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Ensilage d’herbe : quelle stratégie d’équipement en amont de l’ensileuse ?

Faut-il faucher à plat ou investir dans une faucheuse conditionneuse, andainer au moment de la fauche ou après ?

Comment piloter la fauche et l’andainage en amont de l’ensilage d’herbe ? La réponse à cette question n’est pas unique et dépend d’un certain nombre de facteurs. Nombre de jours d’ensoleillement dans l’année, type de fourrage, disponibilité de la main-d’œuvre, nombre de coupes, stade de récolte du fourrage, puissance de traction, capacité de financement, etc. Tout dépend des critères prioritaires que l’agriculteur se donne. À cela, s’ajoutent des habitudes de récolte bien ancrées dans les différentes régions de l’Hexagone. Néanmoins, le contexte les fait évoluer.

Avec les changements climatiques, les premières récoltes d’herbe ont lieu de plus en plus tôt dans l’année et se terminent de plus en plus tard. Il n’est pas rare de voir le nombre de coupes augmenter d’une, voire deux selon les saisons.

Respecter l’enherbement

Pour les agriculteurs disposant de sols fragiles ou ressemant régulièrement des prairies, l’un des objectifs peut être de minimiser le nombre de passages, d’éviter de gratter le sol, synonyme de butyriques, et de préserver l’enherbement pour une meilleure repousse ultérieure. Ils privilégient alors la coupe et l’andainage simultanés, à l’aide d’une faucheuse, éventuellement conditionneuse, qui va mettre en andain, soit à l’aide de volets mobiles pour rassembler deux andains en un aller-retour, soit à l’aide de tapis ou de vis sur les groupes de fauche papillons. Pour optimiser le séchage et atteindre le taux de matière sèche optimal de 35 à 40 %, la largeur de l’andain formé doit correspondre à la largeur du pick-up de l’ensileuse. De cette manière, le sol entre les andains sèche et est plus porteur pour les véhicules à l’ensilage. Ce même raisonnement est également intéressant avec les fourrages riches en légumineuses, pour lesquels le minimum de manipulations est prescrit si l’on souhaite conserver les feuilles qui contiennent les protéines. Pour ce type de fourrage, une alternative consiste à faucher à plat et andainer avec un andaineur à tapis.

Des coupes plus fréquentes et un andainage large

Dans certaines régions, les Cuma et ETA sont dotées de pick-up repliables de 4,50 m ou 5 m. Cela permet de davantage étaler le fourrage et/ou de se passer de conditionneur.
Dans certaines régions, les Cuma et ETA sont dotées de pick-up repliables de 4,50 m ou 5 m. Cela permet de davantage étaler le fourrage et/ou de se passer de conditionneur. © Idass
Dans certaines régions comme en Bretagne, dans le Cantal ou l’Aveyron, bon nombre d’entrepreneurs sont équipés de pick-up d’ensileuse repliables de 4,50 m et 5 m. La tendance est à valoriser la qualité de l’herbe et des sucres qu’elle contient en fauchant plus fréquemment à des stades moins avancés. Formant des andains larges, les faucheuses créent un tapis peu épais favorisant le séchage avant récolte. Ces mêmes pick-up sont aussi utilisés pour récolter directement après un fauchage à plat, sans andainer. Mais l’utilisation de l’ensileuse n’est pas optimisée.

Conditionner versus débit de chantier

Plus on monte vers le nord de la France, notamment le nord-ouest, plus les agriculteurs sont équipés de faucheuses conditionneuses, afin de maximiser le séchage, notamment dans les gros volumes. Mais ces faucheuses ont un coût, « quasiment du simple au double, dans certains cas », explique Stéphane Grand, conseiller machinisme dans la Creuse. Et même si le conditionnement est moins intense sur les dernières générations que sur les modèles des années 2000, les faucheuses conditionneuses demandent de la puissance, que les agriculteurs préfèrent parfois mobiliser ailleurs. Il n’est ainsi pas rare de voir des grandes faucheuses conditionneuses traînées remplacées par des combinés de fauche frontale/papillons sans conditionneur déposant à plat. Le temps de séchage sera plus long, mais le débit de fauche est considérablement accru, ce qui permet d’augmenter le temps d’exposition au soleil des dernières parcelles fauchées. Certains agriculteurs ont rationalisé cette méthodologie en dimensionnant l’équipement d’andainage de façon à avoir un débit de chantier sensiblement identique entre la fauche et la mise en andain, et donc un taux de matière sèche homogène entre les premières et les dernières parcelles travaillées.

Déléguer à l’entreprise ou à la Cuma

Certaines ETA proposent une prestation combinant a minima andainage et ensilage, afin d'optimiser l'alimentation et le débit de chantier de l'automotrice.
Certaines ETA proposent une prestation combinant a minima andainage et ensilage, afin d'optimiser l'alimentation et le débit de chantier de l'automotrice. © Krone
Face à l’augmentation des prix des matériels, de plus en plus d’éleveurs délèguent la prestation de fauche à des entreprises de travaux agricoles. Une tendance insufflée par de plus en plus d’ETA, mais aussi des Cuma, qui proposent un tarif intéressant pour une prestation andainage-ensilage, voire de la fauche à l’ensilage. Gérer l’andainage en amont de l’ensileuse permet à l’entreprise de dimensionner correctement les andains pour l’ensileuse, afin d’optimiser la puissance de la machine et d’éviter d’enchaîner des kilomètres à suivre des petits cordons de fourrages. La Cuma ou l’ETA peut ainsi ensiler de plus grandes surfaces dans la journée. La conception des andains avec un gros appareil double rotor à dépose centrale, voire à quatre rotors, favorise les andains réguliers et donc une qualité de coupe homogène. De plus en plus, la prestation complète séduit les éleveurs. Équipé de gros combinés conditionneurs et regroupeurs, le prestataire fauche, préfane et andaine en un seul passage. L’éleveur s’assure ainsi d’avoir le moins de terre dans son fourrage. Le prestataire optimise son débit de chantier et sa main-d’œuvre et réduit de manière importante l’usure et les risques de casse (moins de pierres dans l’andain).

Le chiffre : 8

8 cm, c’est la hauteur de fauche idéale, selon Stéphane Grand : « Si on fauche plus ras, on prend le risque d’user davantage ses outils et d’incorporer de la terre dans le fourrage. L’herbe entre 4 et 8 cm n’est pas ce qu’il y a de plus qualitatif et ne représente qu’une très faible part du volume de fourrage global. Laisser cette partie d’un pied d’herbe, d’une part favorise le séchage en laissant l’air circuler par-dessous, d’autre part permet à la culture de repartir beaucoup plus vite. »

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