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Mickaël Barbarit en Vendée 
« La méthanisation est le point d’équilibre de l’exploitation »

Des opportunités techniques se sont ouvertes pour l’exploitation, depuis que l’unité de 64 kWe en voie sèche est en route. La conduite des Charolaises bio a évolué.

Mickaël Barbarit est installé en à Sigournais en Vendée, sur 139 hectares dont 65 hectares de prairies en agriculture biologique. Avec 55 vaches Charolaises présentes à l’année et 70 vêlages, il vend des veaux sous la mère et des vaches de réforme. Il voulait créer une unité de méthanisation à l’échelle de son élevage. Après une assez longue phase de préparation, il a choisi un système en voie sèche de type « silogaz » d’une puissance de 64 kWe conçu par Aria Energie. L’installation fonctionne depuis le printemps 2013. Elle est composée d’un prédigesteur et de quatre silos semi-bateau (ce qui nécessite un peu moins de béton pour leur construction que les silos de type bateau), enterrés sur une profondeur de trois mètres et couverts de bâches. À cette époque, les installations de type garage en étant plus confinées, présentaient un risque d'explosion et ne permettaient pas d'avoir des repères sur le fonctionnement du digesteur. "Dans mon système, en observant chaque jour les mouvements ascendant ou descendant des bâches, je juge facilement ce qu’il se passe dans les digesteurs. Cela me permet de savoir quand je peux les vider » explique Mickaël Barbarit. Depuis un an et demi, la production est régulière et à un niveau conforme à l’objectif. « J’obtiens ce résultat en respectant un temps d'hydrolyse - très bonne montée en température du tas - et en assemblant correctement les différents produits de manière homogène, avant de les faire digérer par un système de réinjection des jus chauds (de 37 à 45 °C) sur le dessus des silos" explique Mickaël Barbarit. « Aujourd'hui, je conseille à ceux qui sont intéressés par la méthanisation de prendre un maximum d’informations directement auprès d’éleveurs qui se sont lancés, et aussi de garder le principe de maîtrise des charges. Nous apprenons beaucoup plus de choses en échangeant entre éleveurs comme par exemple sur le forum "par dessus la haie" ».

Production régulière et au niveau de l’objectif

Mickaël Barbarit produit 880 tonnes de fumier de bovins par an. « Depuis que l’unité de méthanisation fonctionne, j’ai tendance, sauf si les conditions de pâturage sont très bonnes, à avancer l’entrée en bâtiment de deux semaines et à retarder d’autant la sortie au printemps pour avoir un peu plus de fumier. » L’éleveur a aussi toujours paillé largement. « On s’y retrouve sanitairement, et pour moi le paillage n’est d’ailleurs pas un coût : ce sont des unités d'azote, de phosphore, de potasse et de carbone qui entrent dans l’exploitation. » La fréquence du curage n’a pas été changée. D’autres sources de matière organique produites par des voisins sont assemblées avec les siennes : les fumiers biologiques d’un éleveur laitier (1000 t), d’un éleveur de volailles (350 t) et le fumier d’un prégaveur (150 t), ainsi que des déchets de céréales (120 t).

Tous les quinze jours, un des digesteurs est vidé puis rempli au téléscopique par l’éleveur, avec l’aide de ses salariés pour le bâchage et débâchage. Cela représente environ 10 heures de travail. Ensuite, il faut compter en moyenne trois heures par jour pour préparer la pré-digestion, les transports de matières chez les éleveurs partenaires et les tâches d'entretien, de surveillance et de bureau.

À chaque vidange, le digestat est égoutté sur une dalle avant d’être épandu avec une table de compostage. Il contient au moins 8 unités d’azote et fait 23 à 24 % de matière sèche. « La méthanisation élimine 99,9 % des graines d’adventices et réduit considérablement la présence des bactéries pathogènes dans le fumier. Une légère odeur d’ammoniac se dégage au début mais il n’y a aucune nuisance olfactive susceptible de créer des problèmes de voisinage. » Le digestat est épandu chaque année sur l’ensemble des surfaces en cultures et en prairies (10 t/ha, moitié au printemps et moitié à l’automne).

