« L'Europe est excédentaire en viande bovine et le restera pour les dix prochaines années » selon Vincent Chatellier, d'Inrae
Lors d’un symposium organisé par MSD Santé Animale à Clermont-Ferrand en juin 2023, Vincent Chatellier, économiste à l'Inrae, a dressé une rétrospective du marché de la viande bovine sur les cinquante dernières années. A l'échelle européenne, la consommation est loin de s'effondrer, la production est encore excédentaire et le niveau des importations reste à relativiser dans le temps.
Lors d’un symposium organisé par MSD Santé Animale à Clermont-Ferrand en juin 2023, Vincent Chatellier, économiste à l'Inrae, a dressé une rétrospective du marché de la viande bovine sur les cinquante dernières années. A l'échelle européenne, la consommation est loin de s'effondrer, la production est encore excédentaire et le niveau des importations reste à relativiser dans le temps.

« Cette prise de recul sur les chiffres est l'occasion de remettre un peu de pondération dans le débat et de sortir de cette spirale négative liée à la décapitalisation » introduit Vincent Chatellier, ingénieur de recherche au département EcoSocio à l’Inrae et directeur adjoint de l’Unité Mixte de Recherche SMART, lors d'un symposium viande bovine organisé par MSD Santé Animale à Clermont-Ferrand en juin 2023.
Au niveau européen, la Direction générale de l'agriculture et du développement rural (DG AGRI) prévoit en effet une baisse de la consommation et de la production bovine à horizon 2030. Mais comme l'illustre la courbe de la production (voir graphique ci-après), « l'UE des 27 est une zone excédentaire en viande bovine et le restera pour les dix prochaines années en dépit du fait que la consommation intérieure recule » indique Vincent Chatellier, avant d'ajouter que la Commission européenne ne projette pas non plus une hausse des importations à moyen terme.

En 2022, la balance commerciale de viande bovine à l'échelle communautaire affiche encore un excédent de production de l'ordre de 200 000 tonnes équivalent carcasse (tec). Bien sûr, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Alors que l'Irlande et la Pologne sont structurellement excédentaires, en France, l'écart se creuse depuis vingt ans, face à une production qui baisse plus vite que son niveau de consommation.
Si on considère uniquement la viande bovine abattue et consommée sur le marché intérieur (hors broutards), le taux d'auto-approvisionnement tricolore est passé de 116 % dans les années 2000 à 90 % en 2022. « Ces chiffres sont préoccupants et démontrent bien qu'il ne serait pas raisonnable d'accroître notre dépendance aux importations. Pour autant, la France est et restera le premier producteur même en proie à la décapitalisation. Aucun autre pays en Europe n'est en capacité de produire autant de volumes » relate l'économiste de l'Inrae.

Du côté des importations européennes, Vincent Chatellier appelle là encore à calmer le débat. « Si on compare les chiffres sur les dix dernières années, on se rend compte que leur niveau n'a pas tellement bougé. Les importations européennes en provenance du Brésil ont été divisées par deux voire trois en l'espace de quinze ans. Cela ne veut pas dire qu'il faut signer n'importe quoi, mais les flux issus des pays tiers ne sont pas si toniques » pondère l'expert.
