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FCO et MHE : la France se prépare à affronter une nouvelle vague épidémique

Les autorités sanitaires se préparent à l’arrivée de la fièvre catarrhale ovine du sérotype 3, détectée en Belgique tout près de la frontière française. De nouvelles restrictions de mouvements sont instaurées au nord-est de l’Hexagone pour freiner sa progression. Au sud, la maladie hémorragique épizootique (MHE) et le sérotype 8 de la FCO menacent toujours. Pour lutter contre ces maladies vectorielles, la seule arme efficace est la vaccination.

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Les éleveurs sont inquiets et les autorités sanitaires, sur le qui-vive. Des cas de sérotype 3 de fièvre catarrhale ovine (FCO) ont été déclarés en Belgique, à deux pas de la frontière française. Pendant ce temps, le nouveau variant de FCO-BTV8 et la MHE continuent de sévir à bas bruit dans la moitié sud du pays.
© L. Pouchard

Ce n’est qu’une question de temps. Après l’arrivée sur notre sol de la maladie hémorragique épizootique (MHE) et la découverte d’une nouvelle souche du sérotype 8 de fièvre catarrhale ovine (FCO) l’année dernière, c’est au tour du sérotype 3 de frapper à nos portes. Après les Pays Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne, les foyers de fièvre catarrhale ovine du sérotype 3 (FCO-BTV3) se multiplient en Belgique, progressant dangereusement vers le sud du pays.

Après la déclaration d’un foyer par les autorités belges sur la commune de Chimay, frontalière avec la France, le ministère de l’Agriculture a annoncé dans un communiqué en date du 31 juillet l’instauration d’une zone régulée, du Pas-de-Calais au Bas-Rhin, où les déplacements de bovins, ovins et caprins sont soumis à des restrictions. « Le problème avec ces maladies vectorielles, c’est que la surveillance des animaux cibles ne suffit pas. Les culicoïdes, qui sont les insectes piqueurs porteurs du virus, traversent les frontières sans passeport », souligne Stéphan Zientara, vétérinaire et virologue à l’Anses.

Les éleveurs sont inquiets car la FCO-BTV3, jusqu’à présent non caractérisée en France, semble causer de sérieux dégâts. « La maladie provoque des manifestations cliniques incontestables », évoque le Stéphan Zientara, avant d’ajouter que les autorités néerlandaises ont lancé des protocoles vaccinaux depuis juin 2024.

« La FCO-BTV3 touche les ovins avant tout, mais aussi les bovins de manière non négligeable, d’autant plus quand les animaux n’ont aucune immunité envers ce nouveau sérotype », complète le cabinet du ministre de l’Agriculture, dans une note livrée à Réussir Bovins viande le 2 août.

4 millions de doses de vaccins contre la FCO-BTV3 réservées à la filière bovine

C’est la stratégie de lutte que compte également adopter la France. Par anticipation, l’État avait commandé des stocks de vaccins contre la FCO-BTV3, qu’il mettra à la disposition des éleveurs installés dans la zone régulée, frontalière avec la Belgique, a précisé la direction générale de l’alimentation (DGAL), lors d’une réunion du 1er août qui s’est tenue en présence de représentants des professionnels de l’élevage. « 4 millions de doses ont été réservées pour la filière bovine », indique la Fédération nationale ovine (FNO), précisant « que deux doses sont nécessaires pour vacciner un bovin ».

« La stratégie vaccinale est en cours de finalisation au regard de l’évolution de la situation sanitaire récente et avec l’appui des parties prenantes », fait savoir le cabinet du ministre de l’Agriculture dans une note du 2 août.

« Deux vaccins ont obtenu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en France. Ces deux vaccins permettent d’atténuer l’expression clinique de la maladie et de réduire la virémie », rapporte le cabinet du ministre.

La vaccination s’inscrit dans un cadre volontaire. En revanche, la DGAL n’a pas annoncé d’indemnisations pour les pertes économiques liées aux mesures imposées ou à la survenue de la maladie dans un troupeau, soulèvent nos confrères d’Agra Presse.