Du foin de multi-espèces récolté à l’autochargeuse et séché en grange

La chaleur produite par le fonctionnement du cogénérateur est utilisée pour chauffer le prédigesteur, une maison d’habitation et le local d’accueil de l’exploitation, ainsi qu’une unité de production de spiruline de 200 m2 de bassins. Celle-ci est gérée de façon indépendante de l’exploitation par une autre personne, dont c’est l’activité principale. « La production de spiruline est vraiment un autre métier, je suis très satisfait de cette organisation. » Mickaël Barbarit a par contre investi dans un séchoir à céréales et à foin (capacité de 20 tonnes par semaine). Il ne fait pratiquement plus de bottes de foin ni de paille, et plus du tout d’enrubannage. Plus de ficelles sur l’exploitation ! Toutes les récoltes d’herbe - des prairies multiespèces - sont faites à l’autochargeuse et sont séchées en vrac. L’autochargeuse de 45 m3 a une limite de rentabilité permettant d’aller récolter à une distance de trois kilomètres, ce qui correspond aux besoins de l’exploitation. On recherche un taux de 50 à 70 % de MS, et toutes les feuilles sont là. Le temps de récolte est fortement diminué. « Je fauche, je fane, j’andaine et en deux heures, nous récoltons l’équivalent de 65 à 70 bottes de foin." Les fauches sont réalisées sur des blocs de six hectares tous les six à dix jours entre la mi-avril et la fin juin. Ceci est intéressant pour la rotation du pâturage. Toutes les parcelles sont pâturées et fauchées, ce qui facilite leur entretien en bio. Il faut huit à dix jours pour sécher cette récolte, qui est ensuite stockée en vrac en vis-à-vis des tables d’alimentation. La distribution du foin au téléscopique nécessite seulement une heure de travail tous les quatre à cinq jours.

« Le rendement des prairies a nettement augmenté avec l’ensemble de cette conduite, si bien que j’ai réduit la surface en prairies de dix hectares et que je cultive davantage de céréales » explique Mickaël Barbarit. Depuis que la méthanisation fonctionne, d’autres pratiques ont d’ailleurs été adoptées pour les cultures. Par exemple du sarrazin bio est cultivé en deuxième récolte à la place d'un engrais vert après une orge. Le grain est vendu et les tiges et feuilles sont méthanisées.

L'unité de méthanisation a créé au moins un emploi à temps plein sur l'exploitation, ainsi qu'un autre pour la spiruline. Elle a aussi engrendré beaucoup de stress durant les deux premières années.

Chiffres clé
630 000 euros HT d’investissement soit 9800 euros/kWe
500 000 kW vendus par an à EDF
10 ans de temps de retour sur investissement

Sept unités innovantes de petite méthanisation évaluées par l’Ademe

L’Ademe a suivi sept petites unités de méthanisation innovantes pour des puissances inférieures à 75 kWe pendant au moins douze mois pour évaluer leurs performances. L’agence accompagnait le projet avec un taux de subvention un peu plus élevé. Deux projets portaient sur la voie sèche discontinue (Méthajade à l’EARL Guibaud en Loire-Atlantique pour une puissance de 54 kWe et Erigène à l’EARL Bois Guilbert en Seine-Maritime avec 36 kWe) mais ces deux entreprises n'existent plus. Cinq projets portaient sur la voie liquide : Arcbiogaz-Biogazplus dans le Lot-et-Garonne, Host au Gaec des Buissons dans le Maine-et-Loire, Valogreen à la SCA Forzy dans l’Eure, Arkolia à l’EARL Devienne dans le Tarn, et Agréole Développement au Gaec des Beaudors en Haute-Loire. 

Des rapports détaillés par unités sont disponibles sur le site de l'Ademe : http://www.ademe.fr/suivi-technique-economique-environnemental-social-d…

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