Elevage des génisses
Se former pour progresser dans le tri des génisses
Pour aider les éleveurs dans leurs choix, les conseiller sur le nombre de femelles à conserver en leur apportant des éclairages sur le devenir commercial des réformes, Bovins Croissance du Puy-de-Dôme propose une formation.
"Celle-là, je la garde ou je la vends? Est-ce que je n’ai pas plutôt intérêt à privilégier la fille de la 4813 qui vêle chaque année à la même date tout en étant très laitière plutôt que de donner priorité à la fille de la 5830 qui est ma vache la plus lourde mais dont la production est très irrégulière ? Quant à celle-là c’est sûr, je n’en veux pas. Sa mère est un peu « garce » et je dois en plus lui faire parer les pieds chaque année." Tous les éleveurs se sont probablement posé ce type de questions au moment du tri de leurs génisses de renouvellement. Pour les aider à optimiser ce choix, une formation a été initiée l’an dernier par la section Bovins Croissance de l’EDE du Puy-de-Dôme. Une seule de ces journées de formation pris en charge par Vivea a pour l’instant été organisée sur un élevage Aubrac, mais compte tenu du bon accueil réservé à cette initiative, l’objectif est de les pérenniser. Ces formations sont réalisées en partenariat avec les différents syndicats de race pour le volet génétique et des Organisations de producteurs pour la partie commerciale. « L’objectif est d’accompagner les éleveurs pour qu’ils puissent d’abord évaluer leurs besoins en femelles de renouvellement et trier quantitativement et qualitativement (en fonction de leur morphologie, comportement et valeur génétique) leurs génisses », explique Gille Gapihan, animateur Bovins Croissance du département.
Passage en revue des postes morphologiques et des index
La première de ces journées a rassemblé 15 éleveurs. Elle a eu lieu sur l’exploitation de d’Eric Sarliève, au milieu d’un lot de génisses tout venant, récemment sevrées. La volonté est de faire de ces formations sur le terrain des moments où le volet théorique est toujours intimement associé à l’aspect « pratique ». « Assurée par Patrice Chalaphy technicien Bovins Croissance, une première étape a consisté à connaître les postes morphologiques à utiliser et les relations entre ces postes et les aptitudes bouchères ou qualités maternelles en lien aux caractéristiques de la race. » Poste par poste, la morphologie des laitonnes est donc commentée. Qualité du bassin, aplombs : ce premier jugement visuel est source de discussions entre éleveurs et techniciens. L’automne dernier, à l’occasion de cette première journée, Pierre Chardaire, technicien à l’Organisme de sélection s’était joint au groupe et a souligné les critères clés recherchés en race Aubrac en particulier sur le volet morphologie. « Le second exercice consiste à définir les besoins en génisses de renouvellement en fonction des objectifs de l’éleveur et de son cheptel. Pour les races Salers et Aubrac, une dimension supplémentaire est à prendre en compte, celle du croisement industriel pour lequel un taux trop important entraîne une moindre pression de sélection et donc un frein au progrès génétique par la voie femelle. » Au cours de la troisième étape, chaque éleveur trie les génisses qu’il juge les plus intéressantes. Dans un premier temps, il établit sa liste sur les seuls critères morphologiques, puis il pondère ce choix en fonction des index de l’animal et de ses deux parents. « Un critère comme la valeur laitière n’est pas facilement visible sur une génisse juste sevrée ! Les informations complémentaires sur les index analytiques, les lignées ou les qualifications des parents sont des compléments indispensables pour mettre les meilleures chances de son côté », insiste Gilles Gapihan. La confrontation du résultat du tri de chacun des participants est ensuite l’occasion de relancer la discussion sur les différences observées et de les enrichir de l’avis de l’éleveur propriétaire des génisses, du technicien Bovins Croissance et de l’inspecteur de l’OS. Le dernier volet abordé concerne le devenir des femelles non conservées. L’objectif est d’apporter l’éclairage de la part d’un technicien d’une Organisation de producteurs. A l’issue de la première journée organisée l’automne dernier, les participants ont été globalement satisfaits. Les remarques les plus négatives concernant principalement la partie sur le devenir commercial des femelles non conservées. Difficile toutefois de donner des perspectives claires alors que la conjoncture ne permet pas d’avoir une bonne visibilité du marché.