Produire de la viande rouge à partir de veaux laitiers
Face à la mévente des petits veaux laitiers, quelles sont les possibilités pour les conduire en gros bovins bien adaptés au marché français de la viande rouge ? La ferme de Mauron dans le Morbihan étudie la question.
Face à la mévente des petits veaux laitiers, quelles sont les possibilités pour les conduire en gros bovins bien adaptés au marché français de la viande rouge ? La ferme de Mauron dans le Morbihan étudie la question.
Le prix des veaux maigres laitiers couvre à peine le prix de l’IA qui a permis de les faire naître. La spécialisation des élevages et le choix de plus en plus fréquent de monopoliser les fourrages et les bâtiments disponibles pour alimenter et loger les laitières et les génisses de renouvellement ont conduit bien des producteurs à laisser tomber la production de viande rouge issue des veaux mâles (taurillons ou bœufs) pour vendre un nombre croissant d’entre eux à trois semaines. Ces choix se sont traduits par une progression des disponibilités en veaux maigres, désormais en grande partie vendus sur l’Espagne qui, faute de concurrents, en profite logiquement pour chercher à écraser les prix (Voir Réussir Bovins Viande n° 274 octobre 2019, pages 18 à 20).
Établir de nouvelles références
Afin d’établir de nouvelles références pour la production de viande rouge à partir des veaux nés dans les cheptels laitiers, l’Institut de l’élevage a récemment repris à la demande de la Fédération nationale des producteurs de lait, la ferme expérimentale de Mauron, localisée dans le Morbihan. Ce site est équipé de bâtiments en bon état pouvant accueillir 250 bovins et des équipements de mesures nécessaires à la création de références. Cet atelier sera consacré aux animaux de races laitières ou croisés destinés à produire de la viande rouge (bœufs/JB et vaches de réforme).
En novembre dernier, cette ferme a accueilli ses premiers nouveaux pensionnaires : 108 veaux d’une quinzaine de jours ont été livrés. Ils sont de différentes origines maternelles (Holstein, Normands et Jersiais) croisés avec différents types génétiques viande (Charolais, Limousin, Blanc Bleu, Inra 95, Angus). « Ils sont destinés à produire de jeunes bœufs jusqu’à 16 mois pour certains et 24 pour d’autres, pour lesquels consommations et croissances depuis la phase lactée jusqu’à la période de finition seront précisément mesurées. Les travaux se poursuivront par l’évaluation des carcasses et de la qualité de leur viande. L’ensemble des résultats seront ensuite diffusés auprès des éleveurs », précise la FNPL. « Il est évident que l’expérimentation n’est pas une fin en soi, mais qu’elle doit permettre d’établir des références sur la durabilité de l’élevage de ces animaux », souligne à ce sujet Marie-Andrée Luherne, secrétaire générale ajointe FNPL et elle-même productrice dans ce département du Morbihan.