups en France est estimée à plus de 920 individus, selon une fourchette allant de 826 à 1 016 individus, répartis sur au moins 50 départements. Entre 2016 et 2021, le nombre de loups sur le territoire national a augmenté de 118 %. La France et le Portugal sont les pays européens qui affichent les augmentations les plus élevées, signe que la politique de préservation de l’espèce est un succès, au détriment des activités d’élevage. Après l’été 2021, le réseau Loup-Lynx estimait que la population lupine était répartie au moins en 145 « zones de présence permanente, dont 126 en meutes. L’OFB et le Muséum national d’Histoire Naturelle avaient estimé que le seuil de viabilité pour la population était de 500 loups et qu’il serait atteint en 2023. Force est de constater à l’heure actuelle que ce seuil est d’ores et déjà largement dépassé.
Le retour du loup dans nos pages
« "À l’unanimité, les éleveurs réclament l’élimination des six loups présents dans le parc du Mercantour et ce, par tous les moyens. Moutons et Loups ne peuvent cohabiter !" Telle est la position de la fédération départementale ovine des Alpes-Maritimes suivie en cela par la FDSEA et de nombreux élus. Animateur de cette FDO, Pierre Astier précise que des tables rondes organisées par la Chambre d’agriculture ont montré l’opposition très marquée des éleveurs, des élus et des sociétés de chasse. « S’il attaque les ovins en été, le loup en hiver s’acharne sur les chamois et les mouflons ! D’ailleurs même les touristes s’inquiètent… ». Sans doute, ces derniers auront-ils le dernier mot dans un département où ils sont rois. »
Le saviez-vous ?
Le loup Canis lupus italicus, qui vit en France et en Europe, pèse environ 35 kg pour le mâle et 30 kg pour la femelle. Il mesure entre 65 et 70 cm au garrot pour une longueur d’environ 110 centimètres auxquels s’ajoutent 35 centimètres de queue. Sa taille est assez semblable à celle d’un grand Berger allemand plus haut sur pattes et plus efflanqué. Le pelage est variable entre le brun, le roux et le gris. Il consomme entre 4 et 5 kg de viande par jour.