Viande bovine : sur l’enjeu climatique, « l’Europe n’est pas le centre du monde »
Lors d’un symposium organisé à Clermont-Ferrand en juin 2023 par MSD Santé Animale, les intervenants ont appelé à pondérer le débat en resituant le faible poids de l’Europe dans les échanges mondiaux de viandes. Il est important de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre produites sur notre sol, mais il convient aussi de considérer celles issues de nos importations.
Lors d’un symposium organisé à Clermont-Ferrand en juin 2023 par MSD Santé Animale, les intervenants ont appelé à pondérer le débat en resituant le faible poids de l’Europe dans les échanges mondiaux de viandes. Il est important de prendre en compte les émissions de gaz à effet de serre produites sur notre sol, mais il convient aussi de considérer celles issues de nos importations.
« Nous avons souvent tendance à nous considérer au centre de la carte et à estimer que si nous, européens, changeons notre façon d’agir, tout va changer dans le monde. C’est une erreur monumentale ! » lance Vincent Chatellier, ingénieur de recherche au département EcoSocio à l’Inrae et directeur adjoint de l’Unité Mixte de Recherche SMART.
Le spécialiste appelle à resituer le poids de l’Europe dans les échanges mondiaux : « l’UE à 27, c’était en 2020 5,6 % de la population mondiale, c’est-à-dire 12 % de la consommation mondiale de viande. De fait, 88 % de la viande consommée à travers le globe échappe complètement au Vieux continent. En termes de projections de croissance, l’augmentation de la consommation de viande en Asie en l’espace de quinze ans équivaut à la consommation européenne totale actuelle. Ces chiffres nous amènent à notamment à nous interroger sur les effets des gaz à effet de serre. Le réchauffement climatique n’a pas de frontières, la question n’est donc pas de savoir qui doit donner l’exemple mais plutôt quelles actions doivent être menées pour que les résultats soient les plus efficients collectivement. Or, dans un certain nombre de débats, on se rend compte qu’il n’y a plus aucune pondération sur le faible poids que représente l’Europe dans ces réflexions ».
Raisonner « empreinte » à l'échelle du globe
Concernant plus précisément la production bovine, « la FAO estime les émissions de gaz à effet de serre des vaches françaises parmi les plus faibles au monde : 15,6 kg d’équivalent CO2 par kg de viande contre 27 kg pour la moyenne mondiale. D’après l’Idele, elles s’établissent même à 8,7 kg si on prend en compte le stockage de carbone dans les sols associés à la production de viande » rapporte Alessandra Kirsch, directrice des études chez Agriculture Stratégies.
Qu’il s’agisse de l’accord de Paris ou bien du pacte vert pour l’Europe, « tous les objectifs de réduction des gaz à effet de serre portent sur les émissions issues de ce que nous produisons sur notre sol. Cela signifie que nous ne considérons absolument pas les émissions issues de nos importations. Or, le changement climatique doit être raisonné à l’échelle mondiale selon une approche "empreinte" » reprend l’experte.