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La néosporose est une maladie abortive des bovins à maîtriser

Due à un parasite de la famille des coccidies, la néosporose est probablement présente dans un grand nombre de troupeaux allaitants. Si la maladie n’est pas maîtrisée, des lignées de femelles présentant un risque accru d’avortement se développent dans le troupeau.

Le chien est le principal excréteur d'ookystes. Mais le mode vertical de transmission – de la vache à ses veaux – est probablement prédominant dans de nombreux cas de néosporose.
Le chien est le principal excréteur d'ookystes. Mais le mode vertical de transmission – de la vache à ses veaux – est probablement prédominant dans de nombreux cas de néosporose.
© F. d'Alteroche

La néosporose est une maladie qui provoque des avortements chez les bovins (non transmissible à l’homme), découverte à la fin des années 80. Elle est due à un parasite du chien de la famille des coccidies : Néospora caninum. Ce n’est pas une maladie réglementée et on ne connaît donc pas sa prévalence. Étant à l’origine d’épisodes d’avortements conséquents en élevage laitier, elle a été ajoutée aux dépistages systématiques à l’introduction dans les bassins laitiers. Depuis, le dépistage se généralise et on commence à mesurer sa prévalence en troupeaux allaitants.

« Nous pensons que la maladie est présente dans beaucoup de troupeaux allaitants, indique le Dr Boris Boubet, vétérinaire et directeur du GDS de la Creuse. Et avec le 'kit avortement' sur notre département, on s’aperçoit que la prévalence de la néosporose a tendance à augmenter ces dernières années. » L’ehrlichiose reste de très loin la première cause des avortements dans la Creuse. La néosporose et la fièvre Q arrivent respectivement en deuxième et troisième positions.

Les risques sanitaires de la néosporose sont a priori plus faibles en troupeaux allaitants. « Pour une raison que l’on ignore, les allaitantes porteuses du parasite avortent moins que les vaches laitières », observe Boris Boubet. La maladie provoque parfois la mort du fœtus (qui peut être résorbé, momifié ou décomposé).

Si le veau naît vivant, il peut présenter des anomalies neurologiques (tête repliée en arrière, contractures des membres antérieurs ou postérieurs…) et/ou un retard de croissance important. Ces cas de veaux morts ou anormaux sont plutôt rares et les porteurs du parasite ne se font pas remarquer dans la plupart des cas en élevage allaitant.

Mais la maladie mérite d’être maîtrisée. En effet, une femelle porteuse de la néosporose l’est à vie et elle transmet le parasite durant la gestation à ses veaux dans 90 % des cas.

Si on élève pour le renouvellement ses filles, il se crée au fil des années des lignées de porteuses dans le troupeau. Or toute femelle porteuse de ce parasite présente un risque augmenté d’avortement. Ces avortements interviennent généralement entre le 5e et le 7e mois de gestation, mais sont possibles dès le 3e mois. Les performances de reproduction d’un troupeau sont donc impactées par ce parasite.

Sur la voie mâle aussi, la maladie a un effet. « Une étude récente a mis en évidence une baisse, non quantifiée mais sensible, de la spermatogénèse chez les mâles porteurs de la néosporose », rapporte Boris Boubet.

Pour tous les élevages qui achètent des taureaux de monte naturelle, le dépistage à l’introduction dans le troupeau est important. Pour les élevages qui vendent des reproducteurs, il apparaît souvent nécessaire d’aller vers l’éradication de la maladie. Il n’y a pas de traitement ni de vaccin contre la néosporose. Différentes stratégies sont envisageables avec l’aide du vétérinaire pour sortir du troupeau les animaux parasités en fonction du pourcentage de séropositifs, de leur âge et de leur valeur génétique.

Trouver la cause des avortements

La néosporose fait partie des recherches de première intention en cas d’avortements, avec la brucellose (obligatoire), la BVD, la fièvre Q et l’ehrlichiose suivant les régions. Dans un élevage où des avortements à Néospora caninum ont été diagnostiqués, l’éleveur et son vétérinaire cherchent à identifier le mode de contamination qui prédomine. Il peut être vertical, c’est-à-dire de la mère au veau, ou bien horizontal, à partir du chien.

Pour ceci, des sérologies sont réalisées sur un échantillon du troupeau : les vaches ayant déjà avorté et si elles sont présentes dans le troupeau leurs filles, leur mère, leurs sœurs, ainsi que d’autres vaches non apparentées et non concernées par un problème de reproduction. Si des familles de vaches ayant été en contact avec le parasite sont mises en évidence, l’hypothèse d’une contamination par voie verticale est retenue. Sachant que les contaminations verticale et horizontale peuvent intervenir simultanément. Ceci permet aussi d’évaluer la proportion de vaches parasitées dans le troupeau.

Les chiens sont les principaux excréteurs du parasite

Le chien est le principal excréteur du parasite sous la forme d’ookystes dans ses déjections. Pour casser le cycle du parasite, il faut respecter des mesures de biosécurité.

« Tous les élevages dans lesquels un chien circule à un moment donné sont à risque pour la néosporose », considère Boris Boubet du GDS de la Creuse. Le chien se contamine en général en mangeant le placenta ou d’autres produits du vêlage d’une vache porteuse de la maladie. « C’est souvent une maladie du chiot, asymptomatique. Il excrète le parasite dans ses déjections à la fin de la phase clinique, puis il est guéri et immunisé. » C’est donc durant seulement quelques mois au cours de sa vie que le chien risque de transmettre la maladie aux bovins.

C’est la biosécurité qui permet de contrôler le risque de transmission du chien aux bovins. La première chose est d’instaurer une séparation entre les chiens et le troupeau, de façon que les chiens ne puissent pas circuler et risquer de faire leurs besoins au passage sur la table d’alimentation des vaches ou vers les aliments, silos et concentrés. L’utilisation d’une mélangeuse constitue un facteur aggravant. En élevage laitier, un cas d’épisode massif d’avortements, sur une trentaine de vaches, a été documenté après qu’une seule crotte de chien ait contaminé un silo, avec une ration distribuée à la mélangeuse. Le risque de contamination par une déjection de chien existe aussi au pâturage.

Une gestion adéquate des placentas

Cette séparation entre les chiens et le troupeau n’est certes pas facile à vivre. La gestion des placentas et produits du vêlage apparaît donc comme la clé pour couper le cycle du parasite. Pour que les chiens ne puissent pas les manger - et pour beaucoup d’autres raisons -, ils sont à placer dès la fin du vêlage dans un bac d’équarrissage, ou bien à enterrer, ou encore à enfouir dans le tas de fumier.

Un moment soupçonné de diffuser la maladie, le renard est maintenant hors de cause. « Les études les plus récentes ont montré que le renard peut être porteur du parasite, mais qu’il ne l’excrète pas. Il a un rôle de cul-de-sac épidémiologique dans le cycle de la néosporose. »

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