Détection des chaleurs
Prendre en compte les comportements sexuels secondaires
Du fait de la faible part des acceptations de chevauchement par rapport à l’ensemble des signes de l’oestrus, une bonne connaissance des signes sexuels secondaires est nécessaire pour inséminer au moment adéquat.
Cinq expérimentations ont été conduites entre 2008 et 2010 pour décrire les manifestations associées à l’oestrus chez la vache allaitante par l’Inra,VetAgro Sup, Oniris, l’Institut de l’élevage et l’Unceia(1).
Des vaches Charolaises, Limousines et Blondes d’Aquitaine ont été filmées en continu depuis le vêlage jusqu’à la mise à l’herbe et les images ont été analysées par un logiciel pour étudier tous les comportements sociaux et sexuels exprimés. Les ovulations ont été confirmées par un dosage de la progestérone plasmatique. Cette étude a permis de mettre en évidence les différents comportements caractéristiques de l’oestrus de vaches conduites en stabulation libre pendant l’hiver.
Même si le facteur race n’a pas pu être testé, les résultats obtenus sur l’ensemble de ces essais suggèrent qu’il n’existe pas de grande différence entre les trois races. Par contre, une très grande variabilité de comportement d’une vache à l’autre a été mise en évidence.
Les acceptations de chevauchement ont été spécifiques de l’oestrus. Elles n’ont jamais été observées en phase lutéale, et elles ont été exprimées dans 90 % des oestrus d’après l’analyse des films. Par contre, elles n’ont été que rarement observées comparativement à l’ensemble des comportements sexuels exprimés. « Les acceptations de chevauchement n’ont représenté que 2 à 5 % de la totalité des comportements relevés de cette façon, explique Fabienne Blanc de VetAgro Sup. Ceci incite à développer une détection des chaleurs basée sur plusieurs critères combinés. »
Pour cette étude, les signes ont été regroupés en plusieurs catégories. Les interactions sociales d’affinité sexpriment par des léchages et flairages ne concernant pas la zone génitale et les jeux de tête. Les interactions sociales agonistiques regroupent les menaces, coups de tête, lutte, évitements. Les comportements sexuels discrets ou secondaires correspondent à des léchages et flairages vers la zone génitale, flehmens, appuis du menton sur le dos ou la croupe d’un congénère. Et les signes de chevauchement regroupent les chevauchements, les tentatives de chevauchement et les acceptations de chevauchement. Enfin le temps passé debout a été mesuré. Une étude en cours devrait permettre de hiérarchiser la spécificité de ces différents signes et de leur fréquence pour améliorer la détection des chaleurs.
OESTRUS ALLONGÉ POUR DES VACHES SOUS-ALIMENTÉES
Autre enseignement de cette étude, un critère intéressant pour la détection des chaleurs des vaches allaitantes a été mis en évidence. Il s’agit du temps passé debout, qui a été accru de 30 % durant l’oestrus : les vaches ont passé 86 % du temps en position debout durant l’oestrus, contre 55 % en phase lutéale.
La durée moyenne de l’oestrus, si on prend en compte les signes secondaires, est de 12 heures en race Charolaise, 11 heures en races Limousine et Blonde. Les cas d’ovulation silencieuse ont été extrêmement rares.
UN EFFET DU NOMBRE D’OESTRUS SIMULTANÉS
La parité (primipares/multipares) n’a pas eu d’effet sur l’expression comportementale de l’oestrus. Par contre, un effet du niveau alimentaire des vaches en post partum sur l’expression de l’oestrus a été pour la première fois mis en évidence dans cette étude pour les vaches allaitantes.
« Nous avons comparé des Charolaises recevant, sur toute la période allant du vêlage à la mise à l’herbe, 3 UFL de moins que leurs besoins à des vaches recevant 2 UF de plus que leurs besoins », explique Fabienne Blanc. Un écart important entre les deux pour les vaches sous-alimentées, de près de 4 heures, et par une expression accrue de leurs comportements sexuels. »
Ce résultat doit encore être conforté par des observations complémentaires. L’étude a aussi permis de mettre en évidence sur les Charolaises que lorsqu’il y a plusieurs vaches simultanément en oestrus, l’expression des comportements sexuels est accrue. Ainsi plus les vêlages seront groupés, plus les chaleurs seront potentiellement mieux exprimées et détectées. Un résultat qui était déjà connu sur vaches laitières mais pas encore montré sur vaches allaitantes.
(1) Ce travail a été mené dans le cadre du Casdar « améliorer la détection des chaleurs dans les troupeaux bovins ». niveaux alimentaires a été ménagé dans le but d’observer des variations de production laitière et d’état corporel. « Le niveau alimentaire a eu dans ces conditions un effet sur la durée et l’expression de l’oestrus des vaches. Cet effet s’est caractérisé par un accroissement de la durée de l’oestrus
MÉTHODE DET’OESTRUS
Les signes de chaleurs à considérer
L’acceptation du chevauchement : si une vache exprime ce comportement, elle est considérée en chaleurs et doit être inséminée.
Les signes sexuels secondaires (flairage et léchage de la zone ano-génitale, menton posé sur la croupe ou le dos d’une congénère…) et le chevauchement d’autres congénères sont des signes moins spécifiques mais exprimés beaucoup plus fréquemment que l’acceptation du chevauchement. Si une vache exprime au minimum quatre de ces comportements sur une période d’observation, elle est considérée en chaleurs et doit être inséminée.
Le temps passé debout est un bon indicateur de l’oestrus mais il est difficile à chiffrer. Il est à utiliser en association avec d’autres signes pour conforter la prise de décision.
Les comportements sociaux (flairage et léchage en dehors de la zone ano-génitale, coup de tête, affrontement tête contre tête…) sont des signes fréquemment exprimés en dehors des périodes de chaleurs. À utiliser avec précaution et uniquement en complément des signes de chaleurs plus spécifiques.
Les glaires sont très peu spécifiques de l’oestrus et donc peu fiables.