Mais la FCO-BTV3 n’est pas la seule source d’inquiétude. Dans la moitié sud du pays, la nouvelle souche du sérotype 8 de la FCO, qui a émergé en août 2023, continue de sévir.

De nouveaux cas infectés par la nouvelle souche de FCO-BTV8 ont été identifiés

D’après le dernier bulletin de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA), de nouveaux cas ont été signalés dans les Pyrénées-Orientales et l’Ariège en juillet. Les autorités sanitaires le rappellent, le seul outil efficace pour prévenir l’infection est la vaccination. « La nouvelle souche du BTV8 est, certes, différente au niveau des gènes impliqués dans la virulence mais en termes de protection, l’efficacité vaccinale est la même que pour la souche historique », confirme Stéphan Zientara.

« Les vaccins existant contre la FCO BTV8 étant efficaces contre la nouvelle souche, la vaccination s’inscrit dans le cadre d’une démarche volontaire des éleveurs afin de protéger leur troupeau », rapporte le cabinet du ministre.

La reprise épidémique de la MHE menace

Dans le Sud-Ouest également, la maladie hémorragique épizootique (MHE) menace. Le virus émergent s’était répandu à toute vitesse au dernier semestre 2023. Les autorités sanitaires dénombrent 25 foyers déclarés depuis le 1er juin, dont 20 la semaine du 22 au 28 juillet, localisés dans les départements qui ont été les plus exposés l’an passé. « Paradoxalement, l’activité des moucherons tend à ralentir dans des conditions de très fortes chaleurs, reprend le spécialiste. Mais dès que les températures seront moins caniculaires, nous devrons nous attendre à une reprise de la circulation virale ».

« Il est supposé que l’activité virale puisse reprendre plus significativement d’ici à fin août, puis en septembre, selon les épidémiologistes », confirme le cabinet du ministre.

« L’impact de la maladie pourrait être moins important cette année », nuance cependant Stéphan Zientara. En effet, de nombreux animaux déjà affectés par le virus dans le sud-ouest de la France ont développé des anticorps et bénéficient désormais d’une protection naturelle. « On s’attend surtout à voir apparaître des cas cliniques dans les élevages qui n’ont pas été confrontés à la maladie jusque-là, dans les régions plus au Nord notamment où les taux de séroconversion sont très faibles. »

Un vaccin pour lutter contre la MHE est en préparation

Pour lutter contre la très probable nouvelle vague épidémique, le ministère de l’Agriculture assure qu' « un vaccin est en cours de développement ». D’après Stéphan Zientara, de l’Anses, le dossier est en cours d’étude à l’agence nationale du médicament vétérinaire pour une autorisation de mise sur le marché, d’ici septembre 2024. « L’État sera évidemment mobilisé pour accélérer ce processus conformément au cadre réglementaire en vigueur », souligne la DGAL. Dès qu’un vaccin sera disponible, les éleveurs pourront s’en emparer pour protéger leur troupeau dans un cadre volontaire.

 
Stephan Zientara, vétérinaire, virologue, directeur du laboratoire de santé animale de l'Anses
Stephan Zientara, vétérinaire, virologue, directeur du laboratoire de santé animale de l'Anses © Anses

« Nous avons besoin de systèmes de réponse rapide aux émergences »

« Pour freiner efficacement la propagation de ces maladies vectorielles, nous avons besoin de nous appuyer sur des systèmes de réponse rapide aux émergences. Cela passe notamment par l’accès à des financements très vite mobilisables et suffisants pour pouvoir déployer des détections, des diagnostics et des vaccins. La rapidité d’action est souvent ce qui pèche, notamment lorsqu’il s’agit de maladies strictement animales telles que la fièvre catarrhale ovine et la maladie hémorragique épizootique. Bien que les enjeux de santé publique ne soient pas du même ordre que les zoonoses, il ne faut pas les oublier pour autant. »

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