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Insémination
L'utilisation de la semence sexée se développe

En races allaitantes, l’utilisation de la semence sexée progresse mais des freins subsistent. Tour d’horizon des différentes entreprises de sélection allaitantes.

Des progrès sont encore attendus pour une diffusion plus large de la technique.
Des progrès sont encore attendus pour une diffusion plus large de la technique.
© J. Chabanne

« En élevage allaitant, la semence sexée correspond à environ 0,3 % seulement des inséminations premières. Mais ce pourcentage est sous-estimé car plusieurs grosses entreprises de mises en place de semence ne remontent pas encore l’information. Les IA sexées mâles représentent près de 30 % des IA sexées renseignées en races allaitantes », explique Pascale Le Mezec de l’Institut de l’élevage.

 


Deux races, la Blanc Bleu et la Charolaise tirent leur épingle du jeu. La Blanc Bleu a ouvert la voie en proposant de la semence sexée depuis mai 2009. Environ 15 000 à 20 000 doses sont commercialisées par an, 25 % de l’activité étant destinée à la race pure, le reste pour le croisement industriel. « Contrairement aux autres races, la semence est sexée au fur et à mesure de la demande au laboratoire de Deventer aux Pays-Bas », note Alexandre Osio de l’Association wallonne de l’élevage. Donc pas besoin de prévoir à l’avance le nombre de doses à produire. « Nous travaillons en flux tendus d’où une plus grande souplesse. » Tous les taureaux en race pure, proposés au catalogue et testés favorablement, voient leur semence sexée mâle et femelle. Mais la demande en pure se porte principalement en femelle (75 %). « Les taureaux utilisés en croisements sont aujourd’hui presque uniquement proposés en semence sexée », poursuit Alexandre Osio. Les doses mâles pour le croisement sont commercialisées spécifiquement en Europe (Pays-Bas, France, Allemagne, Angleterre et Irlande), seul endroit au monde où il existe une réelle valeur ajoutée pour les mâles haut de gamme, afin de compenser le prix de la dose qui s’élève entre 40 et 50 € prix éleveur en sexée, contre 8 à 10 € autrement.

 


La Charolaise est la seconde race à proposer ce type de paillettes depuis 2009. « Au départ, l’offre se composait d’un seul taureau, sexé femelle. Dès lors, une demande a émergé sur une valorisation en broutards. Nous avons eu l’opportunité d’y répondre avec un taureau. On prévoit de sortir un autre taureau avec le même profil cet été. Chaque année, on souhaite développer un peu plus l’offre avec deux à trois taureaux de plus. C’est un marché qui s’ouvre, mais qui reste difficile à quantifier », note Pascal Soulas de l’UCATRC.


Chez Gènes Diffusion, la semence sexée représente 1% de l’activité en Charolais. Onze taureaux sont proposés, mais deux sont principalement utilisés (Viviers à 27 % et Voimo à 26 %). Depuis le premier août 2011, 1526 inséminations sexées ont été effectuées, 923 en femelles et 423 en mâles. « Son emploi a été limité en 2012, car on disposait de stocks réduits. Les IA étaient réalisées uniquement sur commande par les coopératives adhérentes. Nous espérons ne plus avoir recours à ce procédé l’an prochain et ainsi augmenter encore son utilisation. Autre constatation, l’écart de fécondité entre IAP sexées et IAP conventionnelles n’a pas atteint les 10 % », explique Eric François, responsable du marché allaitant de Gènes Diffusion. L’utilisation des doses a été pour 52 % en femelles en Charolais, 100 % femelles en Salers et 85 % femelles en Blanc-Bleu (12 taureaux disponibles).


« En croisement industriel, deux taureaux sont proposés. On prépare également le sexage de la semence de trois taureaux sans cornes afin d’introgresser chez les femelles le gène sans cornes rapidement et d’introduire des mâles dans le programme. Notre but étant de sortir le plus de taureaux homozygotes sans cornes sexés », note Patrick Reversé de Gènes diffusion.

