Fourrages : attention à l’échauffement sur les foins récoltés humides
Les foins récoltés humides sont particulièrement sensibles à l’échauffement, entraînant des risques allant de la perte de valeur nutritionnelle à l’incendie. Rappel des signes à repérer et des bons réflexes à avoir.
Les foins récoltés humides sont particulièrement sensibles à l’échauffement, entraînant des risques allant de la perte de valeur nutritionnelle à l’incendie. Rappel des signes à repérer et des bons réflexes à avoir.
La météo rend délicate la récolte de foin : il a fallu faucher entre les gouttes, et l’humidité persiste dans une partie des prairies alors que la récolte bat son plein. Il convient donc d’être particulièrement vigilant quant aux risques d’échauffement. « Sur les premiers cycles encore non récoltés, le risque est légèrement amoindri du fait de la maturité avancée, estime Arvalis. Il reste élevé pour les regains dans la mesure où les conditions seraient peu propices au séchage (sol humide, faible déficit de saturation, température basse, averses) ».
Le risque est élevé en-dessous de 80 % de matière sèche
Pour éviter l’échauffement, la teneur en matière sèche (MS) des balles de foin doit atteindre au moins 84 %. L’humidité du fourrage peut être mesurée par sonde sur le foin pressé, ou bien appréciée visuellement au champ. « Un fourrage prairial à 82-84 % MS se caractérise en premier lieu par des feuilles cassantes et des tiges sèches. Au toucher, aucune sensation d’humidité ne doit être ressentie, sur le dessus, à l’intérieur et au-dessous de l’andain en contact avec le sol. Sur les tiges, les nœuds ne doivent plus comporter de zones de couleur « vert chlorophylle », signe de la présence résiduelle d’eau », rappelle Arvalis. Le séchage pouvant être hétérogène sur la parcelle, la mesure de l’humidité par sonde sur les balles de foin pressé reste plus fiable, selon l’institut du végétal.
En dessous de 80 % MS, le risque d’échauffement est « important ». Dans ce cas, « il sera préférable de réaliser des balles de petite dimension et de desserrer au maximum la pression exercée sur le fourrage » afin de favoriser son aération, et de suivre la température sur les semaines suivantes.
« Un fourrage prairial à 82-84 % MS se caractérise en premier lieu par des feuilles cassantes et des tiges sèches. Au toucher, aucune sensation d’humidité ne doit être ressentie, sur le dessus, à l’intérieur et au-dessous de l’andain en contact avec le sol », illustre Arvalis.
Mieux vaut surveiller la température des balles de foin
Un échauffement modéré jusqu’à 40-45 °C durant les 3 à 10 jours suivant la récolte du foin reste « normal », d’après Arvalis. « Dans ce cas, la température redevient proche de la température ambiante, il n’y a aucun risque à stocker les balles ». Au-delà, il est important de réagir rapidement. En l’absence de sonde, la température des balles peut s’estimer à l’aspect.
La distribution d'un foin échauffé aux animaux peut présenter un risque
« En cas de doute et si cela est possible, il convient de ne pas distribuer les balles aux animaux », avertit Arvalis, car des micro-organismes toxiques peuvent se développer sur ces foins humides.
En l’absence de moisissures, le foin « caramélisé » est appétent mais attention : la réaction diminue sa valeur nutritionnelle (voir tableau ci-dessous). En effet, l'échauffement libère une partie de l'énergie contenue dans le fourrage. De plus, la réaction de caramélisation lie les protéines à la fibre, ce qui réduit leur digestibilité. « Cette baisse de digestibilité des protéines ne sera pas perçue par les analyses classiques », souligne Arvalis. Les analyses de fourrage s’interprètent donc avec précaution. Il peut être nécessaire d’ajuster la ration pour compenser.