Certification environnementale : « Avec la HVE, nous voulons anticiper les attentes plutôt que subir »
Habitués des audits, Damien et Nathalie Renard ont certifié leur exploitation HVE. Un outil de progrès intéressant dont ils regrettent le peu de valorisation économique
Habitués des audits, Damien et Nathalie Renard ont certifié leur exploitation HVE. Un outil de progrès intéressant dont ils regrettent le peu de valorisation économique
Damien et Nathalie Renard aiment progresser. Leur dernier défi : l’obtention de la certification HVE, le niveau 3 de la certification environnementale, pour leur EARL située à Saint-Just-en-Chaussée, dans l’Oise. C’est chose faite depuis 2020. La HVE n’est pas obligatoire, mais Damien y voit un bon outil de réflexion pour anticiper l’évolution de la réglementation. « Nous nous préparons à ce que la société attend de nous », affirme-t-il.
Cultivant une moitié de leur ferme de 139 hectares en cultures industrielles (betteraves rouges et sucrières, pommes de terre chips et frite), et l’autre en blé, le couple est familier des audits et autres démarches de certification. « En légumes d’industrie, il devient impossible de vendre sans le sésame Global gap, notamment à l’export. Ce référentiel de bonnes pratiques agricoles s’applique partout dans le monde, avec des standards et procédures reconnues », précise l’entrepreneur.
Rompu aux tâches administratives et à la traçabilité, il préfère anticiper que subir. Son objectif : transformer les exigences de la HVE qui relèvent de la réglementation en atouts. Le rangement du local phyto fait ainsi partie des obligations légales, mais cette habitude est avant tout un gage de sécurité pour la santé, juge Damien. Quant à la traçabilité des traitements phytosanitaires, elle évite selon lui les erreurs : « Je m’impose une fiche que je prépare la veille, indiquant la qualité de l’eau, le dosage, la parcelle, la date… Je la donne à mon salarié… ou à moi-même ! Je me donne un ordre », s’amuse-t-il.
Une certification collective avantageuse
Pour s’adapter, Damien a deux secrets. La formation et l’appartenance à des collectifs de réflexion. Il participe au GIEE (1) Eco phyt’Amienois Santerre dont il assure la présidence. Avec une quarantaine d’agriculteurs, il cherche à développer de nouveaux systèmes en grandes cultures, plus résilients, avec un bas niveau d’intrants chimiques et une optimisation de l’irrigation. Les échanges permettent la comparaison et l’émergence de nouvelles solutions.
Dans cette logique, la HVE est utilisée comme un outil d’évaluation de la performance agroécologique globale au sein du GIEE, qui propose une certification collective. L’approche de groupe est attractive : adhérer pour 800 euros par an au GIEE permet aux agriculteurs de bénéficier d’un accompagnement global collectif, incluant un audit annuel, un plan d’action… Par ailleurs, l’agriculteur n’est audité par un organisme extérieur que tous les quatre à six ans. En présentation individuelle, l’agriculteur débourserait 810 euros, sans aucun accompagnement.
Des leviers activés de longue date
Pour les quatre indicateurs environnementaux qu’impose la HVE (biodiversité, fertilisation, protection des plantes et gestion de la ressource en eau), l’EARL de Tremonvillers tire profit d’une réflexion et de l’activation de leviers de longue date. Grâce aux 2 km de haie plantées en quinze ans, l’exploitation coche la case biodiversité. « Placées en bordure de chemin ou en limite parcellaire, elles me gênent peu », estime Damien. La rotation diversifiée et les couverts permanents constituent d’autres atouts pour cet indicateur. Les Renard, en transition vers l’agriculture régénérative, ne détruisent leurs couverts Cipan qu’un mois avant les semis de printemps.
Pour la fertilisation, l’exploitant utilise des produits TMCE pour activer ou modérer l’activité des microorganismes. « J’ai banni mes apports de phosphore. Je compte sur mes couverts permanents pour remobiliser les éléments disponibles. En revanche, la fertilisation potassique reste importante, avec des plantes exigeantes comme les betteraves et les pommes de terre », précise le chef d’entreprise. Pour l’azote, il respecte les doses bilans.
Reste l’irrigation. Sur ce point, les pratiques ont peu évolué depuis l’arrivée de cette technologie sur l’exploitation en 1978, mis à part les limitations horaires et les OAD. « Nous passerons sûrement du canon à la rampe localisée, mais les investissements sont très conséquents », reconnaît l’agriculteur. En attendant, pour éviter les ruissellements, les exploitants ont investi dans une planteuse de pommes de terre qui construit des microbarrages entre les buttes.
Une valorisation financière insuffisante
Des progrès significatifs pour les IFT
En quatre ans, le couple évalue à plus de 40 % l‘économie des doses phytosanitaires. Pionniers, ils expérimentent aussi les produits en biocontrôle (purin d’ail en betteraves rouges comme insecticide, cuivre et manganèse sur blé en deuxième fongicide…). Autre projet, le semis de blé à 25 cm d’écartement en semis direct, avec un binage possible au printemps.