Comment se porte la filière veaux de boucherie ?
Alexandre Merle - "La filière veaux est plutôt en bonne santé économique. Même si on a perdu le leadership de la production en 2016, on a mis fin à une chute des abattages (en nombre de têtes) qui durait depuis trente ans, ce qui est une bonne nouvelle. L’enjeu de 2017 est donc de poursuivre ce maintien pour envoyer un signal positif au secteur et aux filières animales pour lesquelles, il est vrai, la situation est compliquée. On dispose par ailleurs d’une organisation de filière qui nous permet d’avoir une bonne adéquation entre les animaux produits et la consommation, d’où un prix qui permet aujourd’hui aux éleveurs de gagner leur vie. Autre point positif, la France est le premier consommateur mondial de viande de veau avec environ 3,4 à 3,5 kilos par habitant par an."
Quels principaux obstacles se dressent à l’heure actuelle ?
A. M. - "Le secteur est soumis aux aléas climatiques, dans le sens où les périodes chaudes sont défavorables à la consommation. On oublie d’en consommer pendant la période estivale, alors qu’elle se consomme très bien à la plancha, au barbecue, émincée, en brochettes ! Il faut une meilleure information du consommateur. C’est la démarche que l’on est en train de suivre avec les professionnels de la filière, artisans bouchers et grandes surfaces. Désaisonnaliser la consommation de veau est un véritable enjeu.
Il est important également de retrouver de la régularité dans les approvisionnements. Les mises en place sont difficiles à gérer. Au moment des naissances (novembre-décembre), on n’a pas suffisamment de places pour accueillir tous les mâles (50 000 veaux par semaine pour 25 000 places) avec la nécessité d'en exporter une partie. On est ensuite obligés d’en importer pour remplir les ateliers. Il y a une inéquation entre l’offre et le besoin."
L’antibiorésistance est une question importante qui implique la filière laitière. Imaginez-vous un travail de concertation ?
A. M. - "Sur les deux problèmes de l’antibiorésistance et de la réduction de l’utilisation des antibiotiques, on dispose de deux leviers : la santé du jeune veau et le bâtiment. Concernant le second point, on peut résoudre le problème en interne. Par contre, pour la santé du jeune veau, on ne va pas y arriver seuls. C’est pourquoi, nous avons engagé des discussions avec le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière). Il est essentiel de sensibiliser les éleveurs sur le sujet, de les informer et pourquoi pas d’attribuer une bonification aux naisseurs dont les veaux disposent de performances zootechniques positives…"
Quel bilan, quelles perspectives suite à ce symposium ?
A. M. - "Le symposium a permis de soulever de nombreuses questions plus que d’apporter des solutions. Notre souhait est que chacun rentre chez lui avec de quoi nourrir sa réflexion. Le symposium est un point de départ pour notre séminaire de fin d’année qui établira, à l’échelle de notre pays, une feuille de route pour les trois ans à venir.
Le renouvellement des générations sera au cœur des discussions, à commencer par le renouvellement des contrats types passés entre les éleveurs et les intégrateurs, dans les années 1983-1984. Il faut repenser la contractualisation. Ces contrats ne sont plus valables aujourd’hui. Il est important de donner de la visibilité aux éleveurs car les investissements sont lourds. Pour un bâtiment de 350 à 400 places, il faut compter 500 000 à 600 000 euros. Sans avoir pour autant accès à un bâtiment du futur. Sans visibilité dans le temps, il est donc difficile d’attirer des jeunes. On a encore beaucoup de travail, mais avec la politique des petits pas, on finira par trouver un accord. Je suis plutôt confiant. On ne recule devant aucun sujet."
Repenser les contrats types qui engagent producteurs et intégrateurs