Désilage : Comment bien choisir son godet mélangeur ?
Le choix d’un godet mélangeur répond à plusieurs exigences dans une exploitation. Cet équipement doit en effet être adapté à la taille du troupeau et compatible avec l’engin de manutention, l’architecture des bâtiments et les fourrages composants les rations.
Le choix d’un godet mélangeur répond à plusieurs exigences dans une exploitation. Cet équipement doit en effet être adapté à la taille du troupeau et compatible avec l’engin de manutention, l’architecture des bâtiments et les fourrages composants les rations.
Un outil économique
Le godet mélangeur constitue une solution économique pour formuler des rations complètes, même si son prix peut vite grimper : compter au moins 22 000 euros pour un modèle de 3,5 m3 bien équipé. Cet équipement, pourvu d’une vis horizontale de grand diamètre (Desvoys, Emily et Robert) ou de vis verticales (Juraccessoire, Robert et Sieplo), est aussi apprécié pour sa faculté à préparer de petites quantités, afin de personnaliser la composition du mélange en fonction des lots d’animaux. Il sert souvent à valoriser le chariot télescopique et permet d’alimenter le troupeau avec un seul équipement, contrairement à la remorque mélangeuse qui mobilise un tracteur pour son animation et un engin de manutention pour son chargement. « En Normandie, cet outil se rencontre généralement dans des fermes laitières produisant de 500 000 à 800 000 litres, ainsi que dans des élevages de bovins allaitants. Il est également plébiscité pour la distribution des fourrages sur les sites secondaires d’exploitation où sont, par exemple, élevées les génisses. Lorsqu’il est attelé à un chargeur télescopique, il est parfois utilisé pour remplir les auges au champ sans rentrer dans la parcelle, un avantage l’hiver quand le sol est détrempé », constate Christian Savary, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Normandie.
Une capacité de 8 à 9 VL/m3
Comme cet équipement de distribution présente une capacité limitée, il est important que les silos soient proches de la table d’affourragement, afin d’éviter le temps perdu à circuler dans la cour de ferme. Les volumes commercialisés varient de 0,8 à 7,5 m3, mais attention car ces valeurs ne correspondent pas toujours à la capacité utile. Certains constructeurs donnent une contenance en eau, sans décompter l’espace occupé par les organes de mélange, comme c’est le cas chez Robert pour ses modèles BMV à une ou deux vis verticales. De plus, le godet ne doit pas être rempli à ras bord pour réaliser le mélange sans risque de débordement. « Notre modèle commercialisé pour 3,5 m3 affiche environ 3 m3 utiles », indique Stéphane Loriant, d’Emily. « Un mètre cube d’un godet mélangeur permet de nourrir 8 à 9 vaches hautes productrices (8 000 à 9 000 l de lait). En revanche, une version uniquement distributrice s’exploite à pleine capacité et alimente 10 à 12 VL/m3 », précise Christian Savary.
Besoin d’un télescopique puissant
Les godets mélangeurs sont assez lourds à vide. Cœur de marché, le modèle de 3,5 m3 à vis horizontale pèse, par exemple, de 1 100 à 1 700 kg en fonction de ses équipements de désilage (fraise ou griffe) et de distribution (une ou deux trappes). Les modèles à vis verticales peuvent être plus lourds, à l’instar de la variante de Robert de 3,3 m3, qui affiche 1 800 kg sans équipement de désilage (rajouter 500 kg pour la mâchoire coupante). « À ce poids, il faut ajouter 1 500 à 1 600 kg de fourrage. Par conséquent, l’engin de manutention recevant le godet doit être suffisamment puissant et, dans le cas d’un 3,5 m3, présenter une capacité de levage d’au moins 3 500 à 4 000 kg », souligne Sébastien Rigoland, de Desvoys. Les modèles de plus grande contenance, jusqu’à 7,5 m3 chez Emily, obligent à utiliser des automoteurs de manutention encore plus imposants, comme des grosses chargeuses.
Il existe aussi des versions portées sur le relevage trois points des tracteurs, mais cette configuration reste peu retenue par les agriculteurs et se révèle peu confortable à l’utilisation, obligeant le chauffeur à se retourner. Par ailleurs, pour préparer les rations avec précision, de nombreux éleveurs équipent leur engin de manutention d’un système de pesée. Le pesage intégré est peu développé sur les godets, en raison des contraintes mécaniques auxquelles sont soumises les jauges de mesure. Seuls les constructeurs Robert et Sieplo proposent cette solution. Le débit hydraulique de l’engin porteur est un critère important. Il faut au minimum 60 l/min disponibles en tête de flèche pour alimenter les moteurs du système de mélange et de l’éventuelle fraise de désilage.
