De nouveaux index pour améliorer les performances de reproduction en bovins viande
Les premiers livrables du programme Ferti 38, visant à la mise en place d’une indexation génomique sur la précocité sexuelle des génisses et la reproduction des femelles, sont désormais disponibles. À commencer par un index de précocité sexuelle pour les taureaux.
Les premiers livrables du programme Ferti 38, visant à la mise en place d’une indexation génomique sur la précocité sexuelle des génisses et la reproduction des femelles, sont désormais disponibles. À commencer par un index de précocité sexuelle pour les taureaux.
Les éleveurs souhaitant grouper les mises bas sur une courte durée sont très exigeants sur la fertilité des animaux et la période de reproduction qui devient une source importante de vigilance. Pourtant, les index qui apportent un plus pour les aider dans leur choix, sont peu nombreux. Les biotechnologies – nouvelles techniques de monitoring et génotypage – donnent la capacité de capter des phénotypes assez facilement.
D’où le lancement, en 2018, du programme Ferti 38, piloté par Charolais univers. Son objectif : élaborer des index de sélection autour de la reproduction permettant aux éleveurs de sélectionner leurs femelles de renouvellement. Quatre ans plus tard, l’index précocité sexuelle représente le premier résultat livrable avec pour finalité une aide dans la sélection de femelles adaptées au vêlage précoce. Il est disponible dans le guide de la réussite Charolais univers 2022-2023. Ce caractère bénéficie d’une héritabilité de 36 %.
Constituer une base de références
« Pour mettre en place ce projet, nous avons sollicité quinze éleveurs du noyau de sélection Charolais univers. Ils se sont engagés à collecter des données pour une durée de cinq ans. Les cheptels de ces exploitations fortement utilisatrices d’IA (80 %), ont été équipés de colliers (Heatime) afin de relever des éléments d’activité sur des femelles génotypées à partir de huit mois et ainsi de constituer une base de références », rapporte Sébastien Clairand, directeur de Charolais univers.
Au total, plus de 21 millions de données d’activité ont été répertoriées depuis 2018, 1 700 événements chaleurs ont été collectés sur des génisses de moins de 15 mois parmi les 15 000 événements collectés sur l’ensemble des femelles. Ces données sont enrichies d’observations des éleveurs qui confirment ou précisent les informations enregistrées de façon automatique.
Sur les 781 génisses qui constituent la population de référence, l’âge moyen à la première chaleur est de 14,8 mois. « Une sélection sur ce critère est un atout pour les éleveurs qui souhaitent augmenter la part de femelles pouvant être mises à la reproduction à 15 mois afin de diminuer l’âge moyen au premier vêlage », observe le directeur de l’Union de coopératives d’insémination animale.
Produire un index de synthèse reproduction
L’objectif à terme pour Charolais univers est d’aller vers la création d’une synthèse reproduction. « Nous travaillons sur un index expression des chaleurs et taux de non-retour à 90 jours. On continue nos investigations sur la fertilité des femelles », poursuit ce dernier. Les données sont traduites en base 100, 10 points correspondant à un cycle.
Un levier économique et écologique
La précocité sexuelle représente un levier économique et écologique important. L’augmentation de la part des génisses de renouvellement vêlant à 2 ans au lieu de 3 permet de réduire la part d’animaux improductifs. Cela peut permettre une augmentation du nombre de vêlages de 5 à 10 %, sans modification de la structure d’exploitation. « Des travaux montrent une amélioration de l’excédent brut d’exploitation de 2,7 à 4,3 %. La diminution de l’âge au vêlage représente également une des stratégies les plus efficaces pour réduire l’empreinte environnementale de l’élevage bovins viande », souligne Sébastien Clairand.
Avis d’éleveur : Nicolas Girard, éleveur de Charolaises en Moselle
« Un élément d’amélioration de la rentabilité »
« J’ai intégré le programme Ferti 38 dès le départ. La précocité sexuelle constitue un levier pour diminuer l’âge au vêlage. C’est ainsi un élément parmi d’autres pour optimiser la rentabilité de l’exploitation. Avec les colliers posés sur les femelles en reproduction, j’ai gagné du temps et de l’argent. En effet, grâce aux courbes de chaleurs, j’ai observé l’heure de début des chaleurs et ainsi calé, au bon moment, les inséminations. De cette manière, j’ai amélioré le taux de réussite et le coefficient de mise en place des paillettes et ainsi réalisé des économies de doses d’insémination. Ma période de reproduction s’en est trouvée plus concentrée avec moins de retours. À l’avenir, je compte améliorer ma sélection sur la précocité sexuelle pour aller faire vêler une partie des génisses à 24 mois."
Nicolas Girard, éleveur de 65 mères charolaises en polyculture-élevage en Moselle, un atelier de volailles label rouge et une troupe de 50 moutons, et président de Charolais Univers.