Phytothérapie vétérinaire
Reconnaître les plantes médicinales de son territoire
Identifier de façon sûre les plantes présentant des atouts santé pour les animaux et qui poussent naturellement chez soi n’est pas toujours facile. La chambre d’agriculture des Ardennes a organisé sur ce thème une formation destinée aux éleveurs.
Identifier de façon sûre les plantes présentant des atouts santé pour les animaux et qui poussent naturellement chez soi n’est pas toujours facile. La chambre d’agriculture des Ardennes a organisé sur ce thème une formation destinée aux éleveurs.
Pour déterminer une plante, c’est-à-dire la reconnaître et l’identifier, Benjamin Laurent, naturaliste qui intervenait auprès d'éleveurs ardennais, conseille de d’abord acquérir quelques notions sur la géologie du lieu. Certes, il existe des plantes qui poussent partout. Mais en principe, chaque plante pousse sur un sous-sol précis. « Connaître la géologie de ses sols permet déjà d’orienter la réflexion lorsqu’on se demande si une plante est plutôt celle-ci, ou bien plutôt celle-là. Le site geoportail sur internet est une bonne source pour se familiariser avec la géologie », recommande le spécialiste.
Autre conseil : ne pas se fier pour l’instant aux applications sur téléphone mobile qui identifient les plantes à partir de photos qu’on leur soumet. « Les applications donnent un pourcentage d’erreur trop élevé dans les résultats. Il est plus sage de faire confiance aux livres, et en particulier à ceux qui sont dédiés à un territoire donné. Souvent, ils fournissent une clé de détermination et il n’y a pas mieux que les dessins pour repérer les caractéristiques d’une plante », estime Benjamin Laurent.
Utiliser les noms en latin pour s'y retrouver sur internet
Sur internet, dans ses recherches, il est d’autre part important d’utiliser les noms en latin, même pour les recherches sur les pages françaises. Les noms des plantes varient souvent d’une région à l’autre. Si on fait des recherches à l’échelle plus large, les plantes américaines sont beaucoup mieux référencées que les nôtres sur la toile, ce qui peut vite dérouter l’apprenti botaniste. Il ne faut pas attacher trop d’importance à la couleur de la fleur, car elle varie assez fréquemment pour une même espèce selon la nature du sol, voire selon l’avancée de la saison. Par contre, le botaniste préconise de se fier à son nez, l’odeur dégagée par une feuille froissée entre les doigts étant un déterminant très spécifique et qui se mémorise bien. Dans certaines familles de plantes, il est très difficile de s’y retrouver sans faire d’erreur. C’est le cas par exemple de la famille autrefois appelée des ombellifères – celle de la banale carotte - au sein de laquelle certaines plantes sont dangereuses. Benjamin Laurent conseille ainsi de laisser tomber l’idée d’utiliser cette famille de plantes. « Enfin, les plantes médicinales ayant toujours plusieurs indications, il peut être difficile de tout mémoriser. Pour ne pas s’y perdre, je recommande de ne retenir pour débuter qu’une seule indication par plante : la plus efficace. »
Une fois la plante d’intérêt identifiée, pour en faire bon usage pour ses animaux, il est indispensable de suivre une formation spécialisée en phytothérapie vétérinaire.
Récolter au bon stade et bien faire sécher
Pour utiliser les plantes que l’on récolte soi-même, il faut anticiper. C’est au moment de la floraison qu’elles sont le plus riches en principes actifs, même si on obtient aussi des propriétés efficaces avec des plantes récoltées aux autres stades. Pour les feuilles, le mieux est de cueillir à la fin d’une grande journée ensoleillée, car c’est le moment où elle contiennent le moins d’eau. Il est important de s’assurer que les plantes que l’on récolte n’ont pas reçu de traitement phytosanitaire dans les jours précédents.
Pour bien conserver les plantes, il faut les faire sécher dans le noir et à plat. Si on les conserve en bouquet, de la moisissure risque de se développer au niveau du lien. Un placard ou un tiroir de cuisine font l’affaire. Pour les utilisations en élevage, selon la taille du troupeau, il faut récolter des quantités assez importantes et il peut être alors nécessaire d’aménager un endroit plus spécifique. Les plantes sèchent en deux à trois semaines en général, et une fois sèches, elles se conservent deux ans sans problème à condition d’être maintenues dans le noir.
Une quarantaine de plantes passées en revue en une journée
Début juin, une vingtaine d’éleveurs de bovins et ovins ont suivi une journée de formation pratique, organisée par la chambre d’agriculture des Ardennes dans les environs de Charleville-Mézières. Sur un parcours d’environ quatre kilomètres, une petite quarantaine de plantes d’intérêt pour la santé ont été identifiées. Chacun a pu prendre des notes et des photos destinées à servir d’aide-mémoire. Cette formation a pu intéresser des éleveurs qui utilisent déjà la phytothérapie dans leur élevage et qui souhaitent réviser et élargir leurs connaissances, comme des personnes qui s’intéressent à ce sujet et envisagent de se former pour utiliser cette technique.