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Jean-Claude Platon, conseiller machinisme à la FDcuma de l’Aveyron
« Le service complet pas plus cher qu’une presse en individuel »

Utiliser une presse en commun permet d’atteindre plus facilement le seuil de rentabilité qu’en utilisation individuelle. Mais cela suppose une organisation des chantiers sans faille.

« Dans l’Aveyron, nous avons 55 à 60 presses à balles carrées et plus de 150 presses à balles rondes en service dans les Cuma. Très peu de groupes ne sont arrêtés. Le jeu en vaut la chandelle, au-delà de l’aspect économique. »
© B. Griffoul
Vous avez établi des seuils de rentabilité du matériel de récolte. Comment sont-ils calculés ?

Jean-Claude Platon - On se fixe d’abord un seuil de prix à ne pas dépasser en regardant ce qui se fait sur le marché, comme si on faisait appel à des services extérieurs. Ainsi, avec une presse à balles rondes, au-delà de 2 euros par balle, ça commence à être un peu élevé. On calcule le seuil de rentabilité en partant de l’investissement et du prix que l’on veut obtenir au bout. Avec une presse à chambre variable neuve, qui coûte 30 000 euros, il faut viser 1 500 balles par an, soit environ 75 hectares. En partant sur une base de 20 à 25 balles rondes à l’heure, pour presser 1 500 balles, la machine devra travailler 70 heures. Si on se donne une période de 15 jours pour faire le foin, sachant que presser 6 heures par jour, c’est déjà pas mal, cela représente dix à douze jours de pressage. C’est faisable mais intense si on ne presse que du foin. Si on récolte aussi du vert et de la paille, on étale le travail sur une durée plus importante. Des groupes font 3 000 à 4 000 balles, voire jusqu’à 7 000, en cumulant enrubannage, foin et paille et tournent à des tarifs très bas. C’est un des points cruciaux dans un raisonnement d’investissement.

Cela veut dire qu’en équipement individuel, le seuil de rentabilité est souvent difficile à atteindre ?

J.-C. P. - Si un éleveur achète une presse pour 400 balles, le temps de travail va être beaucoup plus réduit, il bénéficiera de la presse plus facilement, mais les coûts seront  trois à quatre fois supérieurs, même en amortissant sur une durée plus longue. Nous avons calculé, qu’avec une presse à 30 000 euros, amortie sur dix ans en utilisation individuelle avec 600 balles par an et sur sept ans en collectif avec 1500 balles, le service complet (avec salarié) est au même prix qu’une utilisation individuelle. Au niveau national, les charges de mécanisation représentent en moyenne 25 à 27 % du chiffre d’affaires. En zone d’élevage, 70 % sont consacrés à la traction et la récolte. Les postes moisson et ensilage sont relativement optimisés. C’est donc sur la récolte du foin et de l’enrubannage qu’on peut jouer encore.

Quel est le seuil de rentabilité pour les presses à balles carrées ?

J.-C. P. - En se donnant un objectif de prix de revient de 15 à 20 euros la tonne de foin pressé, le seuil de rentabilité des presses à balles carrées se situe autour de 4 000 balles, aussi bien pour les petites que pour les grosses. Sur les presses à balles carrées, on part au minimum sur dix ans d’amortissement, sinon on n’y arrive pas. Ce sont des machines très solides. Même si on renouvelle la presse au bout de cinq ans, le principe est que la valeur résiduelle de revente couvre ce qui reste à amortir. Des cuma les ont gardées dix à douze ans.

Pour réaliser de telles quantités de balles avec une seule machine, cela demande une sacré organisation...

J.-C. P. - Pour arriver à faire 1 500 balles rondes de foin sur dix à douze jours, il faut en effet être très organisé. C’est encore plus sensible avec les presses à balles carrées. Il va falloir exploiter à fond les périodes de beau temps, organiser le travail dans la journée pour éviter les pertes de temps, spécialiser la conduite... On connaît les capacités de la presse dans une journée. Les prévisions météo à trois-quatre jours sont assez fiables. Avant de faucher, on prévoit le travail pour trois jours. Un responsable centralise les appels et donne le feu vert pour faucher. Certains groupes font une réunion en début de semaine. Au-delà de la presse, c’est toute la chaîne de récolte qui doit être cohérente : fauche, fanage, andainage... Le travail de ramassage des balles peut être conséquent aussi. Surtout avec des balles carrées, qu’il est préférable de rentrer immédiatement après la récolte. L’idéal, avec un service de presse à balles carrées, c’est d’avoir un tracteur avec chauffeur, soit en service complet, avec un salarié, soit en entraide, et de faire le ramassage à plusieurs. Si on s’organise à deux ou trois, avec le tracteur, le chargeur, le plateau, quand la presse sort du champ, toutes les balles sont ramassées. Dans l’organisation de la journée, il faut aussi intégrer le temps pour atteler, dételer, se déplacer. Parfois, il est aussi important que le temps de travail au champ. En balles carrées, il est quasiment nécessaire de ne pas dételer la presse.

Y a-t-il des recettes pour qu’un groupe foin fonctionne bien ?

J.-C. P. - Adhérer à un groupe foin suppose de partager des objectifs en commun et de savoir quel intérêt on a à être dans ce groupe. On doit accepter aussi de perdre un peu de sa liberté individuelle, de moins pinailler si on est du genre très méticuleux et raisonner le travail en groupe. Au départ, il est important de bien dimensionner la machine par rapport aux chantiers et de se fixer un objectif de prix. Faire le foin en commun s’apparente à un chantier d’ensilage. Pour être efficace, tout doit être prêt quand la presse arrive, les entrées de champ dimensionnées à la machine... Pour qu’une campagne de fenaison se déroule sans heurts, il est important aussi de faire de la maintenance préventive, vérifier toutes les pièces en mouvement (chaînes, pignons, boîtiers...) et les changer avant qu’elles ne cassent si elles donnent des signes de faiblesse. Nous incitons également les groupes à faire un débriefing en fin de campagne pour voir s’il y a des ajustements à faire et permettre à tout le monde de s’exprimer. À noter aussi que certains groupes ont prévu de mutualiser le foin mouillé.

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