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Les zones herbagères favorisent la qualité de l’eau

Les deux PMPOA ont donné de bons résultats pour améliorer la qualité des eaux en particulier dans le Grand Ouest. Le maintien de l’élevage à l’herbe est un plus évident.

Vincent Manneville. "Les systèmes d'élevage français ont démontré leur capacité à restaurer la qualité de l'eau. " © DR
Vincent Manneville. "Les systèmes d'élevage français ont démontré leur capacité à restaurer la qualité de l'eau. "
© DR

Les deux Programmes de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA) initiés en 1993 puis 2002 se sont traduits par le doublement des capacités de stockage des fumiers et lisiers et des aménagements conséquents dans les fermes d’élevage. Associés à une meilleure valorisation agronomique des différents effluents générés par les cheptels et à une réduction des apports d’azote minéral dans la plupart des zones d’élevage, cela s’est traduit par une nette amélioration de la qualité des eaux sur ces territoires. Ces résultats ont été confirmés par les dernières mesures de suivi de la qualité de l’eau réalisées sur la campagne 2014-2015, lesquelles ont permis une visualisation des résultats sur les deux cartes ci-jointes. Ce sont globalement les différentes zones d’élevage qui affichent les teneurs en nitrate les plus basses. « Cette dynamique est d’autant plus marquée quand une forte proportion de la SAU a pu être maintenue en prairies, comme c’est le cas dans la zone vulnérable bretonne ou encore dans le bassin allaitant du Massif central », indique Vincent Manneville, responsable de projet Évaluation environnementale et biodiversité à l’Institut de l’élevage.

 

Evolution de l'indicateur nitrate dans les zones non vulnérables : tendances entre les campagnes 1997-1998 et 2014-2015

 

 

 

 

 

 

 

 

Dégradation en Nord-Pas-de-Calais et en Haute-Normandie

« À l’inverse, les concentrations en nitrates tendent à augmenter dans les zones de grandes cultures, notamment autour du Bassin parisien et en Poitou-Charentes, souligne Vincent Manneville. La perte de matière organique des sols dans les bassins céréaliers n’est jamais compensée par des épandages d’engrais de fermes riches en matières organiques. Cela limite de fait l’activité biologique du sol et entraîne le surplus azoté vers l’eau. » À signaler également une dégradation sensible de l’indicateur nitrate dans le Nord-Pas-de-Calais et en Haute-Normandie (voir carte). « Cette zone perd petit à petit ses surfaces de prairies permanentes au profit des cultures de vente et des cultures fourragères. Ainsi, les surfaces toujours en herbe qui occupaient souvent environ 40 % de la SAU dans le milieu des années 1980 sont aujourd’hui réduites de moitié. »

Le Nord-Est de la France a également été largement concerné par cette « céréalisation » des territoires. Mais dans l’Est de la France, l’essentiel des conversions de surfaces en herbe en terres labourables s’est réalisé entre 1988 et 2000. On y note des améliorations de la qualité des eaux car les effets du déstockage massif de l’azote des prairies reconverties en cultures se sont estompés sur la période suivante 2000-2010. « De plus, ce territoire est moins sensible à la lixiviation des nitrates du fait d’une forte présence de couverts pérennes (forêts et prairies permanentes y occupent 30 % du territoire) et d’une texture des sols argilo-calcaire limitant le lessivage des nitrates. »

Cas des zones non vulnérables

Dans les zones non vulnérables correspondant grossièrement aux zones de montagne ou semi-montagne de la moitié Est, d’un large Massif central et de la chaîne pyrénéenne, tous les feux sont au vert. À signaler que cette zone qui représente 57 % de la surface de la France est aussi celle sur laquelle est élevée une forte proportion des cheptels bovins et ovins allaitants. Autant d’animaux dont l’alimentation repose d’abord sur l’herbe pâturée et stockée. « Cette partie du territoire reçoit moins de 25 % des consommations nationales d’azote minéral du commerce et la part de l’azote organique total qu’elle produit compte pour 35 % du total national. Les pratiques de fertilisation y sont donc très modérées », souligne Vincent Manneville.

Les couverts forestiers et les haies bocagères associées aux surfaces en herbe avec une forte proportion de prairies permanentes garantissent une très bonne qualité des eaux sur ces territoires. « Ce sont ces types de couvert qui limitent les phénomènes de lessivage de l’azote en plus d’assurer de nombreux autres services d’ordre écologique (stockage du carbone, maintien de la biodiversité, qualité des paysages…)", ajoute Vincent Manneville.

 

Evolution de l'indicateur nitrate dans les zones vulnérables : tendances entre les campagnes 1997-1998 et 2014-2015

 

 

 

 

 

 

 

 

Un réseau de stations de surveillance

Depuis septembre 1992, la France a constitué un réseau de stations de surveillance de la qualité des eaux. Cette mesure imposée par la Directive nitrates permet de réaliser au moins tous les quatre ans des campagnes de suivi des concentrations en nitrate des eaux superficielles et souterraines. Ce sont elles qui permettent d’évaluer les effets des programmes d’actions mis en œuvre pour réduire les pollutions nitriques et réactualiser si besoin la délimitation des zones vulnérables. Six campagnes de suivi ont été réalisées entre 1992 et 2015. 5 859 stations réparties sur l’ensemble du territoire français permettent de réaliser ce travail de suivi.

 

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