Attention à l’encombrement
L’encombrement du godet est à intégrer, car les tables d’affourragement se trouvent parfois dans des espaces exigus. Le dégagement sous la charpente est aussi un critère à prendre en compte dans le dimensionnement. Pour répondre au mieux aux exigences, certains constructeurs déclinent ces équipements en différentes largeurs pour des volumes équivalents. Par exemple, chez Emily, l’offre en Melodis 50 ne compte pas moins de 38 modèles mesurant de 1,30 à 3,20 m de large et contenant de 0,9 à 7,5 m3. Autre point, le nombre de trappes de distribution dépend de l’architecture des bâtiments et de la possibilité de sortir ou de faire demi-tour à chaque extrémité de la table d’affouragement. Le déversement à gauche reste toutefois privilégié avec les chargeurs télescopiques, car il procure une bonne visibilité sur le travail. « Le choix d’un godet mélangeur à double trappe constitue un réel avantage pour la revente », avertit Stéphane Loriant.
Des versions spéciales herbe
Tous les godets mélangeurs sont capables de réaliser des rations complètes à base de maïs, herbe, foin ou paille broyée et aliments concentrés. Les modèles à vis horizontale n’acceptent généralement pas l’ensilage d’herbe récolté à la remorque autochargeuse ou l’enrubanné, car les risques d’enroulement autour de l’axe sont grands. Ils admettent une proportion d’ensilage d’herbe coupe fine (maxi 5 cm) variable selon leur conception. Ainsi, Robert la limite à 20 %. Emily a, de son côté, développé deux familles de godets mélangeurs Melodis. La première autorise la préparation de rations composées au maximum de 50 % d’herbe, tandis que la seconde, dénommée Melodis 100, est capable de gérer des rations en comptant jusqu’à 100 %. « Il est possible de mélanger notre godet complet en herbe si le fourrage est ensilé ou récolté à l’autochargeuse, avec des brins de 10 cm maxi et bien détassés avant le chargement », remarque François Travers, de Desvoys. Les godets à une ou deux vis verticales de Robert et de Sieplo donnent la possibilité d’intégrer des brins longs. « Nos modèles à vis verticales admettent toutes les longueurs de fourrage, mais il faut savoir que plus les brins sont courts, plus la préparation est rapide », avertit Geert Jan de Sieplo. Chez Robert, les modèles BMV acceptent jusqu’à 50 % d’ensilage d’herbe, ainsi que les balles enrubannées.
Griffe ou fraise de désilage
Le désilage s’opère soit à l’aide d’une griffe ou d’une fraise. La griffe est la solution la plus économique et elle apporte de la polyvalence au godet, qui peut, par exemple, être utilisé pour manipuler des balles de foin ou de paille. « La fraise assure une découpe propre du front d’attaque et réduit le temps de mélange, précise Stéphane Loriant d’Emily. Son animation demande un débit hydraulique minimal de 50 à 60 l/min. » Selon Christian Savary, la puissance de la fraise est désormais assez importante chez tous les constructeurs. « Si l’ensemble est bien dimensionné, la fraise descend vite et respecte l’ensilage. En revanche, s’il y a un manque de débit hydraulique, elle reste trop longtemps au contact du fourrage et le défibre, indique-t-il. Elle a, par ailleurs, tendance à faire prendre du volume au produit et réduit ainsi la quantité réellement préparée. » Moins courante, la mâchoire coupante désile en tranchant l’ensilage et permet de sectionner les balles rondes de foin ou d’enrubanné.
Lutter contre l’usure
Les godets mélangeurs passent quotidiennement de grandes quantités de fourrages et sont exposés aux attaques acides des ensilages. Pour garantir leur longévité, certaines marques retiennent de l’acier spécial plus robuste, tel que l’Hardox, qui présente en plus l’avantage d’abaisser le poids à vide, grâce à l’utilisation de tôles de plus faible épaisseur. Plus onéreuse, la construction intégrale en inox proposée par Sieplo garantit une plus longue durée de vie. Il existe aussi différentes conceptions de fond, la partie la plus exposée à l’usure. Par exemple, Emily équipe en option ses modèles d’une plaque de doublage en inox de 2 mm soudée par-dessus le fond. Desvoys retient une tôle boulonnée et interchangeable, dont le renouvellement intervient tous les 5 à 7 ans. Le remplacement de cette pièce augmente la durée de vie du godet et réduit le coût d’utilisation en espaçant les renouvellements.
Avis d’expert : Christian Savary, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de Normandie.
Des euros gagnés en hachant dès la récolte
« Pour faciliter l’incorporation dans la ration mélangée des produits fibreux, tels que le foin ou la paille, l’idéal est de les couper dès la récolte à l’aide des systèmes de hachage embarqués sur les presses ou les remorques autochargeuses. Il est aussi possible de hacher la paille à l’ensileuse. Cette gestion anticipée des fibres représente un surcoût, notamment en cas de prestation par ETA ou Cuma, mais elle se rentabilise lors de la confection des rations, aussi bien avec un godet mélangeur qu’avec une remorque mélangeuse. En effet, comme le fourrage est déjà haché, le matériel souffre moins et la préparation est plus rapide. La traction et la main-d’œuvre sont souvent les deux postes de charge les plus importants dans le coût de revient de la distribution des fourrages. L’intégration dans la ration de brins déjà calibrés réduit le temps de fonctionnement du tracteur et abaisse la consommation de carburant, ainsi que les frais d’entretien. »