« Des analyses m’ont permis d’identifier la fièvre Q dans mon élevage »
La fièvre Q a été décelée cet hiver dans l’élevage de Xavier Aguerre, éleveur de blondes d’Aquitaine dans les Pyrénées-Atlantiques, à la suite de retours en chaleurs de plusieurs femelles.
La fièvre Q a été décelée cet hiver dans l’élevage de Xavier Aguerre, éleveur de blondes d’Aquitaine dans les Pyrénées-Atlantiques, à la suite de retours en chaleurs de plusieurs femelles.
« Ce sont de petits indices qui m’ont laissé suspecter un souci dans mon élevage. Cet hiver, j’ai eu deux vaches qui sont revenues en chaleur. Pour la première, j’ai pensé à une erreur lors du diagnostic de gestation réalisé par fouille deux mois après saillie », expose Xavier Aguerre, éleveur de 70 mères blondes d’Aquitaine à Moncayolle Larrory Mendibieu, dans les Pyrénées-Atlantiques. À la seconde, l’éleveur ne croyait plus à une erreur. À la troisième sur laquelle une métrite a été diagnostiquée, il a commencé à surveiller davantage ses vaches gestantes. Il a ainsi pu voir une quatrième vache couler à trois mois de gestation. Un prélèvement a alors été fait en vue d’une analyse PCR. La fièvre Q, recherchée en première intention a été décelée. De ce fait, des sérologies ont été effectuées pour les trois autres vaches. Une seule est sortie positive. « La fièvre Q n’est pas une maladie franche. Sur la vache que j’ai vu couler, il n’y avait pas d’avorton. Sans diagnostic de gestation, je ne me serais pas rendu compte rapidement qu’il y avait un problème », souligne Xavier Aguerre.
Une maladie souvent asymptomatique
Dans la majorité des cas, les ruminants infectés par Coxiella burnetii, la bactérie responsable de la fièvre Q, ne présentent pas de signes cliniques. Son diagnostic peut donc être retardé. En France, une étude de séroprévalence a montré que 30 % des troupeaux bovins seraient exposés à cette maladie, c’est ainsi la deuxième cause infectieuse lors d’avortements répétés, selon les données du dispositif Oscar (Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants). Dans sa forme clinique, la fièvre Q entraîne principalement des troubles de la reproduction. Aussi, les avortements, les vêlages prématurés ou des veaux chétifs/mous, des non-délivrances, des endométrites, de l’infertilité (retours en chaleurs, baisse de la réussite à l’IA) sont autant de signes cliniques qui peuvent laisser suspecter l’implication potentielle de la fièvre Q dans un élevage. Les avortements qui en découlent peuvent survenir à tout stade de gestation. Cela peut se traduire par l’expulsion d’un avorton visible mais aussi par le retour en chaleurs de vaches diagnostiquées gestantes auparavant.
« On ne sait pas d’où vient la maladie. Hormis un taureau acheté tous les six ans, il n’y a pas d’autres flux d’animaux dans l’élevage. » La transmission est principalement aérienne à partir d’aérosols infectieux dans l’environnement. La période de mises bas ainsi que les avortements constituent une période à risque, en raison de la forte excrétion de la bactérie tout comme la manipulation d’effluents contaminés.
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Vaccination des animaux
« En concertation avec mon vétérinaire sanitaire, la vaccination des animaux a été mise en place immédiatement sur l’ensemble des reproductrices malgré l’étalement des vêlages et ce, pour une durée de trois à cinq ans. Je ne voulais prendre aucun risque. Entre les vaches et les génisses c’est ainsi une centaine de femelles qui ont reçu une première dose fin mars puis une seconde un mois après. Depuis, j’ai encore eu un avortement mais cela peut s’expliquer par le fait qu’il est normalement préférable de vacciner avant la mise à la reproduction », explique l’éleveur. La vaccination permet de limiter les avortements et de diminuer l’excrétion de bactéries par les animaux dans l’environnement. La bactérie pouvant persister de longs mois dans l’environnement, il est conseillé de poursuivre cette vaccination plusieurs années.
Sa transmission à l’homme s’effectuant par voie respiratoire à partir de l’environnement contaminé et/ou au contact d’animaux infectés, il est par ailleurs recommandé de limiter la présence des personnes à risques ou fragiles (personnes présentant des pathologies cardiaques ou vasculaires, femmes enceintes, personnes âgées, personnes immunodéprimées, en particulier pendant les périodes de mises bas)
Chiffres clés
Quatre types de mesures s’imposent pour éviter la transmission
Côté éco
La fièvre Q a un impact économique non négligeable. En effet, l’infertilité d’un troupeau a, selon une étude (Cabrera, V.E., 2014), un coût de 5 euros par jour supplémentaire sur l’intervalle vêlage-fécondation et par vache.
Pour en savoir plus
Le comité d’experts de la fièvre Q a édité des fiches pédagogiques sur la surveillance et les mesures de maîtrise vis-à-vis de la maladie. Elles sont accessibles gratuitement en ligne.