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Les poulettes bio du Gouessant sortiront toutes bientôt

La coopérative Le Gouessant n’a pas attendu la publication des dernières règles techniques du règlement sur l’élevage des poulettes pour avancer sur la mise en place d’ateliers avec parcours.

Avec son 1,8 million de poulettes bio élevées par an, dont un million pour ses éleveurs partenaires, la coopérative du Gouessant (22) est le premier producteur national. Cécile Mahé, responsable ponte, estime que « la réglementation à venir va entraîner un changement en profondeur du métier d’éleveur de poulettes. Désormais, celui-ci doit faire le choix de produire exclusivement en mode biologique ». L’accès à l’extérieur obligera aussi à plus de technicité. « Permettre à des poulettes d’accéder à un parcours, ce n’est pas seulement ouvrir des trappes dans les bâtiments. Cela a des impacts sur la conduite de l’élevage et sur la planification des lots, donc sur les coûts. » La coopérative costarmoricaine a préféré anticiper cette mutation, plutôt que de la subir, et viser d’emblée le nouveau cahier des charges européen sans passer par des règles transitoires. C’est-à-dire un parcours d’un mètre carré par oiseau plutôt que le mètre devant les trappes.

Des impacts pour l’éleveur de poulette

Le règlement imposera aussi d’avoir 4 m d’ouverture pour 100 m2 de surface utilisée. Ces trappes ouvertes durant six semaines riment avec ventilation statique. « Idéalement, les bâtiments devraient être ventilés ainsi, explique Cécile Mahé, pour faciliter la gestion de l’ambiance mais aussi pour être dans l’esprit de la bio. Plusieurs éleveurs envisagent le passage en statique, ce qui n’est pas aisé à faire et qui coûte. »

Lire aussi : Vincent Troel plébiscite le plein air pour ses poulettes bio

Des trappes ouvertes ont surtout un impact sur le programme lumineux qui prépare la maturité sexuelle. Un retard de ponte serait économiquement pénalisant, puisque les cahiers des charges n’acceptent plus d’œufs au-delà de 68 à 72 semaines. De plus, il augmenterait le poids moyen des œufs bio vendus à la pièce. « Nos essais montrent qu’il faut recalculer le programme à chaque lot, en fonction de la durée du jour et de l’âge des poulettes. » Passer en bio impactera aussi l’ensemble de l’exploitation, avec la conversion des terres pour respecter le lien au sol, le plan d’épandage spécifique pour les effluents bio, la non-mixité avec un élevage de volailles conventionnelles. Or, cette adaptation n’est pas possible partout.

Des plannings d’élevage plus rigides

L’autre impact majeur concerne l’organisation de la production. Jusqu’à présent, n’importe quel élevage conventionnel pouvait élever simultanément des poulettes standard et bio, tant qu’elles étaient dans deux bâtiments séparés. Spécialiser une partie du parc rend le planning de production moins flexible. Avec des cheptels de ponte souvent multiples de 3 000 (la taille d’un compartiment), il faudrait qu’il en soit de même en poulettes. Or, la surface de ces bâtiments varie. « Pour livrer deux lots de 6 000 poules, le bâtiment idéal fait 850 à 900 m2, et 1 200 m2 pour 3 lots. » L’ajustement offre-demande risque de devenir plus complexe. La marge de sécurité sera élargie pour livrer le nombre exact et la gestion en « multilots » va s’accentuer. « Quand nous aurons trouvé le planning adéquat, nous allons essayer de nous y tenir, avec des élevages de poulettes dédiés à des élevages de ponte. Nous aurons aussi un flux de production plus régulier sur l’année. » Cette transformation devrait concerner un tiers du parc poulette de la coopérative. « Nos éleveurs ont été nombreux à se montrer intéressés par le basculement en bio. Nous avons déjà environ 30 000 m2 engagés sur les 45 000 m2 dont nous avons besoin. »

Au moins un euro de plus par poulette

Pour les éleveurs, le changement radical de mode d’élevage prend du temps et nécessite des investissements conséquents : parcours aménagé et clôturé, trappes automatisées, perchoirs supplémentaires ou plateformes, ventilation modifiée (en option), dossiers administratifs… « Jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros, estime la responsable du Gouessant. Nous allons augmenter très significativement la prestation d’élevage, de 50 à 90 % selon le type de parcours réalisé. » À moyen terme, il est probable qu’une poulette bio coûtera entre 7,5 et 8 € (1 à 1,50 € supplémentaire). « Si on y ajoute 1 € supplémentaire pour l’ovosexage, les sous-performances en ponte, la moindre optimisation des plannings, plus le passage au 100 % de matières premières bio, le surcoût à répercuter sur la boîte de six œufs pourrait être de l’ordre 10 à 15 centimes », estime Cécile Mahé.

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