 

Sauvegarder une voie femelle

En races Salers, Limousine et Blonde l’offre a débuté depuis peu. Les premières paillettes de semences sexées ont été commercialisées en 2010 en Blond. Leur production a commencé en Angleterre puis a été rapatriée en France sur la plateforme Sexing Technology de Roulans (Doubs), « c’est pourquoi la campagne 2011 n’est effective que depuis un mois avec trois taureaux, un typé élevage et sexé femelle (Brasier), un typé viande sexé mâle (Vivaldi) et un mixte disponible en mâle et femelle (Aramis) », explique Bruno Lamaix de Midatest. Environ 1000 doses ont été produites par taureau.


En Blonde pour l’instant, la demande s’est surtout portée vers la semence femelle. La dose se vend 45 €. La possibilité d’une nouvelle gamme sera étudiée avec la sortie des nouveaux taureaux en octobre. Salers, Limousine et Blonde d’Aquitaine arrivent sur le marché.


En races Salers et Limousine, l’offre en semence sexée a démarré à l’automne dernier. Mais du côté de la race Limousine, la demande semble moins forte. Un seul taureau est disponible en paillettes mâles et femelles (Urville). La demande vise notamment à produire des femelles de renouvellement. « On s’interroge pour sexer deux autres taureaux qualifiés qualités maternelles et l’étendre sur un taureau typé viande. La demande en semence sexée est aussi importante à l’export qu’en France, notamment en provenance des élevages limousins des pays nordiques pour bénéficier de la génétique française des femelles », précise Jean-Marc Cazillac de l’UALC.


En Salers, la semence est sexée femelle uniquement. Deux taureaux sont disponibles (Bronson et Django). « Sur les cinq premiers mois de lancement, l’offre en semence sexée a représenté 10 % de notre activité. On souhaite l’étoffer avec un nouveau taureau », informe Bernard Giraud de l’UALC. « C’est une technique qui à mon avis devrait se développer en élevage allaitant. C’est un moyen pour les éleveurs de sélectionner et d’améliorer leurs revenus. En Aubrac et en Salers, c’est un réel levier économique (croisés) et un outil de renouvellement par le tri des meilleures reproductrices.


Les éleveurs doivent accepter que le taux de non retour soit légèrement inférieur à celui de l’IA conventionnelle », commente Hugues Dauzet d’Eliacoop. « La pratique de l’insémination en semence sexée est une aide à la gestion de la reproduction dont la maîtrise s’améliore », remarque Pascale Le Mezec. « Son coût, le rendement en éjaculat, la perte de facilité de naissance représentent des freins à son développement. Nous sommes par ailleurs tributaires des places libres au niveau de l’entreprise qui réalise le sexage (dans le Doubs). D’autre part, pour sexer la semence, il est nécessaire que le taureau soit vivant, or il faut attendre 6 ans pour obtenir son évaluation en qualités maternelles. On met donc sur le marché de jeunes taureaux pour lesquels on anticipe les résultats. Mais je reste persuadé que si la technique s’améliore encore, ce sera une technologie qui permettra de développer l’insémination » commente Patrick Reversé.


Toutefois toutes les races ne sont pas sur le même pied d’égalité. Ainsi, pour la Rouge des Prés ou la Parthenaise, cette méthode représente un coût important et des problèmes de praticité qui, sans y renoncer, freinent sa mise en place. De la semence sexée oui, mais pas dans toutes les races Du côté de l’Aubrac, pas non plus de semence sexée. Cependant un essai a été effectué sur un taureau adulte choisi pour ses qualités maternelles importantes, mais pour lequel la qualité de semence n’était pas suffisante. « On recherche un taureau avec les qualités nécessaires pour se lancer. Par contre, nous sommes très demandeurs pour le croisement industriel, en semence sexée de Charolais culard, pour produire des mâles de qualité pour le marché de l’engraissement », note Jacques Renou directeur de l’Upra Aubrac